Gironde et Landes à vélo

Le projet - Mercredi 29 mai 2024

Marie-Claude m’ayant à nouveau donné son accord bienveillant, teinté d’un fond perceptible d’inquiétude, je vais me lancer dans un septième périple à vélo en solitaire dans une région de France. Avec involontairement un an de plus et volontairement quelques kilos de moins, j’ai décidé, ceci compensant cela, d’essayer de maintenir les normes désormais bien établies : deux semaines de pédalage sur un vélo musculaire avec des étapes journalières d’une soixantaine de kilomètres en moyenne.

J’ai conçu cette année une boucle au départ de Bordeaux qui n’est nulle part répertoriée mais qui utilise des tronçons de trois itinéraires pour cyclotouristes : le tour de Gironde, la Vélodyssée et la Scandibérique. Plus précisément, il s’agira de suivre la Gironde jusqu’à son embouchure, de descendre le long de la côte atlantique de Royan à Bayonne, de remonter vers la Garonne à travers les terres des Landes de Gascogne, et de rejoindre enfin Bordeaux.

Ne connaissant quasiment pas toute cette région et souhaitant appréhender un peu ce qui m’attend, j’ai lu sur Internet de nombreux descriptifs, témoignages et avis. Il en ressort que ce devrait être un parcours nettement moins austère que certains des précédents avec des atouts appréciables : des paysages variés, des sites remarquables, des spécialités culinaires salivantes, des vignobles enivrants. Et on peut espérer, avec moins de certitudes, une météo clémente sans vents de face trop forts, ni chaleurs trop intenses, ni orages trop violents.

Ayant par expérience une confiance limitée dans la signalétique sur les itinéraires cyclistes, j’ai enregistré sur ma tablette les traces des voies vertes et véloroutes susceptibles d’être empruntées. J’ai même prévu quelques variantes qui pourraient servir à agrémenter le parcours si je trouve le temps de batifoler un peu, ou à le raccourcir si au contraire mon timing prévisionnel se révèle trop juste.

Petit problème : aucun hébergement n’est réservé ! Mais j’ai pris beaucoup de temps à sélectionner le long de l’itinéraire des structures à prix abordables de tous genres : petits hôtels, chambres d’hôtes, gîtes d’étapes, studios, etc. Il me restera à piocher dans la liste pour réserver au dernier moment, soit directement par téléphone (ce qui est préférable), soit via Booking ou Airbnb, en espérant ne pas devoir coucher dehors.

Et grosse contrariété : la semaine dernière, j’ai fait une chute sur le parking d’un supermarché en buttant contre une bouche d’égout mal enfoncée. Mon genou droit a pris tout le choc. Rien de cassé, mais, contusionné, il est resté plusieurs jours enflé et douloureux, nécessitant glaçages répétés et immobilisation relative. Cela va maintenant mieux et j’ai pu faire un petit test à vélo : ça roule à condition de ne pas forcer !

Sans grand espoir, j’ai cherché ce matin un peu de réconfort sur le site de Météo France. J’y apprends avec intérêt que, pour les deux prochaines semaines, en ce qui concerne la région désormais appelée Nouvelle Aquitaine, « aucun scénario dominant ne se dégage actuellement ». Une incertitude de plus !

J’espère cependant que le top départ pourra bien être donné demain à 14 heures comme prévu, après une nuit en avion entre La Réunion et Orly puis une matinée en taxi et TGV jusqu’à Bordeaux où je prendrai possession d’un vélo à la boutique « Pierre qui roule » en souhaitant que la mésentente sur le prénom ne s’étende pas à la qualité du vélo et à son équipement !


Les traces enregistrées de voies vertes et véloroutes 


Les traces des 6 précédents périples et, en vert, celle du projet


Commentaires

Monique S.

Wopé, Marc ! Tes périples, le fait que tu les fasses, la bienveillance de Marie-Claude, m'interpellent et nous aurons l'occasion d'en parler. Pour l'heure, mon amitié t'accompagne.

 

Chantal L.

Bon courage Marc. J'espère que tout "roulera" comme tu veux... Tu as choisi un très beau parcours.
Souhaitons que Marie Claude ne soit pas trop inquiète pour toi. Bisous à elle et à ta petite famille.

 

Jean-Claude S.

Bonne route et tu vas trouver de très bons Médocs sans ordonnance ! Et dans les Landes beaucoup de pins et de plat (j'ai pas dit de bons plats à déguster, mais de plat à vélo !).

 

Aurélien C.

Bonjour Marc. Quel beau nouveau défi, c'est enthousiasmant. Profite bien de ces déambulations cyclistes (et sans doute méditatives) dans cette belle région. Bon courage.

 

Jean-Paul G.

Bonsoir Marc. J'espère que le genou sera rétabli malgré l'étroitesse des sièges de l'avion. Bon courage pour ce très long périple et au plaisir de te lire chaque jour. Garde un peu de forces pour le canal des Congres, dernière semaine de juin !

 

Sabine

Bravo pour ce nouveau défi ! À cœur vaillant, rien d’impossible ! Marie-Claude sait ce dont tu as besoin, elle t’accompagnera par la pensée chaque seconde. Amitiés.

 

Isabelle

Une belle région que tu vas nous faire découvrir par ton journal toujours passionnant. Bonne découverte.

 

François et Michèle

Nous allons suivre ton périple comme chaque année avec grand plaisir. Nous connaissons un peu cette région, nous y avions pédalé à la sortie du Covid. Si tu fais étape à Montalivet, nous avions très bien déjeuné au restaurant la Part des Anges. Nous espérons que la météo sera clémente pour que tu puisses profiter de chaque instant au maximum.

 

Nolwenn

Bravo pour ton blog et pour ton projet ! Dommage que tu passes dans cette région la seule année où nous n'y sommes pas, nous aurions pu t'héberger à Cazaux. J'espère que toutes les bonnes conditions seront avec toi ! Bisous.


Etape 1 - Jeudi 30 mai - de Bordeaux au Pian Médoc - 27 km

Nuit toujours aussi pénible dans l’avion : siège étroit et inconfortable, dîner tout juste mangeable. En un mot : la bétaillère ! Je déambule beaucoup dans les couloirs pour délasser un peu dos et genoux. Et la mauvaise qualité des images, et surtout du son, me gâche le plaisir du visionnage du film Anatomie d’une chute de Justine Tiriet que nous avions raté, Marie-Claude et moi, lors de son passage à La Réunion et qu’il nous faudra revoir dans de meilleures conditions.

Arrivée à Orly peu réjouissante : fraîcheur matinale et ciel très nuageux. N’ayant pas de bagages en soute, je sors dans les premiers et devrai attendre le chauffeur de taxi qui devait m’attendre ! Mais, mandaté par Air France, il me conduira bien, ainsi que deux autres passagers, et malgré les embouteillages, jusqu’à la gare de Massy où, mon TGV pour Bordeaux étant annoncé à l’heure, je prends la décision de faire comme prévu une première demi-étape à vélo cet après-midi et réserve en conséquence un hébergement pour ce soir.

Trajet en TGV sans problème : confortablement installé, je n’ai pas senti passer les 3 heures, entre somnolences intermittentes et observation béate des paysages avec toutes leurs nuances de vert. À la sortie de la gare Saint-Jean, je m’engouffre illico dans le tram de la ligne C et descends sans hésiter aux Quinconces, tout ayant été bien repéré à l’avance. Une certaine modernité apportée par les lignes de tramway n’efface pas le caractère bourgeois du centre-ville.

Pour déjeuner avant de pédaler, j’évite les grandes brasseries et choisis un petit restaurant bien sympathique situé dans un de ces passages secrets perpendiculaires aux boulevards. J’y déguste un délicieux pluma de porc au piment d’espelette, le pluma étant un morceau recherché, situé derrière le cou et particulièrement onctueux. C’est aussi tendre que le filet mignon, mais plus savoureux. Je me paye aussi mon premier verre de bordeaux, un Graves tout à fait honnête. En revanche, la tarte au citron meringuée se révélera décevante.

À 14 heures précises, je prends possession de mon vélo comme convenu à la boutique « Pierre qui roule ». Il répond pleinement à mon attente, de même que les équipements fournis. Je procède au transvasement de mes affaires, bien conditionnées dans des sacs plastiques étanches, du sac de voyage vers les sacoches, je me change discrètement dans l’arrière boutique pour passer en tenue de cycliste, et voilà Marc qui roule !

Mon parcours du jour ne sera pas des plus fantastiques. Il s’agit essentiellement de s’extraire de l’agglomération bordelaise par des pistes cyclables certes bien sécurisées et bien signalisées, mais restant à proximité des grands axes de circulation. Les abords du lac pourraient être un peu plus riants, mais ils sont marécageux et je n’ai pas réussi à m’approcher de l’eau. Sorti du centre-ville, on traverse successivement les quartiers périphériques avec leurs grands immeubles sociaux, les zones industrielles et commerciales, les banlieues pavillonnaires plus aisées, pour atteindre enfin la campagne avec vignobles et forêts.

