A vélo : Paris - La Flèche - Paris

Le projet - Août 2021

Par la faute d’un certain virus, il n’y eut point d’itinérance à vélo en 2020. Et l’alléchant tour des Vosges, que j’avais prévu, se révèle trop complexe à organiser cette année encore en raison des hébergements qu’il faudrait réserver à l’avance, chose peu envisageable en cette période qui reste incertaine. Ce beau projet est donc remis à plus tard...

Je vais entreprendre un périple plus simple à réaliser : aller rendre visite à ma famille sarthoise. J’ai trouvé un organisme louant des vélos à Saint-Rémy-lès-Chevreuses. Cette ville est très facilement et rapidement accessible depuis l’aéroport d’Orly par Orlyval et le RER B. Ce sera donc mon point de départ (et d’arrivée si tout va bien !).

Pour le trajet aller, j’ai prévu un itinéraire assez direct, que j’espère réaliser en 6 jours, en passant par des villes telles que Rambouillet, Chartres, Châteaudun, Vendôme où des hôtels doivent pouvoir être réservés au dernier moment. Et je pourrai emprunter successivement deux véloroutes répertoriées, la Véloscénie et la Vallée du Loir.

Le tracé du parcours prévu à l'aller

Je resterai ensuite 6 nuits à La Flèche chez Delphine, Jean-Pierre et Max pour ma petite visite annuelle. J’ai hâte de les retrouver dans leur forêt de pins et de châtaigniers. Et nous pourrons fêter ensemble les 7 ans de Max le 29 août.

Au retour, j’envisage de musarder un peu plus en rejoignant d’abord la Loire pour la suivre jusqu’à Orléans avant de remonter sur Paris par le Canal d’Orléans puis les vallées du Loing et de la Seine : 9 jours de pédalage selon mon estimation que j’espère exacte pour ne pas rater mon avion !

Le tracé du parcours prévu au retour

Comme d’habitude, j’ai pris pas mal de temps à télécharger sur ma tablette les tracés des vélo- routes que je prévois d’emprunter, et à dresser une liste d’hébergements possibles le long de mon parcours. J’espère que, pour mon trajet retour du moins qui s’effectuera début septembre, je pourrai trouver place dans quelques chambres et tables d’hôtes.

En bref, la logistique est assurée. Reste à voir si les conditions météorologiques et la forme du bonhomme permettront à ce projet de se concrétiser...


Étape 1 - Vendredi 20 août - 53 km
De Saint-Rémy-lès-Chevreuses à Épernon via Rambouillet

Que dire d’une nuit dans un avion ? Vraiment rien d’agréable : 11 heures de port du masque, exception faite du temps réduit d’un dîner et d’un petit-déjeuner servis en mini-cartons et difficiles à ingurgiter. Quand même 2 films à la suite pour un peu de divertissement et la dernière heure au hublot pour admirer les Alpes, puis la campagne française.

Mon siège étant à l’avant de l’appareil et n’ayant pas de bagage en soute, je sors de l’aéroport en un temps record. La marche pour rejoindre la station d’OrlyVal permet de dérouiller un peu les jambes. Petit contre-temps ensuite car le RER B est en travaux et c’est un « bus de substitution » que je devrai emprunter jusqu’à Saint-Rémy-lès-Chevreuses.

Je prends possession de mon vélo à L’Aiguillage (c’est le nom de la société loueuse). Il sont très arrangeants pour me prêter gratuitement, en plus du vélo et des sacoches réservés, tous les compléments utiles : casque, kit de réparation, chambres à air, anti-vol. Il ne manque que la clé plate de 15, indispensable pour démonter la roue avant, que je devais amener mais que je me suis fait subtiliser au contrôle à l’aéroport !

Un petit tour dans la ville me permet d’acheter un sandwich et une bouteille d’eau, et de tester le vélo. Et me voilà parti, à 11 heures précises comme prévu, direction Rambouillet en empruntant la Véloscénie, cette vélo-route qui, dans son intégralité, relie Paris au Mont Saint-Michel et que je vais suivre jusqu’à la vallée du Loir.

Le temps est idéal, un peu couvert, voire gris par moment, avec juste un petit vent rafraîchissant sans impact sur le pédalage. Très vite, on est dans la campagne, avec alternance de champs et de petits bois. La plupart du temps, l’itinéraire emprunte de petites routes à très faible circulation automobile. Quelques parties sont aménagées en pistes cyclables plus ou moins éloignées de la route.


À l’usage, le vélo se révèle lourd. Cela se ressent dès qu’une pente un peu raide se présente. À deux reprises, j’ai dû me résoudre à mettre pieds à terre en fin de côte. De plus, le pédalier grince désagréablement et la chaîne a tendance à frotter sur sa protection. Bref, ce n’est pas idéal, mais je ferai avec...

J’atteins Cernay-la-Ville à 13 heures et me décide à manger mon sandwich sur un banc avant de me payer une crêpe au sucre et un café au bistrot du village. Je vais ensuite traverser une partie de la forêt de Rambouillet qui comporte notamment de très beaux chênes.


Des panneaux annoncent des risques de traversées de routes par de « grands animaux », mais je n’ai aperçu que quelques canards dans un étang !


J’arrive à Rambouillet plus tôt que prévu et décide de profiter des bonnes conditions météo pour avancer un peu plus, jusqu’à Épernon où j’ai pu réserver un hôtel. Le parcours est toujours agréable dans la campagne vallonnée, surtout sur la fin en suivant la vallée de la Drouette.

J’aurai traversé aujourd’hui une région dont l’opulence est manifeste avec des résidences de luxe et de belles demeures. Même les parties plus récemment urbanisées recèlent de jolies villas avec leurs cours arborées de saules pleureurs, de bosquets de bouleaux, de cèdres pour les plus grandes, sans oublier les inévitables haies de thuyas !

Mon hôtel est situé à la périphérie de la ville dans une zone industrielle où se trouve en particulier un magasin Monsieur Bricolage dans lequel j’ai pu acheter une clé plate de 15. Me voilà paré en cas de crevaison.

Il est maintenant temps pour moi de sortir dîner, le restaurant de l’hôtel étant actuellement fermé.

La trace du jour


Étape 2 - Samedi 21 août - 64 km
D’Épernon à Genarville via Chartres

Bon dîner hier soir, en formule buffet à volonté, dans le restaurant asiatique à côté de mon hôtel. Je reste cependant raisonnable, étant plus tenaillé par la fatigue que par la faim. Assez bonne nuit ensuite, malgré un épisode de crampes nocturnes dans une cuisse. Je n’avais sans doute pas bu assez (d’eau) pendant mon pédalage.

Ce matin, petit-déjeuner dès 7 heures et départ à 7h45. Je traverse la zone industrielle et commerciale de la périphérie d’Épernon, déserte à cette heure, puis m’égare un peu dans les champs pour rejoindre la Véloscénie dans la vallée de l’Eure. Sur ce tronçon, cette Véloscénie relève de l’imposture : une signalétique minimaliste et quelques panneaux invitant voitures et vélos à partager la route dispensent de tout aménagement pour les cyclistes ! Le parcours est cependant plaisant avec quelques incursions possibles vers la rivière. Je fais une première pause à Jouy : un croissant et un café au bistrot du village.

L'Eure près de Jouy

Les villas sont plus modestes que celles vues hier et on trouve quelques petits immeubles sociaux. Cette région est visiblement plus populaire et moins protégée. On peut voir des banderoles protestant contre l’extension des zones industrielles et des panneaux « Stop aux camions ».

