Entre Marne et Meuse à vélo
Le Projet - Jeudi 3 Août 2023
Pour la sixième fois, je vais me lancer dans un périple à vélo en solitaire et selon toujours les mêmes critères : une durée d’une quinzaine de jours raisonnable pour un congé matrimonial, de faibles dénivelés étant donné que je reste récalcitrant à l’idée d’une assistance électrique, un parcours dans une région de France qui me soit peu ou mal connue pour le plaisir de la découverte, un itinéraire de préférence en boucle pour ne pas faire grimper le coût de la location du vélo.
En affichant sur le grand écran de mon ordinateur la carte des voies vertes et véloroutes, celle des voies d’eau navigables (rivières et canaux) et celle des traces de mes périples passés, il est plutôt facile avec un peu d’habitude de repérer d’assez nombreuses possibilités satisfaisant à ces conditions. Il faut ensuite éviter certains pièges comme les véloroutes officielles qui ne sont qu’à l’état de projets ou les chemins de halage qui ne sont praticables qu’en VTT.
Pour cette année, mon aventure ayant lieu en plein été, craignant de fortes chaleurs et des difficultés à trouver des hébergements, j’ai éliminé les régions situées dans le sud ou très fréquentées par les touristes. Et j’ai finalement retenu une boucle au départ de Reims, ville facilement accessible en train depuis Paris et dans laquelle j’ai pu contacter un loueur de vélo, Manu, qui est très sympa au téléphone et qui m'a promis une monture répondant à mes souhaits.
La majorité du parcours s’effectuera sur des voies vertes, en sécurité et à plat, en longeant des voies d’eau : le Canal de la Marne à l’Aisne, le Canal des Ardennes qui relie l’Aisne à la Meuse, le Canal entre Bourgogne et Champagne qui relie la Saône à la Marne, et des tronçons des rivières elles-mêmes, Aisne, Meuse et Marne.
Mais il y aura aussi à remonter la Meuse de Sedan jusqu’à la source du fleuve en suivant la véloroute nommée « La Meuse à vélo » dont la partie française comporte très peu de voies vertes et emprunte essentiellement, en s’écartant de la vallée, des routes à partager avec les voitures. Il faut espérer que les dénivelés et la circulation automobile resteront raisonnables.
Comme d’habitude, j’ai passé beaucoup de temps à télécharger sur ma tablette, via IphiGéNie, les traces du parcours prévu (car la signalétique des véloroutes est parfois défaillante) et et à dresser la liste des hébergements possibles (en ne réservant que les deux premiers). J’ai aussi lu sur Internet plusieurs guides et témoignages de cyclotouristes pour appréhender au mieux les difficultés et relever les points d’interêt de ce périple.
En bref, tout est prévu… sauf les impondérables. L’entreprise n’est pas sans risques : retards d’avion ou de train, aléas de la météo (vent, pluie, canicule, orages par ordre décroissant de désagrément), hébergements tous complets lors des tentatives de réservations, défaillances mécaniques du vélo ou physiques du cycliste,…
Si tout va bien, voyage de jour en avion mardi prochain, nuit à Paris, TGV jusqu’à Reims le lendemain matin, première étape dans la foulée et un nouvel article chaque soir à partir du mercredi 9 août.
La trace du parcours prévu |
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Les voies d’eau navigables du Nord-Est |
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Les véloroutes du Nord-Est |
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Les traces des périples précédents et, en vert, celle du projet |
De Reims à Rethel - 73 km
Avant d’attaquer cette première étape, il a fallu rejoindre Reims, son point de départ, ce qui m’a pris plus de 24 heures. Heureusement quand même tout s’est bien déroulé, sans retards, dans l’enchaînement des moyens de transport entre avion, OrlyVal et RER hier et TGV ce matin, avec un intermède parisien réconfortant : une bonne entrecôte de l’Aubrac à la Brasserie de la Gare de l’Est, une nuit calme dans une petite chambre donnant sur une ruelle paisible, et le plaisir (mais oui !) de humer la ville.
Je recherche les changements par rapport à mes souvenirs de jeunesse. À Paris : les smartphones omniprésents dans le RER, les voies réservées aux vélos (très utilisées), le quartier turc près de la Gare du Nord, les gares transformées en galeries commerciales. Derrière la vitre du TGV qui nous extrait à grande vitesse de l’agglomération parisienne : quelques éoliennes, de rares champs de panneaux photovoltaïques, des villages en extension.
Ce matin, Manu est ponctuel au rendez-vous à 9h30. Il est aussi sympathique qu’au téléphone et le vélo qu’il m’a préparé est en bon état, avec tout l’équipement que j’avais demandé. Seul petit bémol, c’est un vélo avec un seul plateau sur le pédalier et je crains de manquer d’un petit développement dans les montées. Mais il m’assure que les 9 vitesses à l’arrière sont largement suffisantes. À voir… Je lui détaille mon projet et il me dit que personne n’a jamais fait ça !
Et me voilà parti pour une étape plus longue que ce que j’aurais souhaité, mais je n’ai pas trouvé d’hébergement avant Rethel. Heureusement, le parcours, essentiellement en bord de canaux, comportera très peu de dénivelés. Et le temps se révélera idéal pour le pédalage, très nuageux et frais le matin, plus ensoleillé l’après-midi mais sans chaleur excessive.
Contrairement à ce que certains croient, il est rarement monotone de longer un canal, sauf sur quelques tronçons rectilignes. Sinonsa, c’est très varié, avec des rives tantôt boisées, tantôt s’ouvrant sur la plaine cultivée, avec aussi les écluses et les zones d’entrepôts. Car ces canaux sont vivants avec un trafic de péniches non négligeables. On rencontre par exemple de très hauts silos à blé dont le contenu est directement dirigé dans les péniches. Le chargement prend environ 2 heures selon le marinier (belge) que j’ai interrogé.
Comme d’habitude, je fais beaucoup d’arrêts pour prendre des photos, mais aussi pour engager des discussions, aujourd’hui principalement avec des pêcheurs. La plupart pratique le no kill en rejetant leurs prises, même les perches à la chair pourtant si fine. Certains pratiquent uniquement la pêche aux silures, ces énormes poissons carnassiers qui envahissent de plus en plus de cours d’eau, uniquement pour le plaisir de batailler de longues minutes avec la bête. Beaucoup sont des solitaires un peu bourrus, mais il y a aussi des familles : le père pêche, la mère bouquine assise sur un pliant et les enfants sont sur leur smartphones !
À Berry-au-Bac, je n’ai pas manqué de partir à l’assaut de la colline dominant la vallée de l’Aisne pour mettre à l'épreuve mon vélo (test à demi concluant), mais surtout pour voir la nécropole nationale qui se trouve au sommet. Moment d’émotion devant toutes ces croix blanches identiques. Je déambule un peu et lis quelques noms parmi les plus de deux milles soldats de la Grande Guerre enterrés ici, sans compter ceux dont les restes, non identifiés, ont été regroupés dans un ossuaire.
À midi, ou plutôt vers 13 heures, je ne fais une pause au Restaurant Le Jardin, à Neufchâtel-sur-Aisne, recommandé par Gault et Millau. Mais, pressé par le temps, je me paie juste le plat et le dessert du jour. La serveuse, en surpoids notable mais au demeurant bien sympathique, a peine à croire que je viens de Reims et que je me rends à Rethel à vélo. Elle m’oblige à boire, après mon quart de vin, toute la carafe d’eau d’un litre !
Après être remonté au nord par le Canal de la Marne à l’Aisne jusqu’à Berry-au-Bac, j’ai obliqué vers l’Est par le Canal Latéral à l’Aisne qui devient Canal des Ardennes lorsqu’il passe du département de l’Aisne à celui des Ardennes ! Et l’itinéraire prend alors le nom de "Voie verte Sud-Ardennes". Cette voie, en projet depuis plusieurs années, a été officiellement inaugurée en juin dernier, mais il n’existe encore aucune signalétique et plusieurs tronçons ne sont toujours pas aménagés. D’où quelques difficultés : un passage tellement étroit que bras et jambes sont saisis par les orties, un autre impraticable obligeant de rejoindre la route à travers champs.
Je suis ce soir à Rethel dont j’ai fait un tour de ville avant de rejoindre mon hôtel car je savais que je n’aurai pas envie de ressortir. Hôtel mal nommé "Le Moderne" au vu de sa vétusté ! Mais le personnel est sympathique, mon vélo est à l’abri pour la nuit, et le dîner était bon.
La trace du jour |
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Écluse avec local technique et maison éclusière à l’abandon |
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Mon vélo |
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L’église de Variscourt |
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Péniche au chargement depuis un silo à blé |
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Un peu de culture ! |
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La nécropole nationale de Berry-au-Bac |
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Passage délicat nécessitant le portage du vélo |
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L’église Saint-Nicolas à Rethel |
De Rethel à Sedan - 110 km
Le petit-déjeuner de mon hôtel "Le Vétuste" n’étant servi qu’à partir de 7h, c’est le ventre vide que je commence à pédaler ce matin. C’est que l’étape va être de nouveau longue, et même plus que prévu… J’adore ces départs matinaux favorables à de belles observations : le lever du soleil derrière les arbres, la lente dissipation des brumes enveloppant le canal et les champs, un héron délogé des hautes herbes bordant la piste, un faon solitaire dans un champ de blé déjà moissonné,…
Je roule ainsi pendant 1h30 en empruntant toujours la Voie verte Sud-Ardennes qui est sur ce tronçon entièrement goudronnée. Elle s’écarte parfois du canal, ce qui permet, au prix de quelques efforts, de bénéficier de points de vue sur la campagne, celles que j’aime avec ses parcelles diversement cultivées, ses prairies à vaches, ses zones boisées préservées, ses petits villages au loin. Au sommet d’une colline, je visite un monument commémorant les gradés et soldats ayant défendu cette position en juin 1940. Beaucoup de promontoires ont ainsi donné lieu à des combats acharnés pendant l’une des deux guerres qui ont durement éprouvé cette région.