C’est là que je me trouve ce soir en demi-pension dans une auberge d’apparence bien agréable. Mon genou droit ne s’est pas montré plus récalcitrant que mon genou gauche malgré un pédalage assez soutenu en raison d’un vent parfois contraire soufflant en rafales, donc tout va encore bien…


La trace du jour


Un tramway bordelais 


Mon vélo sur les rives de la Garonne


Commentaires

Tony

Le pluma de porc, je n'avais jamais entendu parler ! Quand j'avais fait le canal du midi, on avait aussi débarqué à Bordeaux, puis train jusqu'à Sète. C'était en 2014.

 

Claude et Marie-Joe

Salut Marc. On va suivre ton périple… Merci pour toutes ces explications. Courage et grosses bises.

 

Patrice C.

Bon, tu as quitté la rampe de lancement après avoir fait le plein (de super semble-t-il). Je te souhaite bon courage ... sous un ciel clément !


Etape 2 - Vendredi 31 mai - du Pian Médoc à Vitrezay - 70 km

Excellent dîner hier à l’Auberge du Pont Bernet, avec salade de gésiers de poulet, ris de veau accompagné de polenta et mousse au chocolat. Côté boissons : un kir médocain à l’apéro, un verre de Haut Médoc et un Cognac de l’Ile de Ré pour digérer. Ce sont là de bons médicaments : plus besoin de paracétamol pour dormir sans trop de douleurs ! Mais on ne peut pas gagner sur tous les plans : vilaine grise nocturne de crampes dans la cuisse gauche !

Ce matin, j’ingurgite très vite un léger petit-déjeuner car il me faut partir tôt pour attraper à Lamarque le bac de 9h30 qui me fera traverser la Gironde, le suivant n’étant annoncé que 2 heures plus tard. Et je roule ensuite à un bon rythme en raccourcissant autant que possible l’itinéraire du Tour de Gironde, par ailleurs mal signalisé sur ce tronçon. Ce sera au prix de quelques portions de routes à partager, avec un peu de désagrément mais sans grand danger, avec les voitures.

Sur ces 25 kilomètres, je vais passer au plus près de plusieurs dizaines de châteaux ! Mais rien à voir avec les châteaux de la Loire. Le terme « château » désigne ici une appellation et, à quelques notables exceptions prés, les demeures sont de gros bâtiments massifs sans aucun charme. Ce dernier est assuré par les jolis rosiers rouges qui bordent certains karo de vignes, par les coquelicots, rouges aussi, qui parsèment les zones de friches, et par les parties boisées d’un heureux mélange de feuillus.

J’arrive à Lamarque juste pour assister à la fin du débarquement du bac, pas évident pour les camping-cars. La traversée ne prend qu’une vingtaine de minutes avec à bord voitures, motos, vélos et passagers parmi lesquels une trentaine d’écoliers surexcités que leurs professeurs emmènent en visite de la citadelle de Blaye. Une fois débarqué, je ferai moi aussi une partie du tour de cette citadelle, sans y pénétrer et en m’abstenant également de visiter la ville.

De Blaye à Etauliers, l’itinéraire s’éloigne de la Gironde en empruntant une piste cyclable aménagée sur l’emprise d’une ancienne voie ferrée. C’est très plaisant, tout en douceur des pentes comme des courbes. Et on retrouve en cette rive droite les mêmes paysages que ceux de la rive gauche bien que l’on soit passé des vignobles du Haut Médoc à ceux des Côtes de Blaye. À Etauliers, je trouve un restaurant inespéré dans lequel je me paye une honnête cuisse de canard confite et une tarte au citron meringuée à nouveau décevante.

Le parcours se poursuit ensuite sur des routes partagées, mais avec beaucoup moins de circulation que sur celles du matin et avec une bien meilleure signalétique. Les parcelles de vignes ne sont jamais bien grandes et sont parfois joliment enchâssées dans des parties boisées. De belles propriétés se laissent admirer avec des cours merveilleusement fleuries. Seuls les centres des villages sont moins plaisants avec des maisons à un étage aux murs gris et tristement alignées le long de la rue principale.

Et puis on se rapproche à nouveau de l’estuaire et tout change. On entre dans une zone de marais quadrillée par tout un réseau de canaux. Les parcelles ainsi délimitées sont occupées soit par des champs (récemment labourés en ce moment), soit par des prés à vaches ou plus rarement à chevaux, soit encore par des ajoncs. Tout cela est du plus bel effet mais, en suivant les canaux, les routes comportent de longues lignes droites que j’aurai bien du mal à négocier avec, à plusieurs reprises, un vent carrément de face.

Sur la fin, je contourne l’imposante centrale électrique du blayais. C’est sans doute pour compenser cette atteinte à la nature qu’une vaste réserve ornithologique a été aménagée aux abords. Mais tout est clos et je n’ai pu observer aucun oiseau. En revanche, c’est toujours un plaisir pour les yeux de redécouvrir en bord d’estuaire les fameux carrelets. J’apprends que ce terme, qui désignait au départ les filets, est maintenant utilisé pour nommer tout l’ensemble composé du ponton, de la cahute et du filet.

Je suis ce soir à l’hôtel-restaurant de Vitrezay, situé à côté du petit port du même nom et intégré dans un pôle nature proposant toutes sortes d’activités sur l’eau. Mon corps n’a pas trop rechigné face à cette un peu longue journée de pédalage. Tout va encore bien…


La trace du jour 






Le château Malescasse




Le déchargement du bac


La citadelle de Blaye


La voie verte entre Blaye et Etauliers




L’église de Braud-et-Saint-louis




La centrale électrique du blayais


Le port de Vitrezay


Commentaires

Jacques

70 km en début de périple, cela met en jambe pour la suite. Espérons que la nuit sera bonne pour que la journée prochaine se passe aussi bien. Je n'ai pas fait l'expérience du bac qui semble un peu compliquée pour les campings caristes, mais elle m'aurait tentée. Le reste je le revis, même si je ne pédalais pas. D'autres découvertes t'attendent, Talmont-en-Gironde en sera une, petit village sympa qui mérite de s'y attarder un peu. Vieilles pierres, chapelle, front de mer sculptée dominant l'estuaire et quelques beaux carrelets à porté de mains. Reste à dénicher le lieu pour satisfaire aussi son estomac, au-delà du plaisir des yeux.

Daniel L.

Bonjour Marc. Il faut donc imaginer Marc heureux ! C’est ce que je me suis pris à penser ce matin à l’écoute de cette vivifiante chronique de Charles Pépin sur France Inter. Il parle si bien de ton beau voyage ! Mais où avais-je la tête avec VÉLO on peut écrire LOVE ! Merci de nous faire partager ta passion. 
"Pourquoi est-on plus heureux à vélo ?" : 
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-question-philo/la-question-philo-du-samedi-01-juin-2024-9106670

Michou et Alain

Toujours un grand plaisir de te lire. Plaisir de retrouver une région où nous ne sommes pas allés depuis une quarantaine d'années. En tout cas, je t'ai trouvé un parcours (avec 2 où 3 km de plat) … en Corse bien sûr … pour l'année prochaine. Très amicalement.

Françoise

Et voilà le plaisir de te suivre par photos revenu. Certes, le vent n'est pas le meilleur ami du cycliste, mais au moins tu as le soleil. Je crois que, cette année, tu as bien choisi ta région. A demain, bonne route. Bises.

Anonyme

Coup de cœur pour le moulin et les fleurs.


Etape 3 - Samedi 1er juin - de Vitrezay à Royan - 56 km

Hier, c’était le premier jour d’ouverture de la saison de l’hôtel et du restaurant de Vitrezay. Je suis le seul client de l’hôtel, mais le restaurant a beaucoup de succès auprès de la clientèle locale. Succès mérité car j’y ai délicieusement dîné : tartare d’alose (un poisson de l’estuaire), thon grillé accompagné de ratatouille, fondant au chocolat. Avec un (seul) verre de Côte de Blaye blanc (une découverte) et un Cognac (mon médicament anti-douleurs du soir).

Ce matin, le patron de l’hôtel ayant accepté de me servir un petit-déjeuner à 6h30, je commence à pédaler avant 7h, le but étant de rouler un peu avant que le vent se lève. Malheureusement, mon ennemi aura lui aussi un réveil matinal et j’aurai à l’affronter toute la journée dans les parties non abritées, d’autant plus qu’il souffle du nord-ouest, c’est à dire précisément dans la direction où je me dirige ! Avec en outre une fin de parcours bien vallonnée, je termine mon parcours un peu éprouvé ce soir.

Mais ce fut une belle étape, avec beaucoup de variétés. En bord d’estuaire, les carrelets continuent de me ravir et les petits ports successifs ont chacun leurs charmes. Les zones de marais, avec leurs bords de canaux fleuris et leurs parcelles tour à tour exploitées ou sauvages, restent aussi très plaisantes. On y voit beaucoup de vaches, mais j’ai pu apercevoir aussi des cygnes et, de façon plus surprenante, quelques cigognes que je n’ai pas réussi à photographier.

Après Mortagne-sur-Gironde, de belles falaises calcaires apparaissent. Elles sont le plus souvent mortes, ce qui signifie que l’eau ne les atteint plus. À leur base, les anciens polders ont disparu depuis que la tempête de 1999 a fait sauter les digues. Celles-ci n’ont pas été reconstruites pour laisser la nature reprendre ses droits. Un espace sauvage, avec cependant la formation de quelques prés salés occupés par des moutons, s’est ainsi créé. Il est protégé et donc, même à pied ou à vélo, on doit passer par le plateau (qui n’est pas plat !) au dessus des falaises, ce qui nécessite un bel effort mais procure de non moins beaux points de vue.