Peu avant Chartres, l’itinéraire quitte la route pour emprunter une voie verte au plus près de l’Eure. Cette partie verdoyante est très agréable et bien fréquentée, en ce samedi matin, par des promeneurs, des joggeurs et des cyclistes. On arrive ainsi dans la ville en douceur. À 11 heures, je suis avec les touristes sur le parvis de la cathédrale que je consens à photographier sans y entrer. Il ne faut quand même pas trop m’en demander !

La cathédrale de Chartres

Je déambule dans le quartier piéton en attendant midi pour m’installer à la terrasse d’un petit restaurant et commander une souris d’agneau accompagnée d’un gratin dauphinois et d’un verre de vin. Il faut dire que je sais déjà que ce soir je devrai me contenter d’un pique-nique dans la ferme où j’ai réservé qui ne fait pas table d’hôtes le samedi soir.


Je quitte Chartres par une piste cyclable peu plaisante longeant une route à forte circulation et rejoins à nouveau la Véloscénie qui emprunte une voie verte dont le revêtement en cours de réhabilitation est particulièrement désagréable. Heureusement, après Fontenay-sur-Eure, on trouve plusieurs jolis étangs dans un cadre assez sauvage. Quelques pêcheurs sont installés sur les parties accessibles des berges, mais seul le no kill est autorisé.


J’abandonne ensuite définitivement la Véloscénie pour me diriger plein sud vers mon hébergement de ce soir. Ayant quitté la vallée de l’Eure, je me trouve maintenant sur un vaste plateau occupé par de grands champs de blé. La moisson est terminée et les labours ont commencé. Du coup, ces vastes étendues dénudées sont plutôt monotones. De plus, le vent s’est levé comme en témoignent les éoliennes dont les pales tournent à bonne allure. La mienne s’en trouve ralentie, même si heureusement le vent vient de l’ouest et m’aborde donc par le côté.

Je traverse plusieurs petits villages quand bien même l’un d’eux se nomme Ermenonville-la- Grande ! Aucun bistrot, aucun point pour faire une pause. Et les petites routes empruntées étant quand même un peu vallonnées, je commence à tirer la langue. Mais pas d’autre solution que de continuer jusqu’à ma ferme située dans un petit hameau perdu au milieu des champs.

J’ai pris ma douche et fait ma lessive. Il me reste à déguster une terrine de canard et une compote de pomme et à regarder la télé !

La trace du jour


Étape 3 - Dimanche 22 août - 48 km
De Genarville à Montigny-le-Gannelon via Bonneval et Châteaudun

Hier soir, la terrine de canard était à moitié liquéfiée dans sa boîte. Je la consomme à la petite cuillère accompagnée de quelques Tuc et d’un verre d’eau, puis je tête deux pom’potes à la manière d’Elise (ma petite-fille qui aura bientôt 17 mois). Après ce délicieux dîner, bon dodo sans crampes jusqu’au réveil au réveil à 7 heures !

Ce matin, le petit-déjeuner m’est servi par la future belle-fille (vraiment belle) du propriétaire. Celui-ci est trop occupé par les épandages nocturnes de produits non identifiés à effectuer dans les champs. J’apprends que cette année la moisson s’est effectuée avec près d’un mois de retard, mais que la récolte a été excellente en quantité et en qualité aussi bien pour le blé que pour l’orge ou le colza. Heureux sont ces gros exploitants céréaliers !

En quelques kilomètres, je rejoins la vallée du Loir, toujours à travers champs. C’est un peu moins monotone qu’hier après-midi avec des parcelles de maïs encore sur pieds et quelques petits îlots de bois préservés. Le profil général est descendant et je fends l’air frais du matin en regrettant un peu de n’avoir pas enfilé ma polaire.


J’atteins en moins d’une heure Bonneval, surnommée la Petite Venise de Beauce. Je découvre qu’il y a ainsi des petites venises (nom commun donc) un peu partout en France. En réalité, c’est loin de Venise, mais assez charmant quand même. Le mimétisme va jusqu’à la location de bateaux à fond plat pour balader les touristes sur le Loir entre les maisons dont certaines sont accessibles depuis la rivière. Pour ma part, je me contente d’une pause croissant-café pour compléter mon pain-confiture-thé du petit-déjeuner.

La Petite Venise de Beauce

J’ai maintenant rejoint une nouvelle vélo-route baptisée « Vallée du Loir à vélo ». En réalité, elle ne longe le Loir que sur de rares tronçons car il n’est pas possible de suivre les nombreux méandres de la rivière. Et, pour court-circuiter un méandre, il faut s’extraire de la vallée au prix d’une côte jamais très longue mais parfois assez raide, traverser un plateau où l’on retrouve les champs de céréales avant de redescendre plus loin vers le Loir.

Le Loir à Vouvray

La répétition de ce petit jeu fatigue un peu et je me félicite d’avoir prévu aujourd’hui une étape plus courte. Heureusement, je commence à m’habituer à mon vélo. Finalement, on s’entend assez bien : comme moi, il grince dans les montées mais ne proteste pas dans les descentes en roue libre ! En revanche, je ne sais trop s’il apprécie que je chante comme un papy « Mon petit oiseau a pris sa volée » !

À Chateaudun se tient sur la grande place du centre ville une compétition régionale de saut à la perche. C’est assez plaisant à regarder, même si les hauteurs franchies restent loin des records olympiques et si on voit plus d’échecs que de réussites. Sachant que je ne bénéficierai encore pas de table d’hôtes ce soir, je me paye à nouveau un déjeuner au restaurant : un « menu bistrot » sublimant le veau en entrée comme en plat principal, accompagné d’une demi-bouteille de Bourgueil et terminé par un café (très) gourmand.


A la fin du repas, le concours n’est toujours pas terminé et la barre est à 4,20 mètres. Un peu soûler (par l’animateur de la compétition bien sûr), je descends au bord du Loir et au pied du château pour me poser béatement sur un banc. J’y fais une semi-sieste, parviens à réserver pour demain soir une nouvelle chambre d’hôtes, écris le début de cet article. Une heure passe ainsi et je me sens prêt à repartir sans risque de zigzaguer sur la route !

La fin de mon parcours n’est pas très difficile malgré un peu de vent qui, comme hier, s’est levé en début d’après-midi. Sur la fin, la petite route que j’emprunte est séparée du Loir par des petites parcelles non construites (car sans doute inondables). Elles sont bien entretenues, gazonnées, fleuries ou arborées, et vouées à quelques pique-niques ou parties de pêche. De l’autre côté, se succèdent des maisons au pied du rempart dont les plus anciennes sont troglodytiques.

A Montigny-le-Gannelon

Il me faudra faire une dernière ascension pour atteindre le sommet de ce rempart où se trouve ma chambre de ce soir. Arrivé assez tôt, j’ai fait une lessive plus importante en espérant que tout sera sec demain matin. Et, bénéficiant du Wifi à défaut du dîner, j’ai pu faire un Skype pour chanter avec Élise. Mieux qu’avec mon vélo !


La trace du jour


Étape 4 - Lundi 23 août - 75 km
De Montigny-le-Gannelon à Trôo via Vendôme

Moment de plaisir hier soir : un bisou d’Élise sur l’écran du smartphone via Skype ! Ensuite dîner basique : une barquette de lapin chasseur réchauffée au micro-onde et une Pom’Potes. Au petit- déjeuner ce matin : encore une Pom’Potes (ces choses sont vendues par paquet de 4). Et de l’eau du robinet. Qui a dit que je n’étais pas raisonnable ?

Comme les jours précédents, le temps est au gris, les éclaircies sont rares, le ciel parfois menaçant, mais je n’ai toujours pas ressenti la moindre goutte de pluie. Le vent souffle un peu l’après-midi, mais raisonnablement. Les matinées étant fraîches, je n’oublie pas aujourd’hui de mettre ma polaire au départ et la garderai jusqu’à 11 heures.