A Attigny, je me décide enfin à prendre un petit-déjeuner. Je rentre par mégarde dans un salon de thé mais je prends immédiatement conscience que je ne tirerai rien des clients déjà attablés. J’achète juste une brioche et un jus de fruit et vais m’installer au bar voisin pour boire le café. Là, les discussions avec la patronne et les clients s’engagent aussitôt. J’apprends notamment que la réalisation de la voie verte a suscité des oppositions de la part des écologistes pour cause de protection des grands ducs (ce sont des hiboux), mais aussi de la population générale pour les nuisances occasionnées pendant les travaux.
Je roule sans trop consulter ma tablette pour ne pas la décharger avant ce soir et je file à bonne allure en suivant la voie verte. Mais la signalétique n’étant toujours pas installée, je rate une intersection et m’engage dans la voie qui remonte l’Aisne alors que j’aurais dû suivre le Canal des Ardennes. Je me retrouve ainsi à Vouzier, une vingtaine de kilomètres au sud de l’itinéraire prévu.
Si j’étais croyant, je me maudirais ! Mais je préfère assumer ma bêtise. Je fais le point et décide d’emprunter une route départementale pour rejoindre le plus directement possible le canal. Je n’imaginais pas que ce serait autant vallonné avec une succession rapprochée de ce qui me semble être de longues montées et de courtes descentes. Mais finalement il est vraiment agréable de pouvoir se mettre, même succinctement, en mode roues libres dans les descentes, ce qui est quasiment impossible quand on roule sur le plat. Et j’ai pu constater que Manu avait raison : mon vélo est capable de grimper… si je l’aide un peu.
Après cette mésaventure, je renonce à faire un autre détour, celui-là initialement prévu, pour aller jeter un coup d’œil au Lac de Boiron. Je ne regrette pas trop car les gars du bar d’Attigny m’avaient dit que cela ne valait pas le coup et que les eaux étaient polluées, impropres à une baignade que j’avais envisagée. En revanche je me rends au Parc de Vendresse où un restaurant promettait sur son site Internet des truites de l’étang. Mais il y a foule aujourd’hui dans ce parc, au demeurant charmant, et les truites sont "en rupture". Après une longue attente, je devrai me contenter d’un médiocre jambon braisé, cependant heureusement accompagné d’une bonne bière locale.
Après Vendresse, la voie verte est encore en travaux et un itinéraire provisoire nous entraîne sur de petites routes charmantes entre champs et forêts, mais où le vallonnement est à nouveau bien marqué. Et on rejoint ainsi la Meuse et une nouvelle voie verte, la Trans-Ardennes, qui est beaucoup plus fréquentée et que j’emprunte illico, en suivant bêtement le flot des cyclistes, en direction de Charleville-Mézières : nouvelle erreur de parcours qui me conduira cette fois à un demi-tour.
Finalement je n’arrive à Sedan qu’à 17 heures après une belle mais folle journée, la plus longue à ce jour de ma vie de cyclo-touriste. C’est décidé : demain je prévois une étape plus courte et, comme je le recommande à ma petite-fille, Elise, "je regarde mon chemin".
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La trace du jour |
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Lever de soleil |
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Arbre parasité par le gui |
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L’Aisne à Vouziers |
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L’église de Le Chesne |
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L’Etang à truites de Vendresse |
De Sedan à Dun-sur-Meuse via Stenay - 63 km
Hier soir, j’ai rendez-vous avec un couple d’amis, Hélène et Jacques, loin de leur base albigeoise. Nous faisons à pieds le tour de la vielle ville, en état de décrépitude avancée, et du château, le plus grand d’Europe, tout en échangeant des nouvelles de familles et amis. Mais nous négligeons la réservation d’un restaurant et finirons, sur une idée lumineuse de Jacques, autour de la table unique d’un kebab faisant de la vente à emporter. Les assiettes sont bonnes et très copieuses, mais on ne sert pas d’alcool. Jacques se rattrapera en nous offrant un panaché pour Hélène et une Leffe pression pour moi au bar de mon hôtel.
Ce matin, je change de stratégie : départ tardif (pour moi) à 7h45 après le petit-déjeuner pris à l’hôtel. Bonne idée car je ne trouverai aucun bistrot sur ma route de toute la matinée et ferai 45 km d’un seul trait. Comme hier, la journée sera ensoleillée avec petite fraîcheur matinale et petite chaleur l’après-midi. Et mon ennemi ne fera toujours pas d’apparition notable, parvenant tout juste à faire tourner les éoliennes au ralenti.
J’emprunte d’abord sur une dizaine de kilomètres au sud de Sedan un dernier tronçon de voie verte en longeant la branche nord du Canal de l’Est, à ne pas confondre avec la branche sud que j’avais parcourue avec ravissement l’année dernière lors de mon Tour des Vosges. Et maintenant, pendant plusieurs jours, finis les canaux et les voies vertes : je vais (tenter de) remonter la Meuse jusqu’à sa source en suivant un itinéraire appelé "La Meuse à vélo" qui emprunte des routes à partager avec les voitures.
Cet itinéraire s’écarte fréquemment de la vallée pour éviter les routes à trop grande circulation. Cela rallonge beaucoup la distance à parcourir et engendre du vallonnement. Celui-ci n’est pas évident à gérer pour le cycliste qui ne parvient même pas à profiter d’une descente tant il craint la montée qui, immanquablement, va suivre. Mais il procure de jolis points de vue et magnifie les paysages.
Les blés sont déjà coupés et les meules dans les champs offrent un beau spectacle. Les maïs sont encore sur pied de même que les beaucoup plus photogéniques tournesols. Les vaches et les chevaux se partagent les prairies. Tout cela constitue une jolie campagne avec aussi des bois de feuillus bien agréables à traverser.
Les petits villages ne présentent pas de cachet particulier, mais leurs cimetières offrent une eau bien fraîche pour remplir mon bidon qui ne contient qu’un demi-litre. J’y aurai recours deux fois car je m’applique à boire beaucoup en espérant ainsi éviter de douloureuses crampes nocturnes telles que celles qui ont perturbé mon sommeil la nuit dernière.
La signalétique de l’itinéraire est heureusement de bonne qualité, mais il faut rester vigilant à chaque intersection. Après mes errements d’hier, je suis aujourd’hui très attentif à ma progression et consulte au moindre doute mon smartphone sur lequel la trace à suivre est enregistrée.
Je ferai cependant un détour, mais tout à fait volontaire, pour me rendre à Stenay afin de visiter le Musée de la bière, en hommage à mon carburant quotidien durant mes périples. La visite est intéressante avec beaucoup d’informations historiques et techniques, des expositions de matériels et une section consacrée à la publicité dont j’apprécie surtout les affiches. Et elle se termine à La Taverne où je déjeune d’une assiette de charcuterie-fromage arrosée bien sûr d’une bière locale et complétée par un café gourmand.
Je suis ce soir dans un hôtel de bord de route à la périphérie de Dun-sur-Meuse après cette belle journée de pédalage sans erreurs de parcours. Comme convenu, la gérante m’a réservé une table dans un restaurant tout proche où je pourrai me rendre à pieds.
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La trace du jour |
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Tournesols et éoliennes |
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L’église de Beaumont-en-Argonnes |
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Au cimetière ! |
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La Meuse à Sassey-sur-Meuse |
De Dun-sur-Meuse à Verdun - 54 km
Excellent dîner hier au restaurant semi-gastronomique proche de mon hôtel : cassolette d’escargots, andouillette à l’échalote, mousse au chocolat. Après cela, bon dodo sans crampes, ni dans les cuisses, ni dans les mollets. Proposition de sujet de thèse : du bienfait de l’eau des cimetières dans la prévention des crampes musculaires !
Ce matin réveil au réveil, ce qui est rare. Je découvre en ouvrant les rideaux qu’il a plu dans la nuit et que le ciel est tout gris, menaçant. Comme je sais qu’il n’y aura aucun café ni aucune boulangerie dans les petits villages sur mon parcours, je me force à prendre à l’hôtel un petit-déjeuner un peu copieux. Et je m’applique à bien protéger toutes mes affaires dans leurs sacs plastiques car j’avais des doutes (finalement non fondés) quant à l’imperméabilité des sacoches de Manu.
De premières averses intermittentes surviennent peu après mon départ. Je les gère en m’abritant sous un arbre en attendant que ça passe. Cependant il n’y a pas grand chose à faire sous un arbre, il faut bien avancer un peu, et la pluie devient continue. Donc je me décide à passer en mode pluie : tablette et smartphone sous plastique et moi sous kway.
Et, pour ne pas avoir à subir les gouttes sur les verres, j’enlève mes lunettes. En pliant leurs branches, ce que je ne fais jamais, l’une d’elle me reste dans les mains. Je suis incapable (sans lunettes!) de comprendre l’origine du problème et d’y remédier. Heureusement, à Verdun, dans le premier magasin d’optique rencontré, la vendeuse parviendra (avec difficulté) à procéder à un remboîtement.
Je croise depuis hier d’assez nombreux cyclo-randonneurs qui suivent l’itinéraire dans le sens contraire du mien. On se fait signe ou on échange un bonjour. Enfin, ce matin, je rejoins un couple de Hollandais qui roulent dans le bon sens ! On fait une petite pause ensemble, toujours sous la pluie, et on tente de communiquer un peu. Partis de Eindhoven, leur projet est d’aller jusqu’à Barcelone en 6 semaines en faisant, à ce que je comprends grâce au belge, une moyenne de octante kilomètres par jour.