Au niveau de Meschers-sur-Gironde, les falaises sont encore vives et abritent des habitats troglodytiques et des grottes. Certaines peuvent se visiter, mais je me suis contenté des jolis points de vue aménagés qui permettent de les apercevoir de l’extérieur. En revanche, je n'ai pas manqué de faire une bonne pause dans un restaurant du port pour un repas à nouveau arrosé de Côte de Blaye blanc accompagnant fort bien une demi-douzaine d’huîtres et une queue de lotte.

Sur les derniers kilomètres, on emprunte le front de mer bien aménagé pour les piétons et les cyclistes en longeant de grandes plages peu fréquentées aujourd’hui car balayées par le vent. La ville de Royan ayant été en grande partie détruite par les bombardements commis en 1945 (par les forces alliées !), il ne reste que de rares villas de bord de mer datant du début du vingtième siècle. Et la ville dans son ensemble est marquée par une architecture du béton.

Mon hôtel de ce soir ne proposant pas de restauration le week-end, je vais ressortir à pied me chercher un restaurant pour dîner. Tout va encore bien…


La trace du jour





Mon vélo fatigué par cette longue ligne droite avec vent de face !


Des carrelets de luxe et de loisirs 


Le port de Meschers


Les grottes dans les falaises vives 


Deux villas de Royan ayant échappé aux bombardements 


Commentaires

Jacques

Une étape de plus, plus courte en km, mais plus exigeante avec le vent en face. Mais je me réjouis, j'ai l'impression que le soleil t'accompagne, ce qui n'était pas gagné d'avance.
Pour moi, de belles images qui ravivent mes propres souvenirs.Il semble que tu ne te sois pas attardé à Talmont, mais tu as retrouvé du pareil à Meschers avec les falaises, les grottes et les carrelets bien nombreux sur ce parcours. J'avais trouvé le petit village sympa.
Quand ce sont les jambes qui poussent, il faut faire des choix, mais la découverte est permanente tout au long du parcours.
Moi, j'étais en C.C. après le cirque de Gavarnie et une belle randonnée, puis Espelette jusqu'à Saint-Jean-de-Luz, j'allais en Bretagne, en plusieurs étapes, avec un arrêt à la Dune du Pilat, un autre au passage du Gois à Noirmoutier. Bien sûr par le chemin des écoliers autant que possible, mais pas en bicyclette !
Attention Marc, si tu descends jusqu'à Saint-Jean-de-Luz, la Corniche Basque est fermée à toute circulation. La route magnifique, mais risque d'effondrement. 
Je vois que tu profites de belles expériences culinaires, accompagnées de trouvailles locales qui fera de toi un œnophile averti. L'essentiel c'est que les misères, qui ont précédées ton départ, n'ont pas affecté ta volonté de réaliser ton projet et qu'elles semblent te laisser suffisamment de répit pour poursuivre ta route.
A la prochaine étape...

Françoise

C'est avec une certaine émotion que j'ai regardé tes photos. Souvenirs de 1970 quand j'ai offert à ma grand-mère un séjour à Meschers pour qu'elle voit la mer pour la 1ère fois de sa vie, elle avait nos âges ! Je constate que pour ce début de séjour, tu ne boudes pas la pause de midi… On dirait que tu as besoin de prendre des forces pour pédaler face au vent…

Betty

Hello, Je me suis mis à la lecture des premières étapes de ton circuit annuel. Comme toujours, de très belles photos, des détails culinaires qui font envie et les descriptions des paysages qui font rêver. Quelle énergie ! C'est incroyable, je ne sais pas comment tu fais en plus avec un genou douloureux. J'espère que ce soir tu auras trouvé une bonne table et un bon lit. Bonne balade demain. Bises.

François et Michèle

Bizarre que tu ne parles pas de Talmont pourtant joli village avec un producteur de Cognac, ton médicament du soir. Cette année, c'est un tour bien gastronomique. Bonne continuation et au plaisir de te lire demain.


Etape 4 - Dimanche 2 juin - de Royan à Hourtin - 81 km

Aucun accueil hier soir à mon hôtel : le code pour ouvrir la porte et le numéro de ma chambre m’ont été envoyés par SMS. Et pas de restauration le samedi soir. Après quelques recherches sur Internet, je trouve un restaurant assez proche recevant de bons avis qui vont se révéler bien mérités. J’y dîne légèrement avec le poivron en fil conducteur, présent en accompagnement de la lotte (encore !) et dans la glace agrémentant la tarte aux pommes.

Ce matin, le petit-déjeuner ne peut être servi qu’à partir de 8h dans mon hôtel alors que je dois prendre le bac de 7h45 pour retraverser l’estuaire ! Je quitte les lieux à 7h en laissant la clé sur la porte de ma chambre et en récupérant mon vélo que j’avais laissé sous l’escalier. Je n’aurai vu personne dans cet hôtel, ni clients ni employés !

Le bac est beaucoup plus gros que celui que j’avais emprunté entre Lamarque et Blaye. J’assiste au débarquement d’une cinquantaine de voitures et de camionnettes qui semblent appartenir plutôt à des locaux qu’à des touristes. Nous sommes moins nombreux à embarquer dans l’autre sens avec parmi nous une dizaine de cyclistes. Je discute avec un jeune trentenaire breton, parti de Brest il y a trois jours, qui fait des étapes journalières de plus de 200 kilomètres et qui n’est pas trop fixé sur sa destination : la jeunesse quoi !

La traversée d’environ 6 kilomètres ne dure que 20 minutes, mais je me réfugie à l’intérieur car il fait toujours très frais et je caille un peu avec ma polaire sans manches et mes bras et jambes à l’air. Je crois que me voilà devenu plus frileux depuis que j’ai perdu un peu de graisse ! Il y a un bar à bord, ce qui me permet de prendre mon petit-déjeuner : un pain aux raisins et un grand café. À l’extérieur, on n’y voit pas grand chose car le temps est gris et brumeux.

Sitôt débarqué, j’enfourche ma monture et roule à bon allure en empruntant la Vélodyssée, cet itinéraire cycliste que je projette maintenant de suivre durant les prochains jours jusqu’à Bayonne et qui, dans son intégralité, relie Roscoff à Hendaye en traversant la Bretagne, puis en longeant l’Atlantique. Sur ce tronçon, ce devrait être une voie verte facile, bien sécurisée et signalée, à travers la forêt landaise.

Je roule ainsi sans arrêt jusqu’à Souillac-sur-Mer en compagnie intermittente de deux dames qui font une escapade à vélos assistés de 3 jours en filles sans maris ni enfants. La piste suit d’abord une voie ferrée, utilisée pour le transport du bois, puis serpente entre la forêt et les dunes. Elle n’est pas tout à fait plate, ce qui permet de pédaler un peu et de se réchauffer enfin.

Souillac est encore endormi en ce dimanche matin qui n’a rien de printanier et je ne fais que longer son front de mer sans visiter le centre-ville. La plage est quasiment déserte, balayée par le vent. Je n’y aperçois que quelques adeptes de la marche nordique qui, eux aussi, doivent chercher un peu de chaleur corporelle. Peu après, je fais une petite pause pour accéder à pied à un promontoire qui donne une vue sur l’océan et découvre les restes du fameux mur de l’Atlantique érigé par les Allemands : une série de blockhaus en ruines, certains encore accrochés aux dunes, d’autres carrément sur la plage.

L’itinéraire se poursuit de façon plus monotone : tout à fait plat avec de longues lignes droites empruntant de larges sommières faisant sans doute office de coupe-feu. Heureusement, la forêt est belle. Je m’attendais à des pins, des pins et encore des pins, bien ordonnés pour l’exploitation. Mais non : il y a aussi beaucoup de feuillus et des zones laissées sans entretien réguliers. Cela reste donc assez plaisant pour les cyclistes, sans doute moins pour les marcheurs, de Compostelle ou pas.

J’arrive en fin de matinée à Montalivet-les-Bains et y trouve cette fois de l’animation. Encore peu de fréquentation côté océan, mis à part un petit groupe de surfeurs téméraires, mais, côté terre, c’est jour de marché et, là, il y a du monde. Je dois mettre pieds à terre pour parcourir, en poussant mon vélo, les allées encombrées. Les légumes sont beaux et beaucoup moins chers qu’à La Réunion, mais ce sont surtout les étals de poissonnerie, de boucherie et de pâtisserie qui font envie.

Sur les conseils toujours avisés en matière de restauration de mes amis Michèle et François, j’avais pris soin de réserver une table pour midi au restaurant La Part des Anges. Aucune déception évidemment, même si je me contente de plats légers, peu élaborés : une demi-douzaine d’huîtres et des anguilles à la persillade, avec un verre de vin blanc et un café. Repas dominical raisonnable !

Après cela, je suis prêt à affronter les longues lignes droites décrites comme lassantes dans les commentaires que j’avais lu avant mon départ. En pensant à Élise qui veut que Papy lui envoie des photos d’animaux, je décide de m’occuper l’esprit en me livrant à une chasse (visuelle) au chevreuil. Je tourne régulièrement ma tête vers la gauche et vers la droite pour balayer successivement du regard les sous-bois des deux côtés. Hélas, on ne s’improvise pas photographe animalier ! Je ressors bredouille de cet exercice, mais me console en pensant que, de toute façon, Élise veut une photo de lapin !