Je continue à suivre la vallée du Loir, en restant plus proche de la rivière, malgré encore deux ou trois échappatoires vers les plateaux. Un parcours beaucoup plus roulant qu’hier et c’est heureux vu la longueur de mon étape. La vallée a tendance à s’élargir et le Loir prend ses aises. Certains le trouveraient plus majestueux, mais je le préférais en amont un peu plus impétueux. J’apprends qu’il peut être sujet à des crues très importantes. Selon un repère installé près de Fréteval, le record de crue relevé en 1961 laisserait sous les eaux bien des habitations construites depuis cette date.

Comme précédemment, l’itinéraire est essentiellement en route partagés avec les voitures et parfois avec les camions. Il faut donc être vigilant et même doublement car la signalétique n’est pas parfaite avec des absences d’indications à quelques intersections. Heureusement, j’ai la trace du parcours enregistré sur ma tablette et le GPS me localise.

Malgré cela, on prend plaisir à pédaler dans un environnement assez changeant. Il y a bien sûr le Loir que l’on traverse à maintes reprises, mais aussi des parties boisées, de petits villages, des champs encore mais moins grands avec quelques égayants « karo » de tournesol. Les maïs sont plantés serrés et, comme si la rentabilité n’était encore pas suffisante, certains exploitants y ont aménagé des labyrinthes : il faut payer pour se perdre !


Je m’écarte parfois de l’itinéraire officiel pour aller voir un moulin, un château ou un étang quand ils ne sont pas propriété privée. Le plan d’eau de Fréteval, réservé à la pêche, a son charme au petit matin. Plus loin, celui de Villiers-sur-Loir comporte une aire de loisir : on peut y pratiquer des sports nautiques et une plage avec zone sécurisée est aménagée pour la baignade. Mais le temps ne donne aucune envie de se baigner !

Le plan d'eau de Villiers-sur-Loir

Je fais bien sûr au passage une petite visite de Vendôme, jolie ville encore bien fleurie en cette fin août. Le centre ville recèle de belles maisons, mais est désert en ce lundi matin où presque tous les commerces sont fermés. Je trouve quand même une boulangerie ouverte où je m’achète juste une quiche poireaux-saumon et une bouteille d’eau pour mon futur pique-nique du midi. Qui a dit que... ?

A Vendôme, ville fleurie

Parfois pédaler devient une drogue et on ne parvient plus à s’arrêter ! Il faut dire que, étant devenu papy, la nouveauté de cette année est que je chante dans ma tête ou à voix haute des chansons enfantines. Et, quand l’une vous tient, elle ne vous lâche plus. Aujourd’hui, c’était « Ainsi font, font, font les petites marionnettes... » ! Sinonsa, dans les moments où le pédalage se fait plus dur, je compte en boucle jusqu’à 7, seul chiffre qu’Élise sait prononcé et aussi chiffre fétiche de Max. Il est important que ce soit un nombre impair pour attaquer la litanie alternativement du pied droit et du pied gauche !

C’est ainsi que, ne sentant plus passer le temps, je ne m’arrêterai qu’à presque 14 heures pour déguster ma quiche sur l’unique banc de la place de Montoire-sur-le-Loir. Au redémarrage, un grand soulagement pour moi : la disparition des coquilles, ces signes ostentatoires qui, depuis Chartres, polluaient les panneaux indicateurs des vélo-routes. C’est que les pseudos pèlerins sont dirigés vers Tours et quittent la vallée du Loir. Il leur reste 1654 km à parcourir jusqu’à Compostelle !

Je suis ce soir à Trôo (à prononcer simplement tro), joli village troglodytique dont j’ai visité à pied dans le rempart les quelques habitats restaurés dont plusieurs sont des ateliers d’artistes (pour la plupart fermés).

Habitats troglodytes à Trôo

Je suis bien installé dans une chambre d’hôtes de charme et un dîner en table d’hôtes m’attend. C’est bientôt l’heure de l’apéro !

La trace du jour


Étape 5 - Mardi 24 août - 59 km
De Trôo à La Chapelle aux Choux

Encore plus que le délicieux dîner, j’ai apprécié l’accueil hier soir et ce matin de Sylvie et Étienne. Ce fut vraiment très sympathique, à la fois simple et généreux, avec aussi la présence de Michel, médecin généraliste en retraite et en stage de formation à la reliure chez une artisane de Trôo. Des échanges intéressants sur un mode amical.

Si le temps gris, frais et un peu venteux qui persiste me convient bien en tant que cycliste, il ne fait pas du tout la joie des habitants que je rencontre. Ils sont découragés de voir arriver la fin d’un été qui n’a pas commencé, sans avoir eu l’occasion d’utiliser leur salon de jardin ou leur piscine ! De plus la crise sanitaire affecte aussi leur moral avec les queues à supporter dehors à l’entrée des commerces, le pass sanitaire à présenter aux bars et restaurants et les disputes avec leurs proches entre les vaccinés et les récalcitrants.

Départ tardif ce matin, à 9 heures, après un petit déjeuner d’exception : pain perdu, crêpes, confitures faites maison (sureau, coing, prune, figue !). Cela ne m’empêchera pas de céder, après quelques minutes de pédalage, à l’attrait de noisetiers en bordure de route. Et, contrairement à mes précédents essais, les noisettes sont mûres : le cul roux comme il se doit à la mi-août ! J’en déguste une douzaine, en les cassant avec les dents comme il se doit aussi !

Le Loir reste mon fil directeur même si, comme les jours précédents, je ne fais que le traverser (sur de jolis ponts en général) et ne le suivre que sur de courts tronçons. Les bords de la rivière sont soit sauvages et impraticables, soit privatisés sans droit de passage. C’est que le Loir n’a jamais connu de navigation marchande : pas de chemin de halage hier donc, et pas de voie verte en bordure aujourd’hui. On accède cependant à quelques jolis coins comme l’Île Verte, près de Couture-sur-Loir, où chênes, saules et peupliers abritent une grande aire de pique-nique.

Le Loir près de l'Ile Verte

En traversant le village, je fais une pause devant l’Auberge du Poète. J’apprends par une dame qui me regarde en train de photographier que Ronsard est devenu une variété de rose. Au redémarrage, je ne chante plus, mais je m’essaie à la récitation poétique : « Mignonne, allons voir si la rose... ». Hélas, ma mémoire défaillante m’arrête au quatrième vers !

La Ronsard

Peu avant Ruillé-sur-Loir, je m’arrête pour discuter avec trois pécheurs bien installés dans une très grande tente au bord du plan d’eau de la Coudraie. Ils sont là pour une semaine et ne pêchent volontairement que des carpes, poissons peu comestibles, qu’ils rejettent donc à l’eau ! Comme je me montre étonné, ils me laisse clairement entendre qu’ils sont surtout là pour être tranquilles entre eux, sans femmes ni enfants !


Certains plans d’eau sont des étangs naturels, mais d’autres résultent de carrières creusées pour extraire sable et graviers, matériaux de plus en plus recherchés pour la construction. Du coup, cela commence à faire beaucoup de plan d’eau et on ne peut pas tous les transformer en zones de pêche ou de loisir. On se contente de les sécuriser en les entourant de grillage et en apposant des panneaux « Risque de noyade ».

Après Ruillé, je monte vers les coteaux du vignoble de Jasnières. Ce cépage n’est planté qu’ici. Il est presque confidentiel et donne des vins blancs réputés. J’avais goûter hier soir à l’apéro un doux, un peu trop moelleux pour moi. Je me paye à La Chartres-sur-Loir un verre de sec tendre avec un toast de rillettes. Parfait !