Sans la pluie, mon parcours d’aujourd’hui aurait été plus facile que celui d’hier car la véloroute reste sur ce tronçon essentiellement dans la vallée. Les champs de céréales se font plus vastes et c’est moins charmant. De toute façon, il était impossible de prendre des photos sans risquer d’endommager mon smartphone.
Avant Verdun, on retrouve une voie verte le long du Canal de l’Est. Sur cette branche nord, les écluses ne sont pas automatisées et les éclusages sont assurés à la main par des employés de VNF (Voies Navigables de France) qui courent (en voiture) d’une écluse à l’autre pour faire face à la demande. Cela reste possible car le trafic, constitué uniquement de plaisanciers, n’est pas intense surtout depuis que le canal a dû rester fermé plusieurs mois pour cause de niveau trop bas suite à la sécheresse.
J’avais prévu une étape courte aujourd’hui car j’avais dans l’idée d’aller visiter le Mémorial de Verdun et les sites des champs de bataille situés sur les hauteurs à l’écart de la ville. Mais le mauvais temps m’a fait capituler sans combattre, piètre soldat que je suis ! J’ai honte, mais j’ai préféré faire une longue pause-déjeuner dans un restaurant pour me revigorer après ma matinée de pédalage sous la pluie.
En cours d’après-midi, la pluie cesse et quelques éclaircies apparaissent. Je me rends dans une station service pour nettoyer mon vélo, surtout les sacoches qui, extérieurement, avaient été salies par les éclaboussures. Il ne me reste plus qu’à longer la Meuse puis à sortir de la vallée pour atteindre la zone commerciale où se trouve mon hôtel.
Cet hôtel offre peu de services et la seule solution trouvée pour mettre mon vélo à l’abri et en sécurité a été de le mettre dans ma chambre ! Pas de restauration non plus : je vais devoir ressortir pour dîner en espérant que la pluie ne se manifeste pas à nouveau…
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La trace du jour |
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Plus de boulangerie dans les petits villages ! |
À Verdun |
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La Meuse au sud de Verdun |
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En chambre ! |
De Verdun à Commercy via Saint-Mihiel - 65 km
Hier soir, la zone commerciale proche de mon hôtel est quasiment déserte. Tous les magasins sont déjà fermés sauf le Cora qui accueille ses derniers clients du samedi. En marchant un peu plus sous un ciel dégagé, je finirai par trouver un grand self-service chinois proposant pour 20 € un buffet à volonté. Il y a beaucoup de monde, mais je m’y engouffre car j’ai faim ! À l’intérieur, c’est très grand et très bruyant, mais on se déplace facilement tout autour du buffet offrant un choix incroyable de victuailles, pas seulement asiatiques, avec notamment des fruits de mer. Je saurai heureusement me montrer raisonnable en évitant les mélanges que je vois dans certaines assiettes.
Aujourd’hui, le temps, annoncé pluvieux, restera sec toute la journée. Tout le contraire d’hier ! Nuageux cependant encore et un petit peu frais le matin, puis de plus en plus ensoleillé et un petit peu chaud en cours d’après-midi, mais rien à voir avec la canicule qui, paraît-il, sévirait dans le Sud-Est. Et toujours pas de vent. En bref, un temps fait pour pédaler !
Ce matin, je fais la grasse matinée du dimanche, petit-déjeune à l’hôtel, et roule sans longue pause sur 40 kilomètres jusqu’à Saint-Mihiel. L’itinéraire emprunte en continu la départementale qui longe (à distance) la Meuse en rive gauche. Malgré quelques faux-plats un peu longs, c’est un tronçon roulant. Je m’amuse par moments à concurrencer les cyclistes du dimanche qui roulent à vive allure sur leur vélo de route. Il me battent facilement, mais je prends plaisir à ce pédalage sur un rythme plus soutenu que d’habitude.
Petit désagrément : les voitures. Elles ne sont pas très nombreuses mais ont tendance à rouler vite. Le fait est que, sur cette départementale pas très large et un peu sinueuse, les panneaux de limitation de vitesse indique toujours 90, ce cher Edouard n’ayant pas été entendu jusqu’ici. Il faudrait que les collectivités songent à transformer en voie verte l’ancienne ligne de chemin de fer à l’abandon qui longe elle aussi la vallée.
Les villages traversés (une dizaine) se ressemblent tous. Ils sont petits, compacts, sans extension périphérique de lotissements, sans aucuns commerces, pas riants du tout. Les efforts de fleurissement sont rares et se limitent à quelques géraniums aux fenêtres. Une impression d’austérité prévaut. Le tour en est vite fait avec le triptyque église, mairie et école. Et le monument aux morts, avec la longue liste de "Morts pour la France" en 14-18 et la beaucoup moins longue en 39-45, ne contribue pas à égayer l’ensemble.
Un peu lassé du bitume, je fais un petit écart vers les Ballastières fédérales du Val de Meuse. Ces anciennes carrières de ballast sont devenues deux étangs dévolus aux pêcheurs, l’un pour les carpes, l’autre pour les carnassiers. Les panneaux y annoncent aussi la présence de plusieurs espèces d’oiseaux. Je ne verrai ni le grèbe huppé ni la libellule déprimée, mais ces noms seuls me réjouissent.
À midi, je fais à Saint-Mihiel une assez longue pause-déjeuner reconstituante à la terrasse agréable d’un bon restaurant. Ce sera un steak tartare et une crêpe au beurre salé accompagnés respectivement d’un verre de Bourgogne et d’une bolée de cidre. Et je fais un petit tour digestif dans la ville qui a un certain charme et mérite (presque) son titre de "Petite Florence lorraine".
Le parcours de l’après-midi sera à la fois plus difficile et plus agréable que celui du matin. À trois reprises, l’itinéraire nous fait grimper assez rudement sur le plateau avant de redescendre dans la vallée. Mais, du haut on a de beaux panoramas sur les paysages, et en bas les bords de Meuse sont charmants et animés en ce dimanche par des groupes de kayakistes.
Je ne manque pas de faire une dernière pause à Commercy, capitale de la madeleine. On trouve en effet dans cette petite ville plusieurs fabriques de gâteaux dont la plus connue est sans doute Saint-Michel. Mais c’est à La Cloche Lorraine que je fais mon achat : 4 madeleines qui vont peut-être constituer mon dîner. En effet, mon hôtel de ce soir, situé dans un petit village, ne fait pas restaurant le dimanche et je suis toujours en attente du camion food-truck qui doit venir s’installer sur la place de la mairie…
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La trace du jour |
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Étang de pêche à la carpe |
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Château des Monthairons (hôtel 4 étoiles) |
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La Meuse à Saint-Mihiel |
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Vue sur la vallée |
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La Meuse à Pont-sur-Meuse |
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À Commercy |
De Commercy à Coussey via Vaucouleurs - 58 km
Hier soir, le food truck était bien installé sur la place du village, mais j’apprends qu’il fallait commander à l’avance par téléphone son burger. En cherchant dans les réserves, on me trouvera un sachet de 4 fines tranches de jambon de Bayonne. Avec un cornet de frites et un pain burger, cela fera bien mon affaire en chambre, avec une madeleine en dessert.
La Meuse a plusieurs fois constitué au cours des deux grandes guerres une ligne de démarcation entre les troupes françaises et allemandes, occasionnant de violents combats. Aujourd’hui, sur la région, d’après les lumineuses explications météorologiques du journaliste de Télé-matin sur France 2, il est prévu un conflit entre masses d’airs chaudes remontant du Sud et froides descendant du Nord, occasionnant de violents orages.
Je me conditionne donc mentalement en mode soldat pour la journée et cela va se révéler bien utile ! Après moins d’un quart d’heure de pédalage, le premier orage éclate au loin et on distingue bien les trombes d’eau qui s’abattent. Puis c’est la pluie qui passe à l’attaque et va me poursuivre sur 20 kilomètres jusqu’à Vaucouleur alors que éclairs et coups de tonnerre se succèdent de façon de plus en plus rapprochée. Heureusement, si je déteste la guerre, je n’ai pas peur de l’orage. Je force néanmoins l’allure pour espérer me mettre à l’abri avant le déluge.
J’arrive à Vaucouleurs, où presque tous les magasins sont fermés en ce lundi matin, en même temps que l’orage ! Je me retranche dans le bar-tabac-loto et vais y rester terré pendant plus d’une heure pour laisser passer l’épisode orageux qui sera assez intense jusqu’à terroriser la serveuse thaïlandaise mais aussi certains clients, tous des hommes, des habitués venus gratter ou parier, et bien sûr boire un coup.
Le calme revenu, je me décide à redémarrer sous une pluie fine, mais ne ferai que quelques mètres pour constater que ma roue arrière est à plat. Il aura fallu attendre ce sixième périple pour une première crevaison ! Je trouve abri sous le local à caddies de la supérette pour effectuer la réparation grâce aux démonte-pneus et aux rustines fournis par Manu. En inspectant le pneu, je découvre la cause de la crevaison, un petit morceau de silex bien pointu que j’aurai bien du mal à extraire.
Je me retrouve avec mains, bras et jambes couverts de cambouis. Un lavage sommaire à la fontaine du village me permettra tout juste d’être présentable pour me rendre au kebab-grill pour un rapide déjeuner (des côtes d’agneau) en espérant que la pluie cesse avant de retrouver reprendre la route. Non seulement la pluie cessera, mais les éclaircies se feront de plus en plus fréquentes en cours d’après-midi.