Ayant ainsi roulé sans voir passer le temps, je décide de faire un petit détour vers Hourtin Plage. Je n’y verrai encore que quelques rares surfeurs et des dunes qui ont tendance à s’éroder et que l’on essaie de maintenir à l’aide de fascines. Pour rejoindre ensuite Hourtin Bourg, à une distance de 14 kilomètres (ce que j’avais un peu sous évalué), on emprunte une piste étroite et vallonnée très agréable qui traverse d’abord une forêt de feuillus, avec en particulier de vieux chênes magnifiques, puis une zone de marais aux abords du lac.

J’écris ce soir cet article au port du lac car mon hôtel, qui ne fait pas restaurant, ne pourra m’accueillir qu’à 19h ! Le bar à tapas ne fait pas de tapas le dimanche soir, mais la gentille serveuse m’a proposé une terrine de pâté basque au piment d’espelette et quelques tranches de pain. Avec une bonne bière belge, cela fera mon dîner. Tout va encore bien…


La trace du jour 



Le bac


Un blockhaus en bord de dune



Longue ligne droite


Quelques surfeurs téméraires


Les dunes ont besoin d’être renforcées 


Un chêne centenaire 



Le port sur le lac de Hourtin


Commentaires

Catherine

Il est où le lapin pour Elise ?

Françoise

Ton hébergement d'hier et ton départ de ce matin me rappellent étrangement ton étape de Döle ! La pluie en moins, heureusement pour toi. Bonne nuit.

Jacques

Me voilà renseigné sur les deux bacs pour traverser l'estuaire, merci Marc.
Je retiens une étape assez classique pour ceux qui connaissent ces paysages de bord de mer de cette région que j'ai un peu fréquenté.Drôle d'expérience cette nuitée à Royan ! Toujours du soleil, même si le début de matinée a été frisquet. Rassurant, le beau temps devrait perdurer, et la chaleur remonter. Je 
ne sais pas si Espelette fait partie de ton périple, mais voilà une touche gustative, avec cette terrine. A l'évidence, pas de vent dans le nez, et 80 km qui semblent n'avoir pas laissé de trace sur le genou qui semble s'accommoder des efforts répétés. À défaut de lapin, peut-être croiseras-tu un écureuil. Bonne chasse à l'image.

Patrice C.

Bonjour Marc. En effet quelques portions rectilignes, attention à ne pas t'endormir au guidon. Mais ça devrait changer.

Alain H.

De retour du Camino Mozárabe (tu verras bientôt mes photos), je m'empresse de rattraper mon retard de lecture. Courage, gars, la liberté est devant toi.


Etape 5 - Lundi 2 juin - de Hourtin à Arès - 77 km

Hier soir, arrivé en chambre avant 20h et déjà (modestement) restauré, je regarde le journal de TF1 dont Glucksmann est l’invité. Je le trouve assez convaincant. Dommage qu’il n’y ait pas de Réunionnais sur sa liste ! Plus important pour moi dans l’immédiat, la météo annonce du soleil et un réchauffement des températures pour les prochains jours. Ensuite, au dodo tôt, mais sans succès immédiat : je n’ai pas pris ce soir mon médicament !

Ce matin, départ à 6h45, bien avant l’heure fixée par l’hôtel pour le petit-déjeuner. Je sais qu’une nouvelle longue ligne droite entre les pins m’attend jusqu’à Carcans. Comme hier, je pédale à bonne allure pour me réchauffer, me livre sans succès au jeu du balayage visuel de la forêt et me laisse même aller à quelques pensées sans issues sur la politique et l’état du monde. Ainsi, ces 12 kilomètres monotones furent vite avalés.

À Carcans, je décide de ne pas continuer tout droit en direction de Lacanau : cap vers l’océan avec une pause-café-croissant bien méritée à la station balnéaire de Maubuisson située sur la rive sud du lac de Hourtin-Carcans. A l’exception heureuse de la boulangerie, tous les commerces et restaurants sont fermés en ce lundi matin et la plage est déserte.

J’y discute longuement avec un pêcheur qui m’apprend que ce lac serait le plus grand de France en eau douce, et qu’il communique par des canaux avec le lac de Lacanau, puis avec le bassin d’Arcachon. Il râle car il estime que la régulation effectuée aux niveaux des écluses ne prend en compte que les intérêts des ostréiculteurs du bassin. Il m’assure que le lac est très poissonneux et qu’on y pêche des brochets de belles tailles, la fourchette de la maille autorisée étant cependant réduite (entre 60 et 80 centimètres), ainsi que des perches à la chaire plus fine.

Jusqu’à Lacanau-Océan, j’emprunte une piste cyclable très plaisante dans une forêt mixte entre pins maritimes et feuillus divers. Elle est étroite, sinueuse et vallonnée. J’aime bien cette alternance entre brefs efforts dans les montées et douces détentes dans les descentes, même si, sur la durée, cela devient un peu fatigant. La plage de Lacanau offre une belle étendue de sable jaune, mais est encore aujourd’hui balayée par le vent. Toutes ces plages semblent vraiment mieux adaptées à la pratique du surf qu’à celle de la baignade !

Le vent, heureusement, je ne le ressens pas trop car je suis le plus souvent abrité par les arbres ou par les dunes. En outre, le soleil brille aujourd’hui et les températures s’élèvent un peu même si le fond de l’air reste encore frais, le matin surtout. Pour la première fois, j’ai pu enlever ma polaire dans l’après-midi. Bref, les conditions sont tout à fait favorables à un bon pédalage !

De Lacanau-Océan jusqu’au Grand Crohot, la Vélodyssée longe le littoral en n’étant séparé de la mer que par le cordon dunaire. La piste est toujours de bonne qualité, faiblement vallonnée. De nombreux chemins transversaux permettent de franchir les dunes pour se rendre sur les plages successives, mais ils sont en sable et donc difficilement praticables à vélo. De toute façon, de grands panneaux indiquent que la baignade n’est pas recommandée en raison de courants dangereux.

En lisière de forêt, du côté des dunes, les pins maritimes sont soumis à des conditions difficiles avec les embruns chargés de sable et de sel. Ils sont anémomorphosés. Cet adjectif, que je découvre sur un des nombreux panneaux donnant des informations diverses, me ravit : il s’appliquerait très bien à nos filaos de bord de mer !

À mi-chemin, je fais ma pause-déjeuner au Porge-Océan dans une simple brasserie : moules-frites et gâteau basque avec un verre de Sauvignon et un café. Comme j’ai pu m’installer en terrasse, je m’octroie aussi un cigarillos. Au Grand Crohot, je ferai une dernière pause plus raisonnable : un Perrier. Il me reste ensuite une dizaine de kilomètres pour atteindre le nord du Bassin d’Arcachon.

Je suis ce soir à Arès en chambre d’hôtes. L’accueil a été très sympathique, mais la maison ne fait pas table d’hôtes. Un restaurant à proximité m’a été conseillé et je vais m’y rendre à pied. Tout va encore bien…


La trace du jour


La longue ligne droite de Hourtin à Carcans 


La plage de Maubuisson sur le lac de Hourtin-Carcans 


Parcours vallonné 


La plage de Lacanau-Océan 


Enrochement pour maintenir les dunes 




Pins anémomorphosés



Pinède avec sous-bois 


Commentaires

Anonyme

Bonjour MarcQue de souvenirs de longues balades sur ces longues pistes rectilignes ! Tu as super bonne mine. Courage pour la suite.

Françoise

Mon petit coucou du soir. Apparemment ton circuit évite la partie sinistrée des grands incendies de l'été dernier. Et oui, la baignade est dangereuse. Quand nous y étions avec les enfants, ils se contentaient de sauter les vagues sur le bord, là où les maitres nageurs avaient délimité leur zone de surveillance. Il y avait des accidents tous les jours. Bonne nuit et à demain.

Jacques

Pendant plusieurs années, j'ai partagé des moments de vacances bien agréables avec des cousins, cousines et des amis dans le secteur. Arès, Andernos, Lège Cap Ferret, étaient des points de chutes, ce qui fait que je connais assez bien le secteur. Promenades, plages, vélos dans les pinèdes jusqu'aux plages, avec tes images, bien des souvenirs me reviennent à l'esprit. Suivant ton itinéraire, tu auras pas mal de petits coins à découvrir avec des petits ports sympas, un habitat caractéristique du bassin d'Arcachon. Cela va te changer des longues lignes droites. Toujours un bon rythme avec tes 80 km journalier et je vois que tu gardes la forme et le sourire, même avec un Perrier ! Je suis persuadé que tu ne manqueras pas la Dune du Pilat, l'enjeu "abandonner" le vélo, pour faire la petite ascension, la perspective en vaut la peine, reste que ce seront toujours les jambes qui seront à l'œuvre.Ta journée de demain devrait te régaler, avec tant de choses à découvrir et déguster en si peu de temps.Ton propos, demain, me permettra de découvrir tes choix. Profites-en bien, d'autant que le soleil semble être au rendez-vous, et que les degrés supplémentaires annoncés vont te permettre de découvrir qu'il peut aussi faire chaud...