Le vignoble Jasnières

Sur les derniers kilomètres de mon parcours, la région se fait plus verdoyante. Les champs sont remplacés par des prés où l’on trouve vaches, moutons, chevaux, et par des plantations de pommiers et de noyers. On n’est plus du tout dans la Beauce que j’ai quitté depuis hier, mais dans le Perche. J’aime bien ces noms de régions naturelles (par opposition aux régions administratives actuelles), mais je ne maîtrise pas bien leurs frontières.

Plantation de noyers

Je suis accueilli ce soir par une dame d’un âge certain dont je suis le seul hôte. Elle va m’emmener en voiture manger avec elle au restaurant, chacun payant sa part !

La trace du jour


Étape 6 - Mercredi 25 août - 37 km
De La Chapelle aux Choux à La Flèche via Le Lude

Agréable soirée hier au restaurant avec Liliane, aussi bavarde que curieuse. On dîne assez rapidement : deux salades périgourdines, une tarte Tatin pour elle, un fondant au chocolat et un verre de Coteau du Layon pour moi. Liliane se remet doucement d’un petit AVC et doit se ménager. À la fin du repas, elle est un peu vaseuse et, sans moi, n’aurait sans doute pas retrouvé sa voiture que je préfère conduire au retour !

Ce matin, après 3 km de pédalage, je m’arrête pour photographier 3 beaux chevaux. Ils sont très coopératifs et s’approchent de moi pour prendre la pose, ou plus vraisemblablement pour obtenir une quelconque pitance que je ne peux leur fournir. Cette pause me permet de réaliser que j’ai oublié au départ de lancer l’enregistrement de ma trace. Il me manquera donc un petit tronçon.


J’arrive rapidement au Lude (ou à Le Lude ?), ville déjà visitée à deux reprises lors de précédents périples à pied ou à vélo. Je file donc sans m’arrêter en empruntant la voie verte réalisée sur l’emprise d’une ancienne voie ferrée.

La voie verte sur l'ancienne voie ferrée

Arrivé à l’ancienne gare de Luché-Pringé, je décide d’aller jeter un œil sur cette « petite cité de caractère ». Petite en e
ffet, mais je n’en verrai pas le caractère !

Je prends ensuite l’option de poursuivre par un itinéraire alternatif en rive droite du Loir, ce qui rallongera notablement mon parcours à travers champs, pâturages et bois, en empruntant des chemins non revêtus plus adaptés à la pratique du jogging que du vélo. Les derniers kilomètres au bord de la rivière sont néanmoins plaisants jusqu’au moulin de la Bruère où une passerelle métallique me permet de passer sur l’autre rive.

Passerelle sur le Loir

Il ne me reste plus qu’à suivre la voie verte passant devant le zoo de La Flèche sans oublier de la quitter au bon endroit pour rejoindre la propriété de Jean-Pierre, Delphine et Max que j’atteins avant midi avec une demi-journée d’avance sur mes prévisions. Je vais passer avec eux 5 jours avant d’entreprendre le voyage retour...

La trace du jour


Étape 7 - Mardi 31 août - 63 km
De La Flèche à Ambillou

Ces 5 jours en famille n’ont pas été de tout repos ! Nous avons bien mangé, bu, ri, discuté, écouté des chansons, fêté les 7 ans de Max. Nous avons emmené Max au zoo, au moulin de la Buère, à la base de loisirs du lac de de la Monnerie. J’ai aussi continué à faire du vélo (au rythme de Max) dans la forêt, dans la campagne. J’ai même péter un câble (de dérailleur), heureusement changé dans un magasin de vélos de La Flèche.

Et me voilà reparti vers Paris, mais par un tout autre itinéraire que celui de l’aller. Premier objectif, en grande partie réalisé aujourd’hui : rejoindre la Loire vers Tours. J’ai conçu pour cela un itinéraire empruntant de petites départementales, en évitant les jaunes et les rouges sur la carte. Les routes blanches sont recherchées par le cycliste comme les chemins noirs de Sylvain Tesson par le randonneur à pied.

Le parcours est juste agréablement vallonné : des efforts dans les montées, mais ça réchauffe ; du repos dans les descentes, mais ça refroidit. Il faut dire que le temps reste immuable : gris, frais, venteux. Cette région, entre Loir et Loire, semble peu touristique. Elle est pourtant plaisante à traverser, les forêts alternant avec les campagnes. Et, lorsqu’une longue ligne droite un peu monotone à travers champs déjà labourés se présente, je pense à mes familles, la Sarthoise que je viens de quitter pour une durée indéterminée et la Réunionnaise que je retrouverai bientôt. Et je chante : « Mon petit oiseau a pris sa volée (bis)... ». Et, hop, à la volette, les kilomètres défilent !

Dans les forêts, aux parcelles de pins plantés en ligne pour l’exploitation, je préfère celles de feuillus où l’on trouve mêlés en désordre châtaigniers, chênes, bouleaux, charmes (à dents) et hêtres (à poils). Elles ont en commun d’être pour la plupart privées, ce qui est bien signalé par des panneaux interdisant l’accès ou, du moins, le cueillette des champignons. Certaines sont même grillagées et constituent des réserves de chasse au gros gibier, chevreuils et sangliers.

Les campagnes sont diversifiées, aussi bien pour les cultures que pour les élevages. Il ne reste guère que les maïs et les tournesols à être encore sur pieds. Ces derniers sont maintenant en graines, mais j’ai rencontré une parcelle encore en fleurs : un plaisir pour les yeux, même sous un ciel nuageux.

Un dernier champ de tournesols (à la recherche du soleil !)

Dans les prés, vaches et chevaux continuent à se succéder. Et on trouve aussi de l’aviculture bénéficiant du label « Fermier de Loué ». J’ai cependant vu beaucoup plus de bâtiments faisant penser à de l’élevage en batterie que de poules en plein air !

Les petits villages n’ont pas grand cachet et ne possèdent le plus souvent aucun commerce ou un unique bar-tabac-loto-alimentation. À Noyant, je peux quand même me payer un café (sans croissant) après deux heures de route non-stop. Plus loin, j’avais repéré sur Internet à Courcelles- de-Touraine un restaurant censément ouvert le mardi midi, mais il était fermé sans explication à mon arrivée. Un détour par Savigné-sur-Lathan s’imposera donc pour mon déjeuner dans un petit restaurant de village comme je les aime avec une cuisine faite maison simplement bonne : rien à reprocher au veau marengo !

Ayant fait selon mon habitude la plus grande partie de mon étape ce matin, je peux me permettre, après un petit tour du plan d’eau, de faire une pause-pression sans pression au bar d’Ambillou car mon hébergement de ce soir, le Domaine du Moulin Neuf, ne pouvait m’accueillir avant 17 heures. 

Le plan d'eau d'Ambillou

Cette structure, située en pleine campagne à plusieurs kilomètres du village, fait à la fois haras et chambres d’hôtes. M’y voilà bien installé, dans une chambre nommée La Coquette. Mon vélo est à l’abri dans l’écurie et la table d’hôtes sera bientôt dressée.

La trace du jour


Étape 8 - Mercredi 1er septembre - 54 km
D’Ambillou à Amboise via Tours

Très sympathique soirée hier en compagnie des propriétaires, Gwendoline et Christophe, et de leur petite Victoria qui attend avec autant d’impatience sa rentrée en grande section de maternelle et la naissance imminente de son petit frère. Un bon repas aussi avec du poulet basquaise accompagné de riz (enfin !) et de deux verres de Saumur. Dodo moyen ensuite en raison de mes douleurs sacro-iliaques qui me titillent toujours la nuit.

Grande nouveauté aujourd’hui : les éclaircies l’emporteront sur les passages nuageux. Mais fraîcheur et vent sont toujours là et je ne tomberai la polaire que l’après-midi.