Cependant, nouvelle épreuve, mon ennemi le vent va prendre le relai de la pluie. Il est sournois, se cache parfois derrière le relief, mais réapparaît inlassablement, en m’attaquant de face. Il me mène une guerre d’usure et, cette fois, il n’y a pas d’échappatoire : il faut livrer bataille ! J’en sortirai victorieux, mais bien fatigué ce soir.
Néanmoins, j’ai aimé cette rude journée. Les campagnes traversées, déjà décrites, sont toujours aussi belles. Et je commence à aimer la Meuse, maintes fois traversée. Bien sûr, ce n’est pas la Loire que j’adore, mais elle a son charme champêtre et sa vallée est verdoyante. Ce n’est plus le large fleuve paresseux rencontré à Sedan. Ses rives se resserrent et ses eaux se font plus vives.
Mon étape se termine au pays de Jeanne qui est omniprésente : statues, monuments, musées, maison de naissance. Les noms des commerces n’y échappent pas (Auberge de Jeanne, Jeanne Optic), non plus que certaines spécialités culinaires (la Jeanette est une baguette de tradition). Je me contente d’un hommage très simple : une pression au bar de Domrémy.
J’ai installé ce soir mon camp de base dans le petit village de Coussey qui ne compte qu’un bar-hôtel-restaurant qui n’ouvre qu’à 18 heures car sa gestion est assurée par un couple de cultivateurs. En fait, c’est davantage une pension où se retrouve à la fois des gens du village et quelques touristes.
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La trace du jour |
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Trombe d’eau au loin ce matin |
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La Meuse à Saint-Germain-sur-Meuse |
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La Meuse à Vaucouleurs |
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La Meuse à Maxey-sur-Meuse |
De Coussey à Doncourt-sur-Meuse via Neufchâteau - 50 km
Très bonne soirée hier dans cet hôtel-restaurant-bar bien nommé "À la Ducasse", une ducasse étant pour les gens du Nord une fête foraine. Ici, pas de manèges, mais l’esprit est à la fête le soir à l’ouverture du bar entre les gens du village (de tous les âges) et les clients de l’hôtel. Je fais la connaissance à notre première gorgée de bière d’un cycliste, Philippe, qui se révélera bien sympathique malgré deux défauts : il est Belge et assisté électrique !
C’est un quarantenaire en forme qui fait habituellement du VTT. Comme première expérience d’itinérance à vélo, il remonte en 3 jours la Meuse depuis la Belgique jusqu’à sa source, où sa femme doit venir le récupérer en voiture ce soir, en faisant des étapes de 120 kilomètres par jour, ce qui est beaucoup même pour un jeune assisté. Nous dînons ensemble en échangeant nos impressions sur l’itinéraire de la Meuse à vélo et en abordant bien d’autres sujets sur lesquels on se retrouve en phase.
Après le règlement d’une somme modique pour cette belle soirée étape, le démarrage s’effectue ce matin dans des conditions que je juge encourageantes, sous un ciel gris mais calme. La suite montrera que c’était le calme avant la tempête !…
Jusqu’à Neufchâteau, l’itinéraire emprunte une jolie voie verte toute neuve, aménagée sur le tracé d’une ancienne voie ferrée. Ce tronçon vite avalé, je fais le tour du centre-ville, mais tout est fermé en ce 15 août. Renseignements pris, je me rends à la périphérie de la ville, dans la direction opposée à celle que je devrai prendre ensuite, pour acheter une tartine dans la boulangerie de la zone commerciale. C’est qu’il n’y aura absolument aucuns commerces sur mon chemin jusqu’à ma destination du soir.
Toujours confiant, je monte sur le plateau et entame une longue ligne droite pour le traverser à travers les vastes champs de céréales. Et, subitement, en quelques minutes, le gris du ciel vire au noir, la pluie commence à tomber et les premiers coups de tonnerre se font entendre. La situation évolue très vite. Comme hier matin, éclairs et coups de tonnerre se succèdent de façon de plus en plus rapprochée, mais il n’y a aujourd’hui aucun bar ni autre abri pour se retrancher. La pluie s’intensifie considérablement et je passerai quelques minutes sous de véritables trombes d’eau.
Heureusement, cela ne dure pas. La pluie persiste, mais plus fine. Et l’orage continue à gronder, mais en s’éloignant. Malheureusement, l’itinéraire plonge bientôt dans la vallée du Mouzon où un nouvel épisode orageux survient. Cette fois, je trouve une grange pour m’abriter. Elle est spacieuse, occupée par des bottes de foin, un tracteur et une grosse moissonneuse-batteuse. Je vais en faire mon QG pendant deux heures, bien installé pour écrire des mails, réserver un prochain hébergement et finalement, à midi, manger ma tartine et une madeleine de Commercy.
Je ne serai dérangé que par le fermier, passé pour faire un petit bricolage et que j’accueille gentiment ! Il est sympa, semble content de me trouver là ! Il va me donner des explications techniques sur le fonctionnement de la moissonneuse-batteuse qui appartient en fait à la coopérative qu’il a constitué avec plusieurs fermiers de la vallée. Il est proche de la retraite, ne s’occupe pratiquement plus des vaches et se réserve l’entretien des machines.
La pluie cesse enfin et ne réapparaîtra pas. Au contraire, le ciel va progressivement se dégager et l’après-midi se terminer sous le soleil. Je reprends d’abord la remontée de la vallée du Mouzon qui est est très belle, plus étroite que celle de la Meuse et plus verdoyante aussi. Ici, pas de champs de céréales mais essentiellement des prairies occupées par des vaches laitières et, plus rarement, par des moutons ou chevaux.
Problème : il faut repasser de cette vallée du Mouzon à celle de la Meuse. Cela se fait au prix d’une montée de 3 kilomètres que mes mollets ont trouvée un peu raide, heureusement suivie d’une régalante descente de 3 kilomètres. Je retrouve la Meuse rétrécie : plus rien à voir avec le large fleuve en aval ! C’est que je m’approche de sa source que je dois atteindre demain, si tout va bien.
Je fais un dernier détour, hors de l’itinéraire officiel, pour monter (à pieds sur la fin) jusqu’au petit village perché de Bourmont. Il est très attrayant vu d’en bas, mais, bien que répertorié comme petite cité de caractère, n’est pas extraordinaire quand on est dans la place. Et je n’y trouve pas les artisans annoncés, ni le bar attendu !
Je suis ce soir dans le tout petit village de Doncourt-sur-Meuse où j’ai pu réserver, pour la première fois de ce périple, une chambre d’hôtes, et avec table d’hôtes. L’accueil a été très sympathique, avec une bière à boire sur une table installée sous un joli saule pleureur.
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La trace du jour |
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Parc de la Fonderie à Neufchâteau |
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Sous ma grange |
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Le Mouzon |
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La Meuse rétrécie à Brainville-sur-Meuse |
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Bourmont |
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Au lavoir de Hâcourt |
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Je fais peur aux vaches ! |
De Doncourt-sur-Meuse à Frécourt - 57 km
La Maison de Marie-Claire est aussi accueillante que sa propriétaire. C’est une belle bâtisse (la maison !) à deux étages avec chambres et parties communes joliment décorées en utilisant des objets chinés. Elle est entourée d’un jardin d’agrément et d’un potager d’où vont provenir les légumes de notre dîner. Marie-Claire nous a confectionné, avec tomates, courgettes et bringelles, des pizzas végétariennes et une sauce bolognaise à sa façon pour accompagner les spaghettis. Un repas simplement bon, complété par un plateau de fromages locaux dont un excellent Langres (c’est une ville, mais aussi un fromage).
Je me retrouve à table avec six Néerlandais. Attention à ne pas dire Hollandais, car ils ne viennent pas de Hollande mais d’autres provinces des Pays Bas ! Les échanges vont être très compliqués et limités, en utilisant un peu de français et beaucoup d’anglais.
Il y a d’abord un couple, de retraités sans doute, qui en sont à la première étape de La Meuse à vélo qu’ils vont parcourir en descendant, sur leurs grosses montures assistées. Je ne leur souhaite pas de tomber en panne de batterie car ils seraient bien incapables de tirer de pareils engins par la seule force du pédalage. Leur principal souci est de trouver des hébergements qu’ils s’obstinent à chercher exclusivement sur Booking.com. Et ils pestent déjà sur cette France où "on ne trouve rien".
Et puis, il y a une famille en soirée-étape ici dans leur voyage en voiture vers le Sud, le but du père et du grand garçon étant d’aller grimper le Ventoux à vélo. Quant à la jeune ado, elle est sur son smartphone. Quant à la mère, elle rit aux propos de l’autre femme. Je parviendrai quand même à souder un peu notre groupe en proposant d’ouvrir une bouteille de vin blanc, un Chardonnay de Haute Marne. Ils étaient réticents à priori, mais tout à changé quand ils ont compris que j’offrais la bouteille ! Et chacun boira son verre, sauf les deux jeunes, en trouvant que ce vin s’accorde bien avec le fromage.
Aujourd’hui, merveilleuse matinée sous le soleil jusqu’à la source de La Meuse. J’avais imaginé avoir à remonter avec difficulté une vallée de plus en plus étroite. Mais j’avais tout faux ! En réalité, il n’y a plus de vallée. On se retrouve sur un vaste plateau à peine vallonné. C’est la partie nord du célèbre Plateau de Langres où prennent leur source notamment la Seine, l’Aube et la Meuse. Région essentiellement de pâturages dont l’herbe bien grasse témoigne de l’humidité.
Je parviens en fin de matinée sur le site de la source officielle de la Meuse. Source officielle car ce qui deviendra la Meuse est alimenté par plusieurs rus et la source de l’un d’entre eux a été choisie comme source numéro 1. Il en fallait une et une seule pour les touristes. Le site est bien aménagé avec des tables de pique-nique, dont l’une sous un abri en béton sous tuiles, bien moins joli que nos kiosques réunionnais. J’y fais une assez longue pause et vois défiler de nombreux cyclistes, tous étrangers : Néerlandais, Allemands et peut-être Suisses.