Etape 6 - Mardi 3 juin - de Arès à Biscarrosse-Plage - 80 km

Bon conseil de mes hôtes hier soir pour le restaurant. J’y dîne savoureusement et (presque) raisonnablement d’un plat et un dessert : une joue de bœuf sur purée truffée et une dame blanche. Avec un (seul) verre de Côte du Rhône et un Armagnac pour ne pas renouveler mon oubli de la veille. Après cela, bon dodo sans crampes ni douleurs et réveil à la sonnerie du smartphone ce matin, ce qui est rare.

Comme convenu avec mes hôtes, je n’attends pas le petit-déjeuner commun servi seulement à 8h et me contente en chambre du cannelé, du yaourt et du verre de jus qu’ils m’ont fournis, sans toucher à l’horrible banane. Et je m’échappe avant 7h sans faire de bruit pour ne pas réveiller la maisonnée. 

Après beaucoup d’hésitations, j’ai décidé de ne pas descendre vers le Cap Ferret et de contourner le Bassin d’Arcachon par l’est comme le fait la Vélodyssée. Mais cet itinéraire, s’il a l’avantage d’être sécurisé et roulant, fait essentiellement suivre des routes en évitant les centres-villes et les abords du bassin. Je vais donc faire de multiples incartades.

Mon premier détour vers Andernos-les-Bains sera plutôt décevant car, à marée basse, la plage n’a rien de charmant. En revanche, plus loin, en pénétrant dans Audenge, je découvre que c’est jour de marché. Il est tôt encore et j’assiste avec intérêt aux installations des étals dans une ambiance agitée où les commerçants s’interpellent joyeusement. Des fraises du Périgord feraient envie à Nath. Curieusement, chez le poissonnier, sous la halle, je vois apparaître des zourites ! Les diverses variétés de tomates m’étonnent toujours. Au final, je m’achète pour un euro de cerises, en provenance d’Espagne, que je déguste immédiatement en terminant ma déambulation.

En allant vers le port, je découvre un très grand bassin de baignade avec plusieurs secteurs présentant des profondeurs différentes. Il est alimenté par de l’eau de mer pompée dans le Bassin d’Arcachon, mais cette eau est d’une couleur marron dans laquelle aucun Réunionnais ne se baignerait, même pas moi. Cependant, un homme qui en sort m’assure que des analyses sont effectuées chaque jour et que, s’il est seul baigneur aujourd’hui, ce bassin est très fréquenté en été.

Ensuite, pour rallier Le Teich, je décide de ne pas rejoindre la Vélodyssée et d’emprunter le sentier du tour du bassin qui n’est pas interdit aux cyclistes, mais pas recommandé non plus ! Et, en effet, je devrai pousser mon vélo dans plusieurs passages ensablés. Ce sentier serpente dans une zone de marais où l’on devrait pouvoir observer, d’après les panneaux, une grande variété d’oiseaux. N’étant pas ornithologue, je ne distinguerai que des cygnes, des canards et des poules d’eau, ainsi que des goélands dans le ciel, mais cela a bien suffi à me satisfaire.

Je visite aussi plusieurs petits ports tout à fait charmants avec leurs cabanes aux couleurs bigarrées datant de plus d’un siècle. Elles servaient à l’époque d’entrepôts pour le matériel des pêcheurs. Aujourd’hui, propriétés communales, certaines sont louées à des habitants locaux. Au port de Biganos, je rencontre même un vieux monsieur qui réside à demeure dans l’une d’elles. Il a l’électricité pour s’éclairer et se chauffer l’hiver, mais pas l’eau courante. Il se débrouille avec les toilettes publiques.

À midi, je fais ma pause-repas au port de la Hume. Je m’offre un (petit) plateau de fruits de mer accompagné d’un unique verre de vin blanc. Je zappe ensuite la ville d’Arcachon, car ma route est encore longue, et je rejoins la Vélodyssée par un agréable chemin à travers bois en longeant le canal des Landes. La suite jusqu’à la dune du Pilat (ou de Pyla) sera moins plaisante car la piste cyclable longe de près une départementale à forte circulation. De plus, le vent est de retour et il est sensible sur ce tronçon dépouillé.

J’avais déjà escaladé cette dune, il y a bien longtemps, avec Marie-Claude et un couple d’amis. Depuis, les choses ont bien changé avec boutiques et restaurants aux abords et un escalier installé pour atteindre le sommet. Le point de vue sommital, à 360 degrés, est cependant toujours aussi beau, que ce soit côté océan ou côté forêt. Je précise que, si je suis monté par l’escalier comme tout le monde, je me suis amusé à descendre tout schuss comme les jeunes !

La Vélodyssée s’appoche ensuite de plusieurs grands plages. Les parkings à proximité sont bien remplis, ce qui m’incite à me rendre à pied sur l’une d’entre elles pour voir ce qui s’y passe. Et bien, il ne s’y passe rien ! Les gens sont installés à perte de vue des deux côtés sur le sable, assis ou couchés, au soleil ou sous un parasol, totalement inactifs. Nul baigneur. Aucun jeu de plage. Pas même un cerf volant. Je repars perplexe.

Sur les vingt derniers kilomètres jusqu’à Bigarrosse-Plage, on traverse quelques poches de forêt détruite par les incendies de 2022, mais où la nature redémarre avec certains arbrisseaux de plus d’un mètre. Et me voilà installé dans un hôtel-restaurant de bonne allure, bien content de n’avoir pas à ressortir pour dîner. Tout va encore bien…


La trace du jour



Fraises du Périgord et cerises d’Espagne


Zourites de France 


Une famille cygne


Le port d’Audenge


Le bassin de baignade


Le port des Tuiles


Cabanes du port de Biganos


Le port de Biganos


Mon vélo ensablé 

Dans les marais




Sur la dune du Pilat





Commentaires

Nolwenn

Enfin le soleil pour t'accompagner. Elle est belle notre région ! Bises.

Jacques

Une de plus, avec 80 km à la clef. On ne parle plus de genoux, c'est que le plus dur est passé. Et quand on fait le jeune homme en profitant de la superbe tentation de la pente (cela me rappelle des souvenirs), c'est que l'essentiel est préservé.

Même si tu avais déjà gravi la dune, je crois que le plaisir est au rendez-vous quand on réitère comme je l'ai fait plusieurs fois. Perspective, vaguelettes de sable vierge, immensité de la forêt grignoté par le sable d'un côté, banc d'Arguin de l'autre, quand le soleil est au rendez-vous, cela vaut le détour.
Ravi de voir que tu aies pu découvrir ces petits ports et cet habitat typique du bassin d'Arcachon. Pas d'images associées à ton texte, ce sera mon petit regret, car ce sont des endroits bien sympathiques à partager pour ceux qui ne connaissent pas.
Le temps étant compté, tu n'as pas pu profité de quelques belles perspectives de la rive Ouest du bassin, même sans aller jusqu'à la pointe du Cap Ferret, avec cette image typique du Bassin avec les Cabanes Tchanquées de l'Ile aux Oiseaux et quelques beaux petits villages portuaire où l'on déguste facilement quelques huitres avec un petit verre.
La route est encore longue et bien d'autres attraits t'attendent au détour d'un coup de pédale.

 

Françoise

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en lisant ta descente de la dune. Que c'est bon de voir que tu as gardé encore ton âme d'enfant. Ton circuit ne te permettra sûrement pas de me répondre mais au cas où : existe-t-il encore ce que l'on appelait les pistes des allemands ? C'était des plaques de ciment très mal ajustées à cause du sable, posées pendant la guerre et que j'empruntais en vélo avec mes 3 enfants pour aller à la plage. 
Bonne nuit.


Etape 7 - Mercredi 5 juin - de Biscarrosse-Plage à Lit-et-Mixe - 86 km

Hier soir, aucune déception au restaurant de mon hôtel bien nommé « L’Instant Gourmet ». J’y dîne délicieusement de deux plats à dominantes chèvre et canard qui mériteront chacun un verre de Pessac-Léognan, d’une belle longueur en bouche, ne nécessitant plus de médicament digestif. Après cela, retour en  chambre pour sélectionner et publier sur ce blog les photos du jour, activité un peu chronophage.

Ce matin, départ désormais habituel sans petit-déjeuner. Je trouve que les gens vivent de plus en plus en décalage par rapport au soleil, dont je me demande qui voit encore le lever. Alors qu’il fait grand jour actuellement dès 5h30, on ne peut généralement pas obtenir de se faire servir avant 8h et on ne décèle aucunes activités notables avant 10h ! En revanche, le soir, c’est tapage nocturne jusqu’à pas d’heures !

Aujourd’hui, aucune incartade, sauf dans les derniers kilomètres pour atteindre mon hébergement : je vais rester intégralement fidèle à la Vélodyssée. Je dois reconnaître que cet itinéraire est dans l’ensemble bien conçu, en permettant de relier les différents sites sur voies vertes en sécurité. La signalétique est assez correcte, malgré des doutes possibles à quelques intersections et surtout dans la traversée des villes.