Pour rejoindre Tours sans entrer dans le flot des voitures des pauvres travailleurs se rendant vers la ville, il m’a fallu procéder à une sérieuse étude préalable sur IphiGéNie. De la théorie à la pratique, il n’y eut pas trop d’écarts et mon parcours de ce matin fut même assez agréable avec une belle partie en forêt avant Saint-Roch, une portion de piste cyclable sécurisante le long de la route et une voie verte pour atteindre les bords de Loire sans encombre à travers la zone humide du marais de Palluau.

C’est à Saint-Cyr-sur-Loire que j’atteins le fleuve et c’est immédiatement un ravissement avec toujours ses îles et ses bancs de sable. J’emprunte la voie sur berges jusqu’à Tours, puis passe en rive gauche par un pont maintenant réservé au tramway, aux vélos et aux piétons. Je ne m’attarde pas dans la ville, que j’avais déjà visitée il y a 3 ans, et je me lance sur le tracé de « La Loire à vélo » que je vais maintenant suivre jusqu’à Orléans.

La Loire à Tours

Cet itinéraire très fréquenté est bien sécurisé et la signalétique est excellente : plus besoin d’avoir recours à la tablette à chaque intersection pour s’assurer du chemin. Je peux la réserver pour les photos qui vont être nombreuses car je me laisse facilement séduire par les perspectives successives sur la Loire.

De Tours à Montlouis-sur-Loire, on suit une voie verte en bon état au plus près du fleuve et en contre-bas de la route, donc à l’abri du vent.


Je fais un petit écart pour visiter l’ancienne île de la Métairie, classé espace naturel sensible et entretenue pour une partie en bocage et pour le reste en forêt de peupliers noirs. A Montlouis, je me paye une salade tourangelle, dont le contenu se laisse deviner, et ma première mousse au chocolat.

L’itinéraire part ensuite gaillardement à l’assaut des coteaux en direction des vignobles. Cela change un peu des bords de Loire, mais l’effort après déjeuner est conséquent d’autant qu’un petit vent de face oblige à appuyer plus fort sur les pédales.

Le vignoble de Montlouis

Quelques kilomètres avant Amboise, on redescend dans la vallée et on longe le joli plan d’eau de la Varenne-sous-Chandon avant d’atteindre la ville par le bord de Loire.

Arrivée sur Amboise

Au total aujourd’hui, un parcours très varié et un peu plus court qu’hier pour cause d’hébergement non trouvé un plus loin. Je suis installé ce soir dans un petit hôtel, rudimentaire mais proche du centre ville que je vais maintenant aller visiter à pied avant de dîner.

La trace du jour


Étape 9 - Jeudi 2 septembre - 59 km
D’Amboise à Suèvres via Blois

Hier soir, petit tour dans Amboise au pied de son château. Je monte jusqu’à un point de vue panoramique dominant la ville et constate que mes jambes sont maintenant plus habituées à pédaler qu’à grimper un escalier ! Ensuite dîner poisson-fromage accompagné d’une demi- bouteille de Sancerre.

Vue sur Amboise

L’itinéraire de la Loire à vélo fait beaucoup d’infidélités au fleuve. Comme pour les bus de La Réunion, il y a les tronçons par les bas, mais aussi beaucoup de parties par les hauts. Et évidemment, entre les bas et les hauts, le cycliste doit affronter quelques bonnes montées, jamais très longues mais parfois raides.

Les hauts, comme entre Amboise et Mosnes, ou plus loin entre Rilly et Chaumont, ce sont des plateaux un peu vallonnés. On y emprunte de petites routes, à partager avec les voitures, heureusement peu nombreuses. On y trouve des lotissements, extensions des villages des bas, et bien sûr des vignes, plutôt de petits clos insérés entre bois ou champs. Ces derniers sont souvent en friches, parfois joliment fleuries.


Les bas, ce sont les villages et les voies vertes dans la vallée. Celle-ci est large et on n’est donc pas toujours au plus près de La Loire que je continue à admirer de façon sans doute un peu béate et naïve. Je trouve ce fleuve fascinant, se montrant tour à tour tumultueux ou sage, unifié ou ramifié en plusieurs bras, mais dégageant sans cesse une impressionnante puissance. J’ai plusieurs fois abandonné mon vélo pour m’en approcher au plus près, jusque sur la grève ou un ponton.


Après Candé-sur-Beuvron (le Beuvron est une jolie petite rivière livrant ici ses eaux à celles de la Loire), j’abandonne l’itinéraire officiel, d’abord pour rejoindre Blois plus rapidement avant midi, puis pour rallier ma chambre d’hôtes de ce soir située en rive droite. Choix discutable avant Blois car il me faudra emprunter longuement une départementale construite sur une digue et soumise à un vent de face assez fort. De plus, à ma droite se succèdent des champs de maïs assez monotones, et à ma gauche une zone boisée me sépare de La Loire. Petit plaisir : une belle buse se montre au dessus des arbres et m’accompagne un moment.

Arrivée sur Blois

Mais choix heureux pour l’après-midi car je retrouve une variante de la Loire à Vélo pour ceux qui ne font pas le détour par Chambord, château que j’ai déjà visité par deux fois. Une troisième ne s’imposait pas. Et cette portion en rive droite jusqu’à Suèvres fut délicieuse, en terrain quasiment plat, sur voie verte ou petite route déserte. Principalement en sous-bois, donc à l’abri du vent, elle offre de belles trouées vers ma merveilleuse Loire.


Hormis pour les photos, je ne ferai que deux pauses aujourd’hui. La première à Mosnes pour un croissant-café car j’avais quitté mon hôtel de grand matin sans petit-déjeuner. J’y assiste à la formation d’un embouteillage causé par les parents venus déposer leurs enfants à l’école : c’est la rentrée ! J’y suis aussi rattrapé par l’actualité avec ce titre de la Nouvelle République d’Indre-et- Loire : « Tours va accueillir 50 réfugiés afghans ».

Seconde pause à Blois après une belle arrivée sur la ville depuis ma route-digue. Je m’installe au Bistrot Quai (jeu de mot sans doute insaisissable par la jeune génération). Et j’y consomme sagement le Menu Bistrot avec une pression et un café. Je profite aussi d’un réseau SFR satisfaisant pour trouver et retenir mes deux prochains hébergements, en prévoyant des étapes assez longues car je souhaite avancer le plus possible avant la dégradation du temps annoncée pour dimanche.

Aujourd’hui, pour la première fois, un ciel tout bleu, avec un grand écart de température entre les 12° de ce matin et les 26 de la fin d’après-midi. Et, hasard heureux, je suis ce soir, pour la première fois aussi, dans une belle maison d’hôtes avec piscine. Je viens de faire une bonne séance d’aquagym et j’écris cet article au soleil sur un transat en attendant le dîner.

La trace du jour


Étape 10 - Vendredi 3 septembre - 82 km
De Suèvres à Donnery via Beaugency et Orléans

Bon bain, bon dîner, bon dodo, bon petit-déjeuner : rien à reprocher à ma maison d’hôtes nommée « Le Bonheur des Hôtes ». Rien, sinon une certaine distanciation pas seulement due à la situation sanitaire actuelle. Tout bon donc, mais loin du bonheur quand même !

Contrairement aux prévisions, temps très variable aujourd’hui : nuageux et frais ce matin, s’éclaircissant et se réchauffant progressivement en cours de journée, devenant lourd et menaçant en fin d’après-midi, avec au final une petite averse ne nécessitant qu’une courte pause sous un arbre. Au total, d’assez bonnes conditions pour faire une longue étape à vélo.

Je reste d’abord en rive droite de la Loire sur l’itinéraire alternatif suivi hier. Une longue partie en digue, avec en ligne de mire les deux tours de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, offre peu d’intérêt. En outre, des nuées de moucherons passent à l’attaque. Ils pénètrent par les narines et font éternuer, ou par la bouche et font tousser. Ils s’accrochent aux poils des bras et des jambes et ils recouvrent ma polaire. Heureusement, on s’en débarrasse d’une simple secousse, beaucoup plus facilement que de nos kol-kol réunionnais !