Ici se termine (ou commence) l’itinéraire de La Meuse à vélo. Je pense à Philippe que sa femme a dû venir récupérer ici hier après-midi sur ce plateau désert. Heureusement, un fléchage prend le relai pour conduire les cyclistes jusqu’à Langres. Je vais en emprunter une partie seulement car j’ai de nouveau trouvé pour ce soir une chambre et table d’hôtes, mais un peu à l’écart de l’itinéraire.
Avant de redémarrer, je déguste la quiche précautionneusement achetée en route à Breuvannes-en-Bassigny, seul village traversé encore doté d’une boulangerie. La ligne de partage des eaux insensiblement passée, le relief redevient plus vallonné en s’approchant de la vallée de la Marne. Et bien vite, j’aperçois devant moi le ciel qui s’obscurcit passant du bleu au gris, puis du gris au noir. Tout va très vite : le tonnerre se fait entendre, d’abord lointain, puis de plus en plus proche.
Heureusement, j’arrive alors dans le village de Andilly-en-Bassigny et trouve devant la salle des fêtes fermée une extension abritée sous laquelle j’ai juste le temps de me réfugier avant les premières gouttes. L’épisode orageux va être court, mais très violent, davantage que ceux des deux jours précédents, avec non seulement des trombes d’eau, mais aussi des bourrasques de vent. Je me dis que mon petit vélo aurait été balayé et moi avec !
L’orage s’éloigne, mais la pluie va persister pendant plus d’une heure. Ne voulant pas me mouiller aujourd’hui, j’attends patiemment qu’elle cesse complètement avant de parcourir les dix derniers kilomètres jusqu’à Frécourt où je découvre que mon hébergement de ce soir est plutôt un B&B à l’anglaise tenu par un couple de Belges. Ayant échappé à d’autres calamités, je ferai avec !
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La trace du jour |
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Sur le plateau |
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Ma route |
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La Meuse, grand fleuve européen ! |
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Chardons et tournesols |
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L’église de Pouilly-en-Bassigny |
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La source officielle de la Meuse |
De Frécourt à Foulain via Langres - 55 km
Un peu bizarre ce couple de Belges qui m’a accueilli hier, madame Flamande parlant toujours son néerlandais et peu communicante, monsieur Wallon parlant français et très causant, ancien marchand de tableaux ayant vécu en Angleterre. Plus bizarre encore est leur structure : toutes les parties de la maison, y compris les couloirs et les escaliers, sont occupées par bibelots, gravures et tableaux. Il y a en plus une English Shop, une grande pièce où sont proposés des produits divers : thés, confitures, bières,… Et tout ce qui exposé est à vendre.
Ils ne font pas non plus table d’hôtes à la française, sur une grande table commune. Non, ici, c’est comme au restaurant. Je me retrouve donc seul à une table. Cependant, avec une bonne bière, belge of course, et un repas (le même pour tous) évitant du moins la cuisine anglaise, je ne plains pas !
Aujourd’hui, soleil en début de matinée, puis assombrissent rapide et inquiétant, puis retour progressif du soleil. Ouf, aucune goutte de pluie et aucun coup de tonnerre !
Ce matin, je rejoins rapidement, à travers la campagne vallonée et avec quelques beaux points de vue, le Lac de la Liez qui est un vaste réservoir alimentant le Canal de la Marne à la Saône, aussi appelé Canal entre Champagne et Bourgogne, que je vais suivre dans les prochains jours. Ce lac comporte une zone de loisirs, avec plage, jeux d’eau, location de paddles et de pédalos, mais, à 10 heures du matin, tout est désert. Une dame que j’interroge me dit que ça sera un peu plus animé cet après-midi, mais que le lieu n’a pas beaucoup de succès.
Je pars ensuite à l’assaut de la ville de Langres qui domine nettement la vallée. Je dois avouer que, sur deux tronçons, je mettrai pieds à terre et monterai péniblement en poussant le vélo que je tiens néanmoins à emmener avec moi jusqu’en haut car je veux l’utiliser pour faire le tour des remparts, ce qui serait un peu long à pieds : tour qui fut fait avec bonheur, de points de vue en points de vue, et de tours en tours.
Je parcours aussi le centre ville avec sa longue rue piétonne et commerçante, et ses étroites et pentues rues adjacentes. Et je déjeune au pied de la statue de l’auteur de l’Encyclopédie qui domine la terrasse du restaurant où je me satisfais du menu du jour cat il comporte des paupiettes de veau, plat que je n’avais pas mangé sans doute depuis cinquante ans.
Et puis, c’est la descente, sans mettre pieds à terre ! Finis les vallonnements et les routes de La Meuse à vélo. Retour sur un chemin de halage bien plat, transformé en voie verte, le long du canal. Je m’y sens aussitôt bien et comprends vite pourquoi, en plus de ses deux noms officiels déjà cités, certains l’appellent aussi le Canal Enchanteur. J’aime déjà sa sinuosité, ses bords fleuris, ses rives tour à tour boisées ou s’ouvrant sur la campagne.
Et je découvre la Marne qui est encore étroite et impétueuse, et bien sûr non navigable, sans rapport avec la large et paisible rivière que j’ai connue dans ma jeunesse juste en amont de sa confluence avec la Seine. J’apprécie particulièrement les tronçons où le chemin se situe entre la rivière et le canal lorsque mon oreille gauche perçoit les eaux vives de l’une tandis que mon œil droit observe les eaux calmes de l’autre.
Pour aujourd’hui, je m’en tiendrai à une vingtaine de kilomètres sur cette voie verte bien roulante en m’arrêtant au sud de Chaumont dans le village de Foulain où j’ai pu trouver un simple petit hôtel-restaurant proposant de raisonnables soirées-étapes. Et j’ai eu la joie avant dîner de faire une visio par FaceTime avec ma petite famille réunionnaise : Élise était toute excitée par son premier contact avec l’école et Nath en attente de sa rentrée au collège demain.
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La trace du jour |
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L’église de Neuilly-l’Évêque |
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La campagne avant Langres |
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Les jeux d’eau du Lac de la Liez |
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La plage déserte |
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Vue sur Langres depuis le barrage du lac |
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Le lac vu du barrage |
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Petit train touristique dans Langres |
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Les remparts de Langres |
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Rue étroite vue des remparts |
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Vue depuis les remparts |
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Le long du canal |
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La Marne |
De Foulain à Joinville via Chaumont - 76 km
Dans mon hôtel d’hier soir, nous ne sommes que deux clients, l’autre étant un ouvrier travaillant sur un chantier voisin et en demi-pension ici pour la semaine. Le lieu a de beaux restes, en particulier une magnifique salle à manger avec poutres apparentes, mais son entretien laisse à désirer. La serveuse, d’origine espagnole, semble s’occuper de tout. Elle nous chouchoute un peu et nous sert un repas imposé, mais correct, même si les blancs de poulet un peu secs auraient pu être remplacés par une bonne cuisse.
Aujourd’hui, belle étape, à plat le long du canal, sauf pour le détour vers Chaumont, et sous un soleil permanent procurant une douce chaleur au fil de l’après-midi. Je reste enchanté par ce canal enchanteur dont je fais de bien trop nombreuse photos. Seul déception : en raison de la sécheresse, il est fermé à la circulation fluviale depuis le 14 juillet. Du coup, cela manque d’animation et certains biefs, dont le niveau d’eau est très bas, sont moins charmants.
Deux curiosités à signaler sur ce tronçon. Au niveau de Riaucourt, le canal passe dans un tunnel qui est assez large pour que piétons et vélos puissent l’emprunter : c’est un peu impressionnant, mais heureusement assez bien éclairé. Et, vers Mussey-sur-Marne, le canal change de bord : il passe au-dessus de la Marne sur un pont. Ce n’est pas le premier pont-canal que je vois, mais cela m’étonne toujours !
La visite de Chaumont vaut la peine qu’il faut se donner pour monter dans la ville. C’est que, comme Langres et la plupart des villages, Chaumont ne se trouve pas au fond de la vallée, mais sur ses contreforts. Je parviens cette fois à ne pas mettre pieds à terre en empruntant la départementale qui fait une large courbe pour atténuer la raideur de la pente. Pas de remparts ici, mais un joli parc urbain, des rues piétonnes animées et un bel Hôtel de Ville.
Je ferai plus loin une seconde pause à Bologne, un village qui m’a semblé un peu plus dynamique que les autres sur mon chemin, avec une extension pavillonnaire à sa périphérie et quelques petits commerces de proximité. Et j’y mangerai, sur un banc à l’ombre de la place de la mairie, deux wraps au thon (c’est bon !) acheté à Chaumont et mon avant-dernière madeleine de Commercy, avant de boire un café au petit bar d’à côté.
Je me rends compte qu’il me reste encore une trentaine de kilomètres à parcourir et décide de ne plus faire de pause jusqu’à Joinville. Je renonce à essayer de prendre une photo d’un vol de héron, ce que j’essayais vainement de faire depuis ce matin. Ces volatiles se jouent de moi en prenant leur envol depuis les hautes herbes bordant le canal, en rasant les eaux dans la direction opposée à la mienne, puis en s’élevant pour passer au dessus des arbres hors de ma vue, avant même que j’ai eu le temps de m’arrêter et de sortir ma tablette que j’utilise pour les photos.