Elle présente cependant certains défauts. Tout d’abord, elle suit un peu trop souvent des routes départementales fréquentées. Peu agréables ce matin les 8 kilomètres entre Biscarrosse et Parentis-en-Born, puis encore plusieurs tronçons jusqu’à Mimizan. On préfère entendre le chant des oiseaux plutôt que le bruit des motos, voitures et camions !

Ensuite, si le revêtement est globalement correct, il faut être attentif, dans les passages en sous-bois, aux gondolements du goudron provoqués par les racines sous-jacentes. C’est piégeux et une chute pourrait arriver. Et cela ne laisse le choix qu’entre deux mauvaises options : rester assis sur la selle au détriment de son dos ou se dresser sur les pédales au détriment de ses genoux !

Mon parcours du jour, effectué encore sous le soleil et sans vent notable, fut très va varié. Les plus beaux moments furent peut-être les passages aux bords des étangs ce matin, d’abord celui de Cazaux et de Sanguinet à Biscarrosse-Lac, puis celui de Biscarrosse et de Parentis entre Gastes et Sainte-Eulalie-en-Born. On y retrouve dans les deux cas de petits ports et de charmantes plages. Cela me semble beaucoup plus agréable de s’y installer pour des vacances plutôt qu’en bord de mer.

Car, en effet, aujourd’hui encore, je n’ai rien trouvé de sensationnel du côté des plages océanes, ou plutôt de la plage car c’est toujours la même que je vois depuis trois jours sur des centaines de kilomètres ! Il faut donc trouver des compensations. À Mimizan-Plage, ce sera le restaurant avec à midi un plat d’encornets accompagnés de linguines noires, délicieux mais un peu léger pour un cycliste, ce qui imposera des profiteroles en dessert. À Contis-Plage, ce sera l’observation du phare, sans cependant la visite envisagée qui n’est proposée que le week-end.

Mais j’ai bien aimé aussi les forêts. Celles humides du matin, éloignées du littoral, étaient composées de feuillus divers parmi lesquels de beaux spécimens de chênes ou de platanes. Celles bien plus sèches de l’après-midi, le long de l’océan, restent vouées aux pins maritimes avec heureusement le plus souvent un sous-bois composé de fougères ou d’arbrisseaux. Dans les deux cas, la Vélodyssée les traverse avec sinuosités et vallonnements suffisants pour que ce ne soit pas lassant.

Je n’ai pas engagé jusqu’à maintenant de vraies échanges avec des cyclistes qui sont, pour la plupart, des assistés électriques. Mais, ce matin, un jeune couple (mixte !) de randonneurs, en hésitations à une intersection, m’a semblé mériter un arrêt. Et, n’ayant pas affaire à des Compostelles (ces choses là se sentent vite !), j’ai volontiers prolongé la conversation. J’apprends que, partis de Bretagne il y a un mois, ils ont pour projet de descendre jusqu’à Biarritz. Ce sont des campeurs, bien équipés, avec de bons mais sans doute lourds sacs à dos. Leur problème du jour est le renouvellement de la cartouche pour leur camping-gaz. Je les aide à trouver le meilleur parcours pour aller au Leclerc de Mimizan !

Il faudra peut-être à l’avenir que je me montre moins sectaire car, si je snobe et les assistés électriques chez les cyclistes et les Compostelles chez les randonneurs, je n’aurai bientôt plus personne à qui parler !

Arrivé à Lit-et-Mixe vers 17h devant mon hôtel qui n’ouvre qu’à 18h, je m’installe au bar d’en face pour siroter ma pression quotidienne en commençant à écrire cet article car, après installation en chambre, le temps sera compté et est utilisé selon un rituel bien établi : mettre en charge tablette et smartphone, prendre sa douche et en même temps laver au moins slip et t-shirt qui doivent avoir le temps de sécher avant le lendemain, finaliser l’écriture du journal et procéder à sa publication, prévoir l’étape à venir et réserver un hébergement idoine.

Ce soir, je m’en sors pas trop mal et j’aurai peut-être même le temps de m’occuper aussi des photos avant le dîner réservé pour 20h. Je suis installé dans le chambre PMR (pour Personne à Mobilité Réduite !) qui est située au rez-de-chaussée et assez vaste pour contenir mon vélo ! Tout va encore bien…


La trace du jour


À Biscarrosse-Lac



Le port de Biscarrosse-Lac


Jolis platanes



Mon vélo a soif !


Le port de Gastes


L’étang de Biscarrosse et de Parentis


Le port de Sainte-Eulalie


Le plat d’encornets 


Les profiteroles 


La Vélodyssée sous les pins


Le phare de Contis


Commentaires

Iza

Hé bien, mon pote, c'est moi qui ouvre le bal ! Je ne sais où me placer entre les compostelles et les assistés électriques, moi qui suis derrière mon appareil à touches, ayant frugalement dîné mais attentive à tes découvertes humaines, naturelles et gustatives. Moi qui envie ta solitude, voilà que tu cherches obstinément à la rompre à chaque croisée de chemins. A part d'avoir contourné l'étang de Biscarrossse, puis un autre plus petit, ta route a plutôt longé l'océan, raison pour laquelle elle t'a semblé bruyante. Ça ira mieux demain. Comment réagit le genou ? Si tu prolonges un peu les arrêts buffet, et si le vin est bon, pas de problème, tout le reste suivra. Aujourd'hui, mine de rien, je t'ai encore dépassé sans que tu en sois ému le moins du monde ! Vrai, c'est vexant. Guy et moi, on t'embrasse et te souhaite une belle nuit !

François et Michèle

Les années passent et les étapes sont de plus en plus longues. A quand les 100 km ? Tu es infatigable. Tu ne devrais pas être aussi sectaire avec les compostelles ou les assistés. Ils ont parfois des choses intéressantes à partager.
Continue à pédaler de la sorte et à nous régaler de tes péripéties. Bises

Françoise

Mon petit coucou du soir. Ce n'est pas le littoral landais le plus pittoresque en France. Ça te change de tes côtes réunionnaises. Tu as choisi un périple plus civilisé que l'an dernier aussi, question pauses repas de midi... Tu vas devenir incollable en vin et poisson. A demain, bonne nuit.

Jean-Claude et Maryvonne

On te lit toujours avec autant de plaisir, Marc ! Deux petites remarques toutefois :
- Arès n'est pas Alès.
- Même si tu es en retraite, tu dois pouvoir compter au-delà de 6 et préciser que tu es à l'étape 7 et demain à l'étape 8.
Bonne continuation !


Etape 8 - Jeudi 6 juin - de Lit-et-Mixe à Capbreton - 76 km

Mon hôtel d’hier soir faisait aussi « bar à viandes », expression dont deux mots ont tout pour me séduire ! Je me paye une belle entrecôte avec frites et salade. Commandée bleue, l’entrecôte sera servie saignante comme c’est presque toujours le cas. Mais le goût et la sauce sont convenables, de même que le verre de Médoc. Et je termine en sirotant un Armagnac devant le grand écran qui diffuse le match amical entre la France et le Luxembourg dans le cadre de la préparation de l’euro (c’est du foot !). Et 1, et 2, et 3, zéro : on a gagné, mais c’était trop facile ! Je pense à Nath qui n’a sans doute pas eu le droit de regarder, la faute au décalage horaire et au collège le lendemain.

Ce matin, ayant promis d’être prudent à certaines personnes (?), je n’emprunte pas la départementale qui m’aurait mené directement jusqu’à Léon en une quinzaine de kilomètres. Je rejoins sagement la Vélodyssée, en bord de littoral, par une piste cyclable secondaire. Mais je ne vais pas regretter ce détour car il va me permettre de découvrir enfin une plage accueillante, celle de Saint-Girons. À 8h30, elle est déserte. Aucun vent. La partie dégagée de l’estran est large, mais je me lance pour aller au moins une fois tâter du pied cet océan que je vais quitter demain. Je ne me mouillerai que jusqu’aux mollets car il fait encore bien frais. Les deux jeunes surfeurs qui arrivent doivent être surpris par ce personnage qui sort de l’eau avec sa polaire sur le dos et son casque sur la tête (j’avais oublié de l’enlever) !

Sur la Vélodyssée retrouvée, je reprends mon pédalage. Il est un peu mou parfois sur les tronçons plats sur lesquels je me laisse aller à une observation béate de la forêt ou à des pensées diverses souvent tournées vers mes familles, la réunionnaise et le sarthoise. Il est plus soutenu dans les parties vallonnées, me procurant un plaisir simple, celui de l’effort. Mais, globalement, je dois avouer que ma vitesse moyenne n’est pas terrible, autour de 16 km/h selon mes estimations.

Comme il est normal sur une piste cyclable, je croise principalement des cyclistes, mais toutes sortes de cyclistes. Il y a les sportifs, fonçant sur leurs vélos de course, portant des tenues moulantes et des casques profilés. Il y a les promeneurs sans bagages, des touristes roulant pour quelques heures sur des vélos loués au camping. Il y a quelques locaux sur leurs vieux clous munis d’un panier à provisions fixé au guidon. Et il y a les itinérants qui sont reconnaissables à leurs grosses sacoches et qui sont majoritairement en couple, mais assez souvent aussi comme moi en solitaire, homme ou femme.