Les tours de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux

Plus facile à éviter : les canons à eau arrosant abondamment les champs de maïs sans épargner la route. Il faut quand même bien observer et bien calculer pour se lancer au bon moment. J’aperçois furtivement une montgolfière au dessus des arbres, passe tout près des deux tours (qui bien sûr n’émettent que de la vapeur d’eau) et rejoins plus agréablement le bord de Loire jusqu’à Beaugency. Je pose mon vélo pour déambuler un peu dans la ville à pied, faire quelques photos, boire mon café de 10 heures.

Jeanne d'Arc à Beaugency

Après une dernière partie en rive droite jusqu’à Meung-sur-Loire, avec encore des moucherons toujours aussi gênants, on passe en rive gauche par un pont inadapté pour les vélos : les trottoirs sont trop étroits pour les emprunter même en poussant le vélo. On doit donc se lancer sur la voie pour les voitures elle aussi bien étroite. Heureusement, le trafic n’est pas intense.

Le parcours se poursuit avec à nouveau de belles échancrures dans les bois (à gauche maintenant) permettant de d’admirer des portions du fleuve. Le passage à hauteur des Îles de Mareau est particulièrement beau, avec certaines d’entre elles boisées d’un heureux métissage de saules blancs et de peupliers noirs.


Juste après le pont Saint-Nicolas, où l’on franchit le Loiret, je fais ma pause-déjeuner dans une brasserie : une bavette d’aloyau bien bleue accompagnée de frites faites maison et d’une salade et, en dessert, une flognarde à l’abricot. J’apprends que l’on ne doit parler de clafoutis que pour les cerises, et de flognarde pour les autres fruits !

Je remonte sur ma monture et décide, avant de filer sur Orléans, de faire un aller-retour jusqu’à la Pointe du Courpain à la confluence du Loiret et de la Loire. C’est un endroit sauvage remarquable où le ripisylve (formation forestière bordant les cours d’eau) est très riche. Le chemin est étroit, mais bien praticable à vélo même si peu de cyclistes l’empruntent. Ils préfèrent visiter les châteaux et autres monuments.

Le Loiret se jette dans la Loire

À Orléans, je cède quand même à un tour de ville. Le centre est très bourgeois avec des avenues et de grands magasins comme dans les beaux quartiers de Paris. Deux lignes de tramway se croisent sur la place centrale et les voitures ne sont pas les bienvenues. Curieusement, je me paye un milkshake vanille-spéculos, un truc que je n’avais pas bu depuis des années ! Et, autre réminiscence d’une enfance, pourtant pas très catholique, me revient en tête un air et un refrain : « Orléans, Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme » !

Encore Elle à Orléans

Et puis voilà, mon histoire d’amour avec la Loire est déjà finie ! Je la quitte pour m’engager le long du Canal d’Orléans qui relie la Loire au Loing. C’est un canal désaffecté, mais dont le chemin de halage a été en partie réhabilité en voie verte pour les piétons et les cyclistes. Les 15 premiers kilomètres parcourus aujourd’hui sont très plaisants.

Le Canal d'Orléans

Et je suis ce soir, un peu fatigué par cette longue étape qui s’est terminée tard, dans une ferme isolée. Ma chambre est confortable, mais pas de table d’hôtes : je viens d’aller dîner dans la kitchenette mise à disposition, d’une tartine et d’un yaourt achetés à Orléans. Et à l’eau !

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Étape 11 - Samedi 4 septembre - 54 km
De Donnery à Montargis

Je n’envie pas le couple d’ex-fermiers qui m’ont accueilli. Leurs enfants n’étant pas intéressés pour reprendre l’activité agricole, ils ont dû se replier à la retraite sur leur corps de ferme, n’étant pas propriétaires des terres qu’ils exploitaient. Les deux chambres des enfants transformées en chambres d’hôtes rapportent peu et ils ont cessé de faire table d’hôtes car ils trouvaient cela trop contraignant. Du coup, madame a repris un travail à mi-temps dans l’assistance aux personnes plus âgées qu’elle.

Entre Tours et Orléans, j’avais fait beaucoup de rencontres de cyclistes, souvent furtives (un bonjour ou un simple salut de la main ou de la tête en se croisant), mais donnant lieu quelquefois à des échanges plus ou moins longs. En ce début septembre, le profil type est un couple de retraités roulant en VAE (Vélo avec Assistance Électrique). Sinonsa, quelques jeunes couples sans enfants et de rares solitaires comme moi. Et même eux sont souvent électrifiés ! La plupart ne font qu’un tronçon de quelques jours de La Loire à vélo, en faisant de petites étapes et en ne démarrant pas avant 10 heures le matin.

Tout change aujourd’hui : je ne verrai aucun cycliste, mais essentiellement des promeneurs de chiens. Il faut dire que cette vélo-route du Canal d’Orléans est encore à l’état de projet : on en est à l’étape des enquêtes d’utilité publique. Pourtant, au départ, sur une dizaine de kilomètres, une signalétique est déjà en place, laissant croire à un certain avancement de la réalisation. Mais ensuite, plus rien : à chaque pont, il faut veiller à prendre le bon côté du canal, celui où le chemin de halage semble de meilleure qualité. Le plus souvent, il n’existe qu’une petite bande de terre de 20 centimètres de large entourée d’herbes plus ou moins hautes.


Cela reste cependant assez roulant, les parties les plus bosselées étant celle où des engins de chantier ont tout dégradé pour venir conforter les berges. J’apprends qu’il y a un projet encore plus ambitieux : rendre le canal accessible à la navigation de plaisance. Mais les travaux de remise en état des écluses et des berges, que cela nécessiterait, semblent hors de portée financière.


Je retrouve avec plaisir ces parcours tranquilles, sauvages, plats le long d’un canal. Les écluses désaffectées ne sont pas du meilleur effet, mais les anciennes maisons éclusières, revendues à des particuliers, gardent leur charme d’antan. Bien sûr les eaux ne sont pas très claires et parfois recouvertes totalement d’un tapis vert faisant penser à une bâche tirée sur une piscine, mais cela n’empêche pas les hérons d’y effectuer leurs magnifiques vols planés.


À la longue, les fesses et les lombaires s’endolorissent. De plus, j’avance plus au rythme d’un promeneur dominical que du fier vélo-randonneur que je prétends être. Je décide donc à deux reprises de shunter des parties du canal en empruntant de petites routes. Cela donne un peu de variété et permet de filer plus vite. Je traverse ainsi d’agréables campagnes et des forêts très similaires à celles s’étendant entre La Flèche et Baugé, avec leurs pins et leurs feuillus des mêmes espèces. Je ne serais pas surpris de voir soudain Jean-Pierre et Max surgir sur leur vélo !


Je ne fais qu’une courte pause-café ce matin à Châtenoy et devrait ensuite rouler jusqu’à Chevillon-sur-Huillard pour ma pause-déjeuner, les deux autres villages traversés ne comportant plus aucuns commerces. Le seul bar-restaurant a cessé son activité de restauration à la suite de la crise Covid, mais on consent à me préparer une planche charcuterie-fromages. Il faut certaines fois savoir faire pitié ! La planche servie est tellement abondante que je devrai l’aider à passer avec une pression blonde pour la charcuterie et un verre de Sancerre rouge pour le fromage !


Au redémarrage, je sens comme une lourdeur : le temps sans nul doute qui pourrait virer à l’orage, rien à voir avec la bière ni le vin ! J’abandonne définitivement le canal pour rallier, à nouveau par de petites routes à travers bois et champs, la périphérie de Montargis où se trouve l’hôtel dans lequel j’ai réservé deux chambres ce soir.