En revanche, de jeunes canards se montreront plus coopératifs. Installés bien à l’ombre sur la voie, ils refusent carrément de me céder le passage. Je devrai les effrayer (gentiment) pour qu’ils se poussent un peu, sans aller jusqu’à se mettre à l’eau. Il faut dire qu’il commence à faire un peu chaud, ce qui va justifier pour moi un dernier détour par le centre ville de Joinville pour boire une pression dans le premier bar rencontré, en découvrant du même coup que cette cité est assez jolie.
Je suis ce soir, un peu à l’écart de la ville, au Moulin des Écrevisses, structure qui, outre un élevage d’écrevisses, propose chambres et table d’hôtes. Bon accueil et chambre charmante. J’attends avec impatience le repas…
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La trace du jour |
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Barrage de route ! |
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Parc à Chaumont |
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Hôtel de Ville de Chaumont |
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Sortie du tunnel |
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Mon poste de pilotage |
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Le lavoir de Vouécourt |
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Maigre pique-nique sur un banc |
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Le pont-canal de Mussey-sur-Marne |
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La Marne à Joinville |
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À Joinville |
De Joinville au Lac du Der via Saint-Dizier - 55 km
Belle soirée hier à table en compagnie d’un couple de cyclistes, des retraités Alsaciens, donc presque Français, ayant des conceptions d’un périple à vélo bien différentes des miennes. Leur truc, c’est de "faire du dénivelé" comme ils l’ont toujours fait sur leurs vélos de route. Pour concevoir leur étape du lendemain, ils déploient une carte en papier de l’IGN sur laquelle ils tracent au crayon le parcours qu’ils inventent. Ils n’empruntent que des routes, éventuellement à forte circulation du moment que l’on y trouve de belles côtes ! Du coup, vu leurs âges, ils ne font que de petites étapes le matin et se reposent l’après-midi. Ils sont totalement réfractaires à l’utilisation des outils numériques et leurs vélos, de marques Peugeot pour monsieur et Motobécane pour madame, ont plus de vingt ans d’âge.
Cela écrit, ils sont bien sympathiques et le repas fut convivial. Composé par le propriétaire du lieu, Jérôme, il me ravira avec, en plat principal, une sorte de blanquette de poulet accompagnée d’une ratatouille et, enfin, de riz. La compagne de Jérôme ayant vécu à La Réunion, on parlera aussi rougail saucisses et rhums arrangés. Et, pour finir, j’aurai droit à un rhum vanillé de Guyane.
Ce matin, Jérôme me fait visiter son laboratoire après le départ des deux cyclistes fous, qui veulent rouler le matin "avant la chaleur". Je comprends mieux pourquoi les écrevisses se vendent si chères car il faut compter 4 ans pour qu’elles atteignent une bonne taille propre à la consommation et car c’est un élevage fragile avec des risques de contamination par des champignons.
Le temps sera aujourd’hui idéal pour le pédalage avec une alternance de passages nuageux et d’éclaircies. Je rejoins rapidement la voie verte le long du canal que je vais suivre ce matin jusqu’à Saint-Dizier. Je fais quelques écarts vers les petits villages. Ils sont moins austères que ceux de la Meuse et les mairies font souvent des efforts de fleurissements. Et je suis toujours impressionné par certaines églises surdimensionnées.
À la mi-août, les noisettes ont le cul roux. Ce dicton populaire est ici battu en brèche. En effet, d’après mes nombreuses tentatives depuis plusieurs jours, les noisettes sont ici encore prisonnières de leur involucre. Du coup, elles se cassent facilement avec les dents mais sont tout juste formées à l’intérieur. De plus, elles sont petites et beaucoup sont véreuses. Il me faudra une sévère sélection pour en déguster quelques unes.
J’arrive à Saint-Dizier en fin de matinée. Le canal permet d’arriver en centre ville en toute sécurité en traversant les zones industrielles et commerciales de la périphérie où on aperçoit aussi quelques barres d’immeubles. Je visite à pieds le marché installé sous une halle moderne à l’architecture originale alliant bois et béton que je trouve très réussie. Je m’installe ensuite à une brasserie sur la place centrale où se trouvent le théâtre et l’Hôtel de Ville. Je me laisse tenter par une andouillette, puis par un café gourmand.
Cet après-midi, après encore une dizaine de kilomètres le long du canal, je mets le cap au sud pour effectuer un détour, qui était optionnel dans mon projet, vers le Lac du Der. Je retrouve un peu de vallonnement et des villages toujours sans aucuns commerces, mais qui ont tendance à s’agrandir avec la construction de belles villas dont les habitants appartiennent sans doute à la classe moyenne travaillant sur Saint-Dizier.
Je fais une dernière pause au snack du camping du lac pour boire un Perrier avant de m’installer pour deux nuits consécutives dans une auberge de campagne. Je peux me le permettre car j’ai de l’avance sur mon planning prévisionnel. Demain, je prévois de faire le tour du lac à vélo…
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La trace du jour |
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La mairie fleurie de Bayard-sur-Marne |
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Pénichettes à l’arrêt |
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L’église géante de Roches-sur-Marne |
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Sur le place de Saint-Dizier |
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La voûte de la halle de Saint-Dizier |
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La halle de Saint-Dizier |
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Café gourmand ! |
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La Marne à Saint-Dizier |
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Belle villa à Ambrières |
Autour du Lac du Der - 47 km
Mon auberge de campagne, La Bocagère, est installée dans un ancien corps de ferme à pans de bois du plus bel effet. Cependant, elle ne propose pas de restauration en été, ce qui n’est pas trop grave car la crêperie voisine, que j’ai testée hier soir, fait de bonnes galettes salées et crêpes sucrées. Plus gênant pour moi, il n’y a pas de Wifi et très peu de réseau, ce qui rend difficile la publication de mes articles.
Cette faiblesse du réseau est un révélateur supplémentaire du caractère déshérité de cette région. Depuis plusieurs jours, je saisis toutes les occasions pour faire parler différentes personnes : pêcheurs, promeneurs de chiens, voisins de table, patrons et clients de bars, propriétaires de mes chambres d’hôtes,… De façon surprenante, ils dévoilent souvent rapidement leurs problèmes personnels qui touchent à la mort, la maladie, l’isolement,…
Et puis, on en vient aux difficultés économiques et sociales : disparition des anciennes fonderies, des emplois industriels en général, des bases militaires, des petits commerces, de la poste, des médecins, et en fin de compte des habitants eux-mêmes. La Haute Marne serait un des départements qui se dépeuplent le plus. Saint-Dizier serait un peu épargné avec le maintien du glacier Miko (même restructuré) et surtout de la grosse base de l’Armée de l’Air avec les Rafales (très bruyants).
Aujourd’hui, le tour du lac m’a pris toute la journée ! Il faut dire que j’ai fait beaucoup de pauses (photos, observations, lectures de panneaux, déjeuner, bain) et de détours vers les presqu’îles côté lac et vers les prés, les étangs ou les bois côté extérieur. Je rentre aussi dans plusieurs campings pour me faire une idée des lieux et des occupants. Ce sont de petites structures populaires avec surtout des mobiles-homes bien abrités sous des arbres (souvent des bouleaux), des aires de jeux pour les enfants, des terrains de pétanque, un snack-bar, plus rarement une piscine avec des jeux d’eau.
Il y a en fait ici deux saisons touristiques tout à fait différentes. En été, il fait beau et le lac est plein (en théorie !). Ce sont alors les familles, françaises pour la plupart, qui viennent profiter des plages, des promenades à pieds ou à vélo, des tours en bateaux sur le lac, et qui s’installent dans les campings. En hiver, le lac est presque vide et les grues cendrées en ont fait une étape dans leurs migrations, aussi bien lors de leur descente vers le sud que lors de leur retour. Ce sont alors les ornithologues, des étrangers pour la plupart (et surtout encore des Néerlandais !), qui viennent en observations et logent dans les hôtels ou les gîtes.
La variation de niveau du lac vient du fait qu’il s’agit d’un réservoir artificiel dont la mission est de stocker les eaux de la Marne en fin d’hiver et au printemps pour éviter les inondations en aval sur le bassin de la Seine, et de restituer ces eaux lorsque le niveau des rivières devient au contraire trop bas. Il y a trois autres lacs-réservoirs, installés sur l’Yonne, l’Aube et la Seine, pour assurer cette régulation, le Lac du Der étant de loin le plus grand. Et voilà pourquoi le niveau de la Seine â Paris est toujours à peu près constant.
Au total pour moi, cette journée fut à la fois instructive et récréative ! Et j’ai pris soin de réserver une table à la crêperie. Tout va bien !
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La trace du jour |
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Mon auberge, La Bocagère |
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Toilettes bien décorées (à l’extérieur !) |
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Côté lac |
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Côté campagne |
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Inévitable : le petit train touristique ! |
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Un des 3 ports |
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Une des 6 plages (la plus grande) |
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Dans la forêt |
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Sur la digue |
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Mobiles-homes sous bouleaux |
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Église en partie à pans de bois |
Du Lac du Der à Sarry via Vitry-le-François - 67 km
Hier soir, je mange une galette au sarrasin et une crêpe au froment, accompagnée chacune d’une bolée de cidre, tout en profitant du faible réseau pour faire passer sur mon blog les photos illustrant l’article du jour, ce qui prendra suffisamment de temps pour justifier un Calva en digestif.
Ce matin, départ à 6h30 sans autre petit-déjeuner que la dernière madeleine de Commercy et un verre d’eau. C’est que je voulais faire la plus grande partie de mon étape le matin en raison des fortes chaleurs annoncées pour l’après-midi. Mais, une fois de plus, je ne trouverai pas lesdites chaleurs si fortes que cela. Il est vrai qu’un cycliste génère son propre vent rafraîchissant en fendant l’air !