On trouve aussi quelques joggeurs et, près des zones habitées ou des campings, des chiens promenant leur maître ou plus souvent leur maîtresse. Et, plus surprenant, j’ai doublé deux belles cavalières sur leurs robustes montures, les deux adjectifs pouvant être échangés. Et, encore plus surprenant, je suis tombé en arrêt, de grand matin, devant le lapin qu’Elise attendait : il était là, le cul posé sur la piste, me laissant même le temps de sortir mon smartphone pour le photographier de loin avant de s’enfuir à mon approche.

Après celle de Saint-Girons-Plage, je n’aurai fait que deux autre pauses aujourd’hui, une brève à Léon pour un café-croissant tardif et une plus longue à Vieux-Boucau-les-Bains. La grand-plage est balayée par le vent qui s’est levé, mais la station est davantage tournée vers le lac d’Albret, ce qui lui confère un certain charme. Dans un des nombreux restaurants, un plat copieux de sardines grillées accompagnées de pommes de terre persillées satisfera mon appétit.

Je suis aujourd’hui arrivé tôt à destination, à Capbreton qui est à la fois une ville portuaire et un spot de surf renommé. J’ai ainsi pu faire une visio par FaceTime avec Élise et Nath : un plaisir de les voir et de les entendre causer ! Tout va encore bien…


La trace du jour




Le lapin !


Les pieds dans l’eau 


J’y suis allé : la preuve !



La forêt mixte


À Vieux Boucau…





Au lac d’Albret…



Petite partie du port de Capbreton 


Mon petit hôtel de ce soir


Commentaires

Jean-Claude et Maryvonne

En ce 6 juin, les surfeurs ont eu une vision assez loufoque du débarquement...

Françoise

Ton humour fait du bien et le soleil qui t'accompagne est rassurant. A demain.

Jacques

La preuve en image, tu étais bien seul à débarquer en ce jour mémorable. Il en fallait bien un pour faire comme à la Télé, toute la journée, et ce fut toi ! Le soleil toujours au rendez-vous, mais une fraîcheur matînale semble-t-il toujours présente. Un environnement que je connais moins bien, mais pas dépaysant pour ceux qui connaissent la région.
Qu’à cela ne tienne, en s’éloignant de la mer, tu nous feras découvrir de nouveaux horizons. Ceci étant, moi qui ai souvent négligé les lacs de "bord de mer", j'observe qu'ils présentent de réels attraits. Alors bonne remontée, même si elle se fera théoriquement toujours sur du plat.
En le disant, j'ai l’impression de faire un raccourci, alors que ce n'est pas moi qui pédale. 
Pour présenter mes excuses, et sans prendre la calculette, je soulignerais que 8 fois 80 km cela fait déjà plus de 600 km dans les pates, bravo Marc, et merci au genou endolori d’avoir tenu le choc.
Même sans un ordinateur récalcitrant, au point d'accès mobile activé, j’espère avoir tenu mon pari de t'écrire ces lignes.Au plaisir d'autres partages.


Etape 9 - Vendredi 7 juin - de Capbreton à Saubusse - 88 km

Très sympathique accueil hier dans ce petit hôtel. Les clients sont des ouvriers en demi-pension pour la semaine. La patronne m’accorde la soirée-étape, formule normalement réservée aux professionnels et qui comprend la chambre, le dîner et le petit-déjeuner, le tout pour un prix équivalent à celui d’une chambre seule ailleurs. L’ambiance est familiale et le repas tout simple mais correct avec en plat principal une cuisse de poulet accompagnée d’un gratin de choux fleur. Il est bien dommage que ce type d’hôtel soit de plus en plus rare.

Aujourd’hui, et peut-être encore demain, je vais parler d’Adour ! Du matin, de l’après-midi. Ancienne, actuelle. Il s’agit en fait de l’Adour, ce grand fleuve (plus de 300 kilomètres) injustement méconnu qui se jette actuellement dans l’Atlantique à Boucau, tout à côté de Bayonne. Actuellement, car, pendant des siècles, il a butté sur les dunes de la longue côte landaise, ne trouvant des débouchés successifs que bien plus au nord.

Ce matin, au sud de Capbreton, j’emprunte une assez long tronçon qui longe son ancien lit. C’est un bras mort aujourd’hui, une sorte de large fossé encore rempli d’eau, mais sans courant. Tout autour, c’est une zone humide densément boisée avec notamment de beaux chênes. Et on roule en se régalant du chant des oiseaux. Ce passage est vraiment délicieux,

Il me faudra ensuite atteindre Bayonne avec quelques désagréments inévitables à l’approche des villes malgré les efforts des concepteurs de l’itinéraire. On roule un moment entre la route et la voie de TER, on traverse des zones d’entrepôts, on fait de nombreux détours pour éviter les routes à trop forte circulation. Et puis, on arrive à l’embouchure actuelle du fleuve. En le remontant jusqu’au centre-ville, on est surpris par sa largeur et sa puissance, carrément tumultueuse.

Je ne fais pas de vraie pause à Bayonne, seulement un tour à vélo dans les rues piétonnes de la vieille ville, au pied de la cathédrale actuellement échafaudée. Rien à voir avec Royan, reconstruite après guerre. Ici les rues étroites sont bordées de maisons anciennes que je ne sais pas dater mais que je trouve très esthétiques. La météo annonçant une dégradation du temps pour ce week-end, avec des orages pour dimanche, je décide de ne pas faire l’aller-retour jusqu’à Biarritz que j’avais envisagé et de m’engager directement dans la remontée de l’Adour.

Une fois extirpé de la ville, avec quelques difficultés pour trouver le bon parcours, j’entre dans un nouveau monde. Finis les innombrables campings sous les pins et les barres d’immeubles de bord de mer. Finie la surfréquentation touristique. Ici, tout est paisible entre le fleuve que je longe et la campagne. Cette campagne est une zone de barthes, humides et en parties inondables, vouée tout à la fois à la culture du maïs et du colza et à l’élevage des blondes d’Aquitaine (ce sont des vaches !).

Je fais un petit détour par Urt pour mon repas de midi. Ce sera chez Manu, une pizzeria qui propose plein d’autres choses que des pizzas sur place ou à emporter. À midi, ce sont des ouvriers qui viennent s’y restaurer en s’installant sur une étroite table haute tout en longueur. C’est très sympa. J’y mange un bol de chiperons à la persillade (une sorte de calamars) avec frites et salade, et termine par une mousse au chocolat. Rien de gastronomique, mais je m’en satisfais bien, comme hier soir !

Cet après-midi, je m’arrête pour discuter un bon moment avec un cultivateur de kiwis. Cela m’étonne, mais c’est devenu une spécialité ici depuis une trentaine d’années. Il se demande s’il va déployer les filets pour protéger les plantations des orages annoncés, au cas où ce serait de la grêle. Il hésite car c’est une opération compliquée demandant de la main d’œuvre. 

Et je continue à suivre mon Adour ! Depuis Urt, j’ai rejoint la Scandibérique, cette véloroute européenne (EV3) qui relie la Norvège à l’Espagne, et que je vais maintenant suivre plus ou moins jusqu’à Bordeaux. L’itinéraire emprunte une petite route sans autre circulation que celle de quelques tracteurs. De loin en loin, on passe devant de belles maisons, souvent des fermes barthaises rénovées, dont les jardins sont joliment fleuris.

Je suis ce soir installé à l’hôtel-restaurant de la station thermale de Saubusse qui se trouve à 5 kilomètres de la ville, ce que je n’avais pas imaginé. Mon arrivée tardive ne me permettra pas d’accéder à un soin quelconque. Mais tout va encore bien…


La trace du jour




L’Adour à Bayonne 


À Bayonne…



Rives d’Adour


Quelques belles cases…





L’Adour toujours !


Pause à l’ombre 


Culture de kiwis



Signalétique de la Scandibérique (EV3)


Rangée de platanes


Le pont de Saubusse… sur l’Adour 


Tentative de séchage en chambre 


Commentaires

François et Michèle

Encore une étape de plus de 80 km, toutes nos félicitations, je commence à me demander si ton vélo n'est pas dopé technologiquement. Il va falloir que tu lui fasses passer une radio. Je blague bien entendu, tu tiens une de ces formes. J'en suis coi.
Pour notre part nous sommes dans les bagages pour notre périple entre Meuse et Moselle, mais nous allons d'abord recharger nos batteries en Alsace.
Bonne continuation

Jacques

Découverte totale pour moi, merci Marc. Simple traversée il y a quelques années de Bayonne, ville agréable avec le cours d'eau qui la traverse et les façades des immeubles aux volets colorés. Mais, je suis ravi de découvrir l'Adour et son environnement. 
Des maisons traditionnelles sympathiques, qui différent des rouge et blanche du pays basque. Des sous-bois qui paraissent bien agréables à parcourir et qui malgré ton rythme soutenu, avec les km impressionnants avalés, te laissent le temps de les admirer. Je savais que la culture des Kiwis se développait dans la région, voilà un bel exemple en image, avec l'enjeu de la protection contre les aléas climatiques que l'on retrouve dans le sud-ouest, et dans de plus en plus de régions.
Le soleil toujours de la partie ce qui rend tes photos toujours plaisantes à regarder, même si tes craintes t'ont fait esquiver une descente plus accentuée dans notre belle France et une ville et sa côte, tout à fait remarquable. Mais sûrement les avais-tu déjà fréquentées. Alors croisons les doigts pour les jours à venir, c'est tellement plus agréable de rouler sans les aléas du vent, de la pluie et des orages qui perturbent un peu trop souvent notre quotidien en ce début d'année.
Je te dirais quand même bon vent, au sens noble de l'expression.