Deux car je vais être rejoint par une amie, Martine, qui viendra de Briare, où elle habite, pour partager la soirée avec moi. Je vais mettre ma plus belle tenue pour aller dîner en ville, à savoir un short et un t-shirt pas trop sales !

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Étape 12 - Dimanche 5 septembre - 65 km
De Montargis à Saint-Mammès via Nemours

Belle soirée hier en bonne compagnie. Avant dîner, nous faisons une petite balade (à pied, donc difficilement pour moi !) dans le centre de Montargis. C’est une belle ville, fleurie, parcourue par un réseau de petits canaux alimentés par le Loing. Cela suffit pour en faire encore une venise, même pas petite : la Venise du Gâtinais ! Martine a bien choisi le restaurant avec des tables dressées au jardin, des plats et desserts gastronomiques et une demi-bouteille de Sancerre raisonnable pour deux.


Ce matin, après un petit-déjeuner à l’hôtel, une bise de Martine, une lèche de Bambino (un chien selon sa maîtresse), je traverse la ville, déserte en ce dimanche matin, et file jusqu’au Site des Trois Canaux dont la base de loisirs est occupée par une brocante déjà très fréquentée. Ce lieu est situé au départ (ou à l’arrivée ?) des canaux d’Orléans, de Briare et du Loing. C’est ce dernier que je vais suivre aujourd’hui jusqu’à la Seine.

Ce canal est ouvert à la navigation, de même que celui de Briare. A eux deux, ils permettent aux plaisanciers d’aujourd’hui, comme aux péniches marchandes d’hier, de relier la Seine à la Loire. Et leurs chemins de halage constituent une (petite) portion d’une vélo-route européenne, l’EV3, aussi nommée Scandibérique, manière savante de dire qu’elle relie la Norvège à l’Espagne, plus précisément Trondheim à (cela se devine) Saint-Jacques-de-Compostelle.

L’ambiance est très différente de celle d’hier. Le canal est plus large, beaucoup moins sinueux, les berges sont entretenues, la voie verte est le plus souvent revêtue d’un enrobé correct. Et on n’y rencontre des promeneurs, des joggeurs, et des cyclistes qui ne sont pas des itinérants, mais des habitants des environs brûlant quelques calories avant ou après leur repas dominical. Le trafic fluvial n’est pas intense, mais j’assisterai quand même à un éclusage, effectué promptement car les écluses sont électrifiées et automatisées.


Le Loing n’est jamais bien loin ! Parfois la rivière sauvage frôle le canal dompté. Les moments où la voie verte constitue leur seule séparation, avec quelques arbres, sont vraiment charmants. 

Le voie verte entre le Loing et son canal

En aval de Nemours, ils s’unissent sur une courte portion et en profitent pour se croiser, le canal passant de la rive droite à la rive gauche de la rivière. Et, pour finir, les deux amants (ou aimants ?) se retrouvent à Saint-Mammès pour se jeter ensemble dans la Seine.

L'union du Loing avec son canal

Je fais un petit détour à la fin de mon étape pour aller assister à cet événement et je découvre que Saint-Mammès est un gros port fluvial à la fois marchand et de plaisance. Une « vedette panoramique du Loing » accoste pour décharger les touristes qui ont été promenés en bateau !

Le port fluvial de Saint-Mammès

Il aura fait chaud aujourd’hui et j’aurai eu besoin de quelques pauses, davantage pour boire que pour manger. À Souppes-sur-Loing, je siffle une Leffe après un tour du marché sur lequel on trouve beaucoup plus de vêtements que de fruits et légumes, les melons et les framboises font envie, mais pas les minables avocats tout fripés. À Nemours, après une visite de la ville jusqu’au pied du château, je me paye une simple salade composée, mais accompagnée encore d’une bière, et juste un café mais avec un litre d’eau fraîche.

Le Loing à Nemours

Et enfin, à Moret-sur-Loing, presqu’arrivé à destination, ce sera un grand Perrier dans un verre rempli de glaçons.

J’ai maintenant rejoint la Seine qui sera mon fil conducteur pour descendre vers Paris (ben oui, ça descend !). Je suis ce soir dans une simple chambre dans la maison des propriétaires, avec salle de bain collective. Et le barbecue est allumé.

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Étape 13 - Lundi 6 septembre - 58 km
De Saint-Mammès à Saintry-sur-Seine via Melun

Encore une soirée très agréable hier et très différente des précédentes. Je la passe seul avec François, le propriétaire de la maison d’hôtes, dont la femme camerounaise est actuellement en visite de sa famille africaine. Ce fut un dîner d’hommes : une bière chacun à l’apéro, une bouteille de Merlot à deux, une grosse saucisse de Meursault, une plus petite de Montbéliard, des pommes de terre cuites dans la braise comme les saucisses, et un assortiment de fromages pour finir la bouteille. Le tout à la bonne franquette avec une conversation roulant sur l’actualité.

Ce matin, je continue à suivre l’EV3 qui est bien signalisée jusqu’à Melun. Mises à part les deux traversées de la Seine sur des ponts routiers, le parcours est beaucoup plus tranquille que ce que je craignais. On longe le plus souvent la Seine sur des chemins ou de petites routes empruntées par les seuls riverains.

La Seine vers Samois-sur-Seine

La rive droite est plus populaire : en dehors des parties boisées, on voit plutôt de modestes pavillons. En rive gauche, c’est au contraire une succession de demeures bourgeoises construites dans la pente entre la forêt et le fleuve. Les plus anciennes rivalisent d’excentricité dans leur style architectural.


Entre Samois-sur-Seine et Bois-le-Roi, l’itinéraire s’écarte un peu de la Seine pour pénètre dans la forêt de Fontainebleau. Cette partie est assez sauvage, dominée par de beaux chênes. 
Hélas, les frênes sont atteints par la chalarose et certains doivent être abattus. Au sortir de la forêt, la vaste zone de loisirs de Bois-le-Roi propose, autour d’un étang, diverses activités dont le canoë. Pendant que les plus grands enfants sont pris en charge par des moniteurs, de jolies mamans promènent les plus petits dans leur poussette.

La base de loisir de Bois-le-Roi

Avant Melun, je quitte la vélo-route pour monter vers la départementale à grande circulation qui traverse Dammary-les-Lys où se trouve un centre de dépistage du Covid qui pratique les tests PCR sans rendez-vous. Aucune file d’attente, contrairement à devant la CAF située juste en face ! L’infirmière de service m’écouvillonne, trop profondément à mon gré, les deux narines. Et hop, je devrais pouvoir m’envoler mercredi soir.

Il est midi. J’ai soif et faim. Mais je suis déboussolé par le flot des voitures et le tintamarre de la ville. Je préfère me réfugier à nouveau en bord de Seine. Bien sûr, ce n’est pas la Loire ! Elle s’écoule uniformément, sans originalité, entre ses deux rives. Mais celles-ci, le plus souvent boisées, ont un charme encore sauvage. Pour en profiter au mieux, j’emprunte un chemin pour piétons, praticable à vélo par temps sec, au sein d’un ENS (Espace Naturel Sensible) entre la Seine et un étang. Deux cygnes s’approchent de moi en espérant quelques pitances, mais je n’ai pas de quoi me nourrir moi-même.


À Ponthierry, je me pose enfin dans un bar. Le patron me confectionne un sandwich que j’accompagne dans l’ordre d’une pression, un café et un Perrier. Je profite de cette pause pour me trouver, pour demain soir, non sans mal, un dernier hébergement.