J’adore cette heure qui, après le lever du jour, précède celui du soleil. Les hommes dorment encore, mais les animaux se montrent. Un chevreuil et deux faons, dans un pré à la lisière d’un bois, me regardent passer et puis s’enfuient lorsque je m’arrête. Quelques lapins gambadent follement dans les champs de blés coupés. Mais l’un d’eux aurait dû s’abstenir de traverser la route cette nuit.
Le seul village traversé avant de rejoindre le canal s’appelle Hauteville et, comme attendu, une belle côte est à négocier pour l’atteindre sur sa colline. Mais ce sera la seule petite difficulté de la journée. Le soleil se lève alors que je suis encore dans la campagne, puis s’élève rapidement. Ses rayons rasant projettent mon ombre loin dans les champs et cela me procure un drôle d’effet. J’engage la course, mais ne parviendrai pas à rouler plus vite qu’elle !
Je rejoins ensuite mon canal enchanteur qui l’est moins sur ce dernier tronçon plus rectiligne et toujours fermé à la circulation fluviale. De plus, plusieurs écluses sont en travaux et je déplore une fois encore que beaucoup d’anciennes maisons éclusières soient laissées à l’abandon alors que ce sont de belles bâtisses. Certaines ont d’ailleurs été louées ou vendues à des particuliers qui les ont bien restaurées.
J’arrive à Vitry-le-François après 2 heures de pédalage et me paie un café-croissant au bar sur la place de la cathédrale autour de laquelle le centre ville, sans charme particulier, s’organise en carré. Vitry-le-François, comme je l’avais lu sur l’un de mes sites de références, Vélo-Canaux-Dodo, ne fait aucun effort pour les cyclistes alors que la ville est située au carrefour de trois canaux, le Canal entre Champagne et Bourgogne provenant de la Saône et par lequel j’arrive, le Canal de la Marne au Rhin qui part vers l’Est et le Canal latéral à la Marne que je vais maintenant suivre.
Ce nouveau canal se révèle d’emblée fort agréable avec ses rives boisées laissant apparaître par instant des pans de falaises calcaires, signe que l’on entre ici dans la Champagne crayeuse. Du coup, de loin en loin, apparaissent des usines de fabrication de craie, des fours à chaux et des cimenteries. Les matériaux produits sont acheminés vers la région parisienne sur de grosses péniches marchandes. Celles-ci peuvent emprunter le canal qui ne connaît pas de problème de niveau d’eau grâce aux apports de la Marne et indirectement du Lac du Der.
À Pogny, seul village pourvu de commerces sur mon chemin, je me dirige vers le centre commercial que j’avais repéré sur Internet. Si la fermeture de la boulangerie le lundi était bien annoncée, celle de la brasserie, en congés annuels, ne l’était pas. Seul le petit Intermarché est ouvert. C’est là que j’achèterai à la fois de quoi me faire un pique-nique pour midi et un dîner pour ce soir, car la chambre d’hôtes que j’ai pu difficilement trouver ne fait plus table d’hôtes : journée frugale !
Cependant, le pique-nique ayant été vite ingurgité sur une table à l’ombre, je décide de continuer à pédaler, toujours sur la voie verte aménagée sur le chemin de halage et maintenant dénommée "La Marne à vélo", jusqu’à Châlons-en-Champagne, nouveau nom de Châlons-sur-Marne. Je ne fais qu’aborder la ville, que je traverserai demain, pour me désaltérer d’une Leffe blonde au bar installé en bord de Marne dans un grand parc très fréquenté par la population à la recherche de fraîcheur.
Et puis, pour ne pas revenir tout à fait sur mes roues, je me rends par le route jusqu’à Sarry où se trouve la structure qui m’accueille ce soir. Le nom, La Janenquelle, est joli et la chambre est cosy, mais les propriétaires ont cessé leur activité de table d’hôtes "depuis le Covid". J’irai déguster mon repas froid dans la salle du petit-déjeuner.
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La trace du jour |
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La Blaise (affluent de la Marne) |
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Lever de soleil |
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Dernier tronçon du Canal entre Champagne et Bourgogne |
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Maison éclusière à l’abandon |
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La cathédrale de Vitry-le-François |
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Le long du Canal latéral à la Marne |
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Une usine à craie |
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La Marne à Pogny |
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Cimenterie et grosses péniches |
De Sarry à Ambonnay via Châlons-en-Champagne - 45 km
Rapide, léger et tristounet repas hier soir, seul dans une salle sombre, portes et fenêtres étant fermées pour ne pas laisser entrer la fameuse chaleur. Je ne parviens pas à ingurgiter entièrement la très compacte "Salade du large" en conserve constituée de riz, thon et condiments. Je me rabats sur deux Pom’Potes que je tète aisément en pensant à Élise.
Ce matin, je fais la grasse matinée jusqu’à 7h30. C’est que, même avec le détour par le Lac du Der, je suis encore en avance sur mon timing et que mes deux dernières étapes vont être courtes. Je prends le petit-déjeuner avec la propriétaire qui m’explique que La Janenquelle est surtout une grosse ferme céréalière, les chambres d’hôtes n’étant qu’un complément. Elle me parle de leurs voyages avec son mari, dont l’un récemment à La Réunion, et je comprends bien qu’ils ne sont pas dans le besoin !
Je reprends ensuite mon pédalage le long du canal, évite un petit animal roux qui est un concurrent dans ma quête de noisettes, traverse Châlons sans entrer dans la ville, poursuit jusqu’à Condé-sur-Marne, puis Tours-sur-Marne, tout cela cependant avec mes habituels détours vers les petits villages pour constater que, s’ils ne recèlent toujours aucuns commerces, ils sont nettement plus riants que ceux de la Meuse ou de la Haute Marne. Et avec aussi mes habituelles pauses pour photos ou discussions.
Je m’intéresse d’abord à l’éclusage d’une péniche. C’est impressionnant car il ne reste qu’un espace de quelques centimètres entre la largeur de la péniche et celle de l’écluse. Mais, aucun risque, tout est automatisé. Le pilote, qui est seul à bord, a les mains libres et la langue aussi. Il m’explique qu’il vient de Rouen avec un chargement de charbon (importé par mer !) qu’il va livrer à une usine en amont pour le fonctionnement de ses fours. Au retour, il transportera du calcaire concassé pour alimenter une cimenterie à Poissy en région parisienne.
Les écluses sont ici conformes au célèbre gabarit Freycinet et permettent le passage de péniches au format normalisé de 5,05 mètres de large et 38,50 mètres de long. Le canal étant envasé, la circulation est parfois difficile. La vitesse maximale autorisée de 8 km/h est rarement atteinte et le croisement de deux péniches est une manœuvre délicate. Ce moyen de transport est donc très lent : en 12 heures de navigation par jour, de 7h à 19h, on ne parcourt qu’une quarantaine de kilomètres en ayant effectué entre 10 et 15 éclusages.
Je croise ensuite un couple d’Italiens, randonneurs et campeurs, qui parcourent la Voie Francigena qui relie Canterbury à Rome. L’année dernière, ils ont fait la partie sud de Suisse en Italie. Cette année, c’est la partie nord qu’ils ont prévu de faire en un mois. Notre discussion en anglais, assez difficile, se déroule lors d’une pause commune sous de magnifique platanes, arbres dont je leur apprends le nom en français.
Plus loin, je rejoins un jeune papa cycliste qui promène son fils de 2 ans, à l’aise dans un siège confortable et sécurisé installé à l’arrière de la selle. Je me porte à sa hauteur et engage la discussion. Nous allons ainsi parcourir 5 kilomètres ensemble avec le petit qui nous signale la présence de cygnes sur le canal. Je lui parle un peu de mon périple et il me dit que j’ai de la chance d’obtenir de ma femme un congé matrimonial de 15 jours. Lui, il a eu du mal à obtenir 3 jours pour aller pécher au bord d’un étang avec des copains ! Il a raison : j’ai de la chance. Merci, Marie-Claude.
Mais je me suis ainsi laissé entraîner jusqu’à Tours-sur-Marne au delà de Condé-sur-Marne où j’aurais dû bifurquer. Pas grave du tout, surtout que je trouverai à Tours une boulangerie étonnamment moderne où je pourrai, après mon modeste pique-nique, déguster une honorable tarte au citron meringuée accompagnée d’un café.
Cet après-midi, je fais demi-tour pour rejoindre Condé où se trouve l’embranchement avec le Canal de la Marne à l’Aisne. Il y a là un port fluvial bien fourni en bateaux de plaisance dont je n’ai toujours pas vu un seul naviguer depuis 2 jours. Il n’y a d’ailleurs aucune animation, ni au port, ni dans le village où les deux seuls commerces sont fermés, la boulangerie en congés annuels et le bar-restaurant définitivement. Je rencontre là un couple de motards vendéens désespérés par l’impossibilité de boire une bonne bière dans un quelconque village.
Il ne me reste que quelques kilomètres à parcourir, d’abord en longeant le Canal de la Marne à l’Aisne, puis sur petites routes à travers la campagne pour rejoindre le village d’Ambonnay qui est situé au pied de la Montagne de Reims, juste à la limite entre la plaine céréalière et les coteaux viticoles. Je suis bien installé à l’Auberge Gourmande, une structure qui fait à la fois chambres d’hôtes et restaurant. Avec un tel nom, j’espère me régaler ce soir après plusieurs repas minimalistes…
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La trace du jour |
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Passage à Châlons-en-Champagne |
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Deux cygnes lointains |
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Un cygne curieux |
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Croisement difficile |
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Ça entre de justesse ! |
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Sous les platanes |
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Entreprise de dévasage |
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À Condé-sur-Marne |
D’Ambonnay à Reims via Sillery - 36 km
Cette Auberge Gourmande tient sa promesse : repas somptueux hier soir avec entrecôte marchand de vin servie bleue et accompagnée d’un verre de vin rouge d’Ambonnay (un pinot noir qui vaut bien certains bourgognes) et café gourmand (mais en remplaçant le café par une flûte de champagne !), avec un service souriant assuré par la patronne, Laurine, et sa fille.