Pour me rendre à celui de ce soir, je dois d’abord quitter la fameuse (et fumeuse ?) Scandibérique, traverser la Seine et monter (difficilement) sur le plateau où m’attend un joli champs de tournesols. La fin de mon parcours s’effectue ensuite dans la belle forêt de Rougeau où je dois zigzaguer un peu en sélectionnant des pistes adaptées aux vélos. Je suis ainsi à l’ombre, notamment de magnifiques grands chênes, et c’est heureux car, comme hier, la température s’est bien élevée dans l’après-midi.

Les chênes de la forêt de Rougeau

Me voilà bien installé dans la Maison du Bonheur. L’accueil a été sympathique, la décoration est surabondante. Reste à qualifier la table d’hôtes qui sera bientôt dressée...

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Étape 14 - Mardi 7 septembre - 50 km
De Saintry-sur-Seine à Saint-Rémy-lès-Chevreuses

Soirée très conviviale hier en compagnie d’Anne et Alain. Ils ont de la famille à La Réunion où ils repartent dans une semaine pour la cinquième fois. Ils connaissent assez bien, les cascades et bassins en particulier, mais ils ont des avis un peu biaisés sur plusieurs sujets, la question des requins par exemple.

Ma dernière journée de pédalage s’est déroulée, comme depuis plusieurs jours maintenant, sous un beau ciel tout bleu et une chaleur lourde l’après-midi. L’été est enfin arrivé comme on l’entend dire partout avec ironie. Heureusement, contrairement à mes craintes, j’ai passé 80% de mon temps dans des espaces de nature, le plus souvent à l’ombre.

Bien sûr, il y eut des portions de routes et des zones urbaines assez pénibles et difficiles à négocier, à commencer par les embouteillages du matin à Corbeil. Les villes restent compliquées à pratiquer à vélo. Si des pistes cyclables correctes sont ici ou là bien présentes, ailleurs il n’y a rien ou des faux-semblants comme des vélos peints au sol sur le côté de la route dont les voitures ne tiennent aucun compte. Il est souvent plus prudent de rouler sur les trottoirs, ce qui est cependant interdit.

Si cette étape aura été assez courte en distance, elle m’aura pris pas mal de temps en raison d’un très grand nombre d’arrêts pour consulter ma tablette afin de trouver ou de vérifier mon chemin. Ma mémoire n’est capable de stocker qu’un petit tronçon du tracé à suivre ! Et des sens interdits ou des travaux obligent parfois à tout reconsidérer.

Mais, au total, les points positifs l’emportent largement. Il y eut d’abord les derniers bords de Seine au niveau d’Evry et de Ris-Orangis, puis la traversée du Parc Missak Manouchian-Joseph Epstein. Ces deux résistants furent arrêtés ici en novembre 1943 par les Allemands. Ils furent ensuite torturés, puis fusillés, avec leurs camarades de la tristement célèbre Affiche Rouge. Leur parc est aujourd’hui un lieu dédié au sport et à la promenade pour « goûter la douceur de la liberté et de la paix » comme nous le souhaitait Manouchian.


Un peu à l’écart de la Seine, autour de plusieurs étangs, se déploie le vaste ensemble sportif de Viry-Grigny. Plus loin, ce sera le Parc du Séminaire et son étang encore. Dans les deux cas, j’emprunte des allées ou des chemins qui longent les plans d’eau. C’est plus vivant que sur la Seine, avec des libellules, des canards, des cygnes.

Un des étangs du parc de Viry-Grigny

Après les étangs, ce sont deux rivières que je vais longer, brièvement l’Orge d’abord (affluent de la Seine), puis longuement l’Yvette (affluent de l’Orge). La « Promenade de l’Yvette » est un chemin de randonnée que l’on peut emprunter à vélo à condition d’accorder la priorité aux piétons. C’est très agréable, sauvage, boisé. La rivière est en fait plutôt un ruisseau que l’on franchit à plusieurs reprises sur de petits ponts en bois.

Pont sur l'Yvette à Orsay

Par deux fois, le chemin contourne des bassins, bassin de Balizy puis bassin de Saulx, qui ne sont pas en eaux mais constituent des zones humides à la végétation assez riche avec de jolis joncs en particulier. Et, pour finir, se présente la réserve du Val et Coteau de Saint-Rémy dont je parcours une partie du sentier de découverte. Je passe ainsi devant un arbre classé comme remarquable, un magnifique chêne pédonculé.

Le chêne pédonculé

En dehors de quelques pauses-photos et de nombreuses pauses-tablette, je ne me suis arrêté qu’une seule fois, pour déjeuner dans un restaurant chinois à Orsay. Je me suis payé une sorte de chop suey de poulet pour commencer à me réhabituer à la cuisine réunionnaise.

Mon périple se termine ce soir. Je suis dans un hôtel-restaurant situé à moins de 2 kilomètres du lieu où je rendrai mon vélo demain matin. Le patron m’a admis en « soirée étape » normalement réservée aux VRP.

La trace du jour


Le bilan - Mercredi 8 septembre 2021

Voilà, c’est bien fini : j’ai rendu mon vélo qui aura tenu bon jusqu’au bout malgré ses protestations grinçantes et craquantes auxquelles je me suis habitué. Dernière anecdote : en le déposant, je m’aperçois que la clé de ma chambre est restée dans ma poche et donc je devrai faire un aller- retour supplémentaire jusqu’à l’hôtel. Le gérant de L’Aiguillage est tout content que je lui laisse une autre clé, la fameuse plate de 15 servant à démonter les roues avant, qui m’aurait été confisquée dans quelques instants puisque j’écris ce dernier article à Orly en attente de mon avion de retour annoncé à l’heure.

Au total, j’aurai parcouru en 14 étapes 821 kilomètres, 336 à l’aller et 485 au retour. Presque 60 kilomètres par jour en moyenne, ce n’est pas si mal à plus de 70 ans. De toute façon, je ne recherchais pas la performance. J’ai même plutôt ménagé mon corps et suis content de terminer sans pépins physiques.

La trace de l'ensemble du parcours

Ce périple, plus que les précédents, aura été placé sous le signe de la diversité.

Diversité des températures, très fraîches au début le matin pour un mois d’août, très chaudes les derniers jours en fin d’après-midi pour un mois de septembre. Mais j’estime que j’aurai eu beaucoup de chance avec le temps avec une seule petite averse. Seul le vent a parfois cherché à contrarier mon avancement.

Diversité des paysages : les grands champs céréaliers de la Beauce, les prés à vaches ou chevaux du Perche, les vignobles de Jasnières ou des coteaux de la Loire, les forêts de pins et de feuillus, les plans d’eau sauvages ou aménagés, les ponts et les villages fleuris, l’abandonné canal d’Orléans et le fréquenté canal du Loing, et les deux fleuves, la Loire et la Seine, l’impétueuse et la sage.

Diversité des rencontres, furtives souvent en chemin avec pêcheurs, promeneurs et autres cyclistes, plus abouties en tables d’hôtes dont plusieurs vraiment très conviviales de personnes que j’aurais aimé mieux connaître. Évidemment, je mets à part l’agréable soirée avec Martine (et Bambino) à Montargis et les quelques jours en famille à La Flèche avec Max, Delphine et Jean- Pierre qui ont passé trop vite.

Diversité pour la nourriture enfin, dans la quantité allant de repas gargantuesques à de maigres pique-niques, comme dans la qualité entre dîners gastronomiques et tout-venants juste alimentaires. Et, pour les boissons, j’ai beaucoup carburé aux bières à la pression et à l’eau, ce qui est hors de mes habitudes, mais j’ai aussi goûté, avec modération conformément à mon habitude, à quelques bons vins du Loir ou de la Loire.

Je termine, comme les fois précédentes, un peu abasourdi, avec quelques difficultés à reprendre pied dans ce monde trépidant. J’ai du mal à atterrir alors même que je vais décoller !

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