Ce matin, je n’écoute heureusement pas les mises en garde de Laurine qui m’assure que "ça monte dur jusqu’à Trépail" quand je lui fait part de mon intention de passer par les coteaux. Ça montera un peu dur en effet, mais ça vaudra le coup et j’en prendrai plein les yeux pour rester dans le même registre langagier. Je roule à travers vignes avec de beaux points de vue successifs vers les paysages donnant sur le plaine d’un côté et sur les contreforts boisés de la Montagne de Reims de l’autre.
À Trépail, je pars à l’assaut des hauts du village en suivant des panneaux promettant une boulangerie. Une habitante interrogée m’apprendra que ladite boulangerie a disparu depuis bien longtemps et qu’il n’y a aucun autre commerce dans ce village de 500 habitants. Il y a seulement un commerçant ambulant qui passe une fois par semaine et vend un peu de tout pour les besoins des personnes âgées. Quant aux couples actifs, ils sont du genre mari à la vigne et femme travaillant sur Reims.
Je plonge ensuite dans la plaine par une longue descente rectiligne dans laquelle j’établis sans doute mon record de vitesse. Je traverse à la suite la ligne de TGV-Est et l’autoroute A4, dont la proximité permet au moins de ne pas dédoubler les nuisances sonores, puis rejoins le Canal de la Marne à l’Aisne que j’avais abandonné hier après-midi. Entre temps, il est passé dans un tunnel de plus de 2 kilomètres dans lequel je n’aurais pas pu le suivre.
J’emprunte le chemin de halage qui n’est pas ici continûment revêtu. On a souvent le choix entre deux étroites bandes de roulement en terre de part et d’autre d’une partie herbeuse. Les rives sont moins arborées, mais on voit de jolis bouleaux, de grands noyers bien chargés (mais il faudrait repasser dans un mois pour la cueillette) et des noisetiers avec de belles noisettes enfin mûres dont je fais une bonne récolte.
Je passe devant le "Zig-Zag Parc, parc de la famille", installé en pleins champs et comportant grands toboggans et jeux gonflables. En cette fin de matinée, c’est l’affluence, non seulement des familles, mais aussi des marmailles de centres aérés qui arrivent en bus. Je tente de prendre une photo pour Élise de loin à travers le grillage.
Peu avant Sillery, je me pose sur un banc pour finir mes restes : 3 bâtonnets de saucisson sec au Roquefort et ma dernière Pom’Potes. Et j’ai la surprise de trouver ensuite dans le village une boulangerie moderne, semblable à celle d’hier, où je ne déroge pas à la tartelette au citron meringuée, meilleure que celle de la veille, suivie d’un café ni gourmand ni arrosé.
Je ne quitte pas Sillery sans aller voir sa nécropole nationale. Elle regroupe les corps de 11 228 Français, dont 5 548 en ossuaire, et de 2 Tchèques. L’importance et la précision de ce décompte macabre m’impressionne. Le champ de croix aussi, d’autant que chaque croix commémore deux soldats, inhumés têtes bêches. Comme à Berry-au-Bac il y a deux semaines, je déambule entre les croix et lis quelques inscriptions. Chacune indique : les nom et prénom, le régiment, la date du décès entre 1914 et 1918, et la mention "Mort pour le France". On ressort de là les jambes coupées !
Quelques kilomètres avant Reims, le chemin de halage devient une "coulée verte" bien aménagée. On atteint ainsi la ville en douceur et en sécurité. Au Pont de Vesle, un ascenseur permet aux vélos d’éviter l’escalier et on atteint ensuite le centre ville en traversant le Parc de la Patte d’Oie qui comporte de beaux arbres et des pièces d’eau très fréquentées cet après-midi.
Et voilà, la boucle est bouclée ! Je suis installé dans une petite chambre single d’un hôtel proche du centre-ville et de la gare. Manu vient de passer récupérer mon vélo qui n’aura pas rechigné malgré ce que je lui ai fait subir certains jours ! J’irai ce soir dîner au restaurant raisonnablement et tenterai de publier demain un dernier article dressant le bilan de cette aventure…
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La trace du jour |
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Le vignoble d’Ambonnais et le village à l’arrière-plan |
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Plaine, vignobles, villages et forêt |
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Chemin de halage non revêtu |
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Récolte de noisettes sur selle |
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Entre bouleaux et canal |
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Le port de Sillery |
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La nécropole nationale de Sillery |
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Club de canoë |
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La coulée verte avant Reims |
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Le port de Reims |
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Au Parc de la Patte d’Oie |
Le bilan - Jeudi 24 août 2023
Hier soir, afin de rester raisonnable, je choisis stratégiquement un restaurant un peu gastronomique. La queue de lotte servie sera tellement courte que je serai obligé de passer par un plateau d’échantillons de fromages avant de terminer par un dessert au chocolat aussi délicieux que minuscule. Comme attendu dans ce type de restaurant, tout est très bon, mais il ne faut pas avoir trop faim. Et comme ne dirait pas un critique gastronomique, le rapport quantité/prix est perfectible !
Ce matin, je me réveille assez tôt pour envoyer un message à Marie-Claude avant qu’elle embarque et pars faire un tour à pieds dans la ville encore déserte. En un adjectif, c’est cossu. Je me sens obligé d’aller jusqu’à la cathédrale qui aurait besoin de réfections et de nettoyages. Et puis je prends mon café-croissant dans un bar d’habitués où les poignées de mains sont la règle et les conversations sur divers sujets s’engagent facilement.
Je tergiverse, mais je dois en venir au bilan de ce périple à vélo qui est théoriquement l’objet de ce dernier article. Le plus simple est de commencer par les statistiques. En réunissant les 15 traces journalières, j’obtiens un total de 911 kilomètres parcourus en 15 jours, ce qui donne une moyenne légèrement supérieure à 60 kilomètres par jour. C’est un peu plus que ce qui était prévu en raison de mes erreurs de parcours de l’étape 2, des détours liés à la difficulté à trouver des hébergements, et de l’escapade non programmée vers le Lac du Der.
Globalement, c’est un large sentiment de satisfaction qui domine. Mon physique a tenu le coup, mieux que ce que je pensais compte tenu de mon corps arthrosé et de la difficulté de quelques tronçons en remontant la Meuse. Le vélo m’a bien soutenu, même si j’aurais aimé qu’il possède un ou deux plus petits développements supplémentaires et qu’il s’abstienne de crever sous la pluie et de la roue arrière. Mon équipement, de plus en plus léger, a été juste suffisant, presque tout ayant servi sauf, heureusement, la trousse de secours.
Les paysages m’ont ravi aussi bien ceux des bords de canaux ou de rivières, auxquels je suis habitué, que ceux des campagnes dans leur diversité : champs de céréales ou de betteraves ; prés à vaches, moutons ou chevaux ; parties boisées d’un harmonieux mélange de feuillus. Et l’observation de quelques animaux sauvages est toujours un plaisir : hérons, cygnes, canards ou poules d’eau sur un canal ; chevreuils, lapins ou écureuils dans un champ ou un bois ; oiseaux au dessus d’un étang ou autour du Lac du Der.
Les vraies rencontres ont été rares en raison de la nature des hébergements que j’ai pu trouver, principalement des hôtels ou des chambres d’hôtes sans table d’hôtes. Mais j’ai quand même pu engager beaucoup de petites discussions agréables et instructives. Et il y eut quelques soirées particulièrement conviviales : à Sedan avec mes amis Hélène et Jacques, à La Ducasse avec Philippe, chez Marie-Claire avec la bande de Néerlandais, et au Moulin des Écrevisses avec Jérôme, sa compagne et le couple de cyclistes alsaciens.
Ce fut surtout un voyage plein de contrastes : des villages austères dans la Meuse ou la Haute Marne, nettement plus gais en Champagne ; des villes sinistrées au passé pesant comme Sedan ou Verdun, dynamiques comme Châlons ou Reims situées à moins d’une heure de Paris en TGV ; une vie difficile pour beaucoup dans des lieux sans commerces ni services, de l’opulence pour les gros propriétaires de fermes céréalières ou d’exploitations viticoles ; du plaisir à visiter le Musée de la Bière à Stenay, de l’émotion dans les nécropoles nationales de Berry-au-Bac et de Sillery ; et des journées entières ensoleillées, d’autres ponctuées de violents orages.
Pour terminer, j’ajoute juste que je ne suis pas satisfait de la qualité des photos postées sur ce blog, à l’exception visible de celles de la première étape prises avec mon smartphone. Mais le passage des photos du smartphone à la tablette, via le Cloud, prenait trop de temps et l’utilisation du smartphone pour suivre et enregistrer mon parcours était plus pratique. J’ai donc dû utiliser la tablette pour les photos. Le rendu est moins bon et surtout on ne peut guère zoomer sans flouter ! Je chercherai une autre solution à l’avenir, manière de dire que ce périple n’est peut-être pas le dernier…
Pour celui-ci, merci à ceux qui ont posté des commentaires ou qui m’ont envoyé des messages, auxquels je n’ai généralement pas répondu (il est difficile d’écrire en pédalant), et à ceux qui m’ont suivi sans se manifester. Merci surtout à toute ma famille de France et de La Réunion, en particulier à Max qui a dû attendre son tonton, à Élise qui est troublée par l’absence de son papy et à Marie-Claude que je suis si impatient de retrouver ce soir à Orly.
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La réunion des 15 traces journalières : 911 kilomètres |
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La cathédrale de Reims |
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