Etape 10 - Samedi 8 juin - de Saubusse à Mont-de-Marsan - 86 km

L’ambiance est à la fête hier soir au restaurant des thermes. Pour beaucoup, c’est la dernière soirée de leur semaine de cure. On s’appostrophe de tables en tables et, à la fin du dîner, ce sont des embrassades générales, en particulier entre les dames d’un âge certain et les deux jeunes serveurs ! Quant au repas, ce fut bien sûr diététique avec un carpaccio de betteraves et un bien mince pavé de veau posé sur un gratin de macaronis.

Ce matin, je prends un rapide petit-déjeuner en compagnie des premiers curistes en peignoir. Rapide car, les prévisions de la météo ayant à nouveau changé, les pluies et les orages sont maintenant annoncés plutôt pour ce soir et surtout pour demain. Je décide donc de faire encore aujourd’hui une longue étape. Bonne pioche au final, car le ciel gris du matin évoluera vers un grand bleu l’après-midi avant de s’obscurcir à nouveau brutalement juste à mon arrivée. J’écris cet article alors que la pluie est arrivée et que l’orage gronde au loin.

Côté itinéraire, comme je le savais, c’en est quasiment fini des voies vertes. La Scandibérique est bien une véloroute, c’est à dire qu’elle emprunte essentiellement des routes à partager avec les voitures sans aménagements particuliers, autres que la signalétique, qui est bien présente à chaque intersection. Heureusement, les concepteurs ont fait en sorte d’éviter les routes à forte circulation, mais c’est au prix d’un rallongement notable des distances. Finie aussi la platitude : place à un vallonnement, certes pas trop marqué mais demandant quand même un bel effort de pédalage dans quelques montées.

Côté paysages, jusqu’à Tartas, on est toujours dans les barthes de la vallée de l’Adour avec cette alternance plaisante entre prés à vaches ou à chevaux, zones de marais et de forêts humides, et champs cultivés dont beaucoup sont actuellement labourés, seules les parcelles de maïs offrant des jeunes plants d’une vingtaine de centimètres. Ensuite, en abandonnant l’Adour (snif !) qui descend des Pyrénées, on quitte du même coup les terres inondables pour aller vers des campagnes plus traditionnelles.

Côté villes, Dax n’a pas le charme de Bayonne, mais c’est jour de marché. Comme d’habitude, je déambule en dégustant mon euro de cerises dans les allées extérieures avant de pénétrer sous la halle couverte. Et, si on observe bien, ce sont deux clientèles différentes. En cariturant un peu, le peuple dehors achète ses fruits et légumes, les bourgeois à l’intérieur leurs vins et leur foie gras auprès de maisons réputées.

Pontonx-sur-L’Adour, je ne fais que traverser en découvrant seulement un message adressé à Daniel. C’est donc demain ? Et je ne parle pas des élections ! À Tartas, c’est pause déjeuner à la Cantine de Juliette qui me propose, sans que je puisse résister, une andouillette grillée. Les autres villages traversés ensuite, Meilhan, Campagne, Saint-Perdon sont purement résidentiels. L’arrivée sur Mont-de-Marsan se fait plaisamment à travers une base de loisirs au bord d’un étang. Après une Grimm bien méritée sirotée au premier bar rencontré dans la ville, je rejoins rapidement mon hôtel.

Côté rencontres, je reprends mon habitude d’engager des conversations quand une situation se présente. Un pêcheur, qui regagne sa voiture en portant un gros seau, m’explique qu’il vient d’aller attraper quelques petits poissons pour aller maintenant pêcher au vif à un autre emplacement. Son espoir est de prendre, juste pour le plaisir, un brochet ou un silure qu’il relâchera.

Plus loin, une dame retraitée, qui fait une petite promenade, m’assure qu’il fait bon vivre dans cette campagne, à l’écart du tumulte et de la violence qui sévissent dans les villes. Le seul fléau, qui est pas nouveau, ce sont les inondations. Les anciens savaient s’en accommoder en habitant à l’étage de leur maison, mais les jeunes, qui ont voulu faire des pièces à vivre en rez-de-chaussée, se retrouvent en difficulté. Elle me confirme aussi que, dans cette région des barthes, chaque habitant est à la fois cultivateur, éleveur et pêcheur.

Côté forme, ça va plutôt mieux que ce que je craignais. Mon genou droit me permet maintenant de descendre normalement un escalier, mais il est aussi arthrosé que le genou gauche, et les deux me titillent épisodiquement. Et, comme à la case, ma prostate et mes lombaires se liguent pour m’imposer un ou deux réveils chaque nuit. En bref, tout est normal !

Je suis ce soir dans un petit hôtel-restaurant pas cher situé à la périphérie de Mont-de-Marsan. La chambre est correcte, mais il n’y a plus à manger ce soir (sic) ! Je ne sais pas encore si je vais ressortir sous la pluie pour aller dîner dans la zone commerciale toute proche… Mais tout va encore bien.


La trace du jour





Sous la halle au marché de Dax





L’adour au nord de Dax




Champ de (petits) maïs


Le message pour Daniel


L’église de Pontonx-sur-L’Adour


Tronçon pas très agréable en bord de 4 voies


Le lavoir de Bégaar



La Midouze (affluent de l’Adour)



Une église de campagne à Campagne 


Base de loisirs de Mont-de-Marsan


Commentaires

Françoise

Coucou. Ce n'est que ce matin que j'ai lu ton récit d'hier. Bayonne sous le soleil n'a rien à voir avec le Bayonne que j'ai sillonné sous la pluie un certain mois de novembre où j'avais passé 3 semaines sous le déluge. Aujourd'hui je regardais la météo, craignant pour toi, grêle ou foudre, mais encore une fois tu as géré de main de maître et ta forme fait envie. A demain après l'orage j'espère pour toi.

Isabelle

Bonjour Marc. Je viens de lire d’une traite les dix étapes de ton beau parcours. Merci pour le récit et les photos qui donnent une belle idée de cette région que je connais mal mais qui me rappelle quelques souvenirs d’il y a très longtemps. Bravo pour le pédalage et les petits restaurants qui donnent envie.


Etape 11 - Dimanche 9 juin - de Mont-de-Marsan à Gabarret - 53 km

Hier soir, la pluie ne fait que s’intensifier. Je renonce à sortir et, au bar de l’hôtel, je me contente d’une boîte de Pringles et d’un pain au chocolat, invendu du matin, avec une nouvelle Grimm, toujours blonde. Les habitués boivent leur dernier verre de blanc ou de bière avant de rentrer dîner chez eux. Bientôt, je reste seul, jusqu’à la fermeture à 20 heures, en compagnie d’un français d’origine vietnamienne qui n’en est pas à sa première bière et qui tient à me raconter l’histoire de sa famille.

De retour en chambre, alors que la pluie redouble encore et que les éclairs zèbrent le ciel, je tente de faire passer sur mon blog les photos du jour. Mais, l’hôtel n’ayant pas de wifi, elles mettront toute la nuit à se transférer avec le peu de réseau SFR. Et ce matin je fais à 8 heures l’ouverture du bar pour un petit-déjeuner express : un pain au chocolat encore, mais tout chaud, et un grand café.

Aujourd’hui, la Scandibérique a la bonne idée de négliger les routes et d’emprunter la joliment nommée « voie verte du Marsan et de l’Armagnac » qui, aménagée sur une ancienne voie ferrée, relie tout en douceur Mont-de-Marsan à Gabarret. Elle se déploie en larges sinuosités et sans dénivelées notables à travers bois, champs et prés, avec cependant une interruption pour traverser Villeneuve-de-Marsan, la ville n’ayant pas su préserver l’emprise de l’ancienne voie.

Sur les 20 premiers kilomètres, la piste est revêtue d’un beau goudron bien lisse sur lequel il faut faire attention à la glisse car c’est vraiment bien mouillé avec les grosses pluies de la nuit et la petite pluie fine qui persiste ce matin. Quelques branches sont tombées et je dois être vigilant : avec mon lourd vélo, les écarts un peu brusques pourraient entrainer une chute ou une perte de contrôle en direction du fossé !

Sur les 30 kilomètres suivants, c’est une autre histoire : plus de revêtement. Il faut rouler soit sur une bande herbeuse au milieu, ce qui ralentit le pédalage, soit sur un des bord en terre battue qui n’a rien à voir avec celle de Roland Garros et qui fatigue les bras et les fesses. Je ne suis pas un inconditionnel du goudronnage des voies vertes, mais il me semble que ce tronçon ne correspond pas à ce qu’on attend pour une grande véloroute européenne !

On rencontre d’ailleurs sur cette piste cyclable beaucoup plus de promeneurs que de cyclistes. Et ce sont sans doute surtout les premiers qui prennent le temps de s’arrêter devant chacun des 43 panonceaux qui racontent l’histoire de Lucien, un jeune du début du vingtième siècle qui prend le train à Gabarret pour intégrer l’internat du lycée Duruy à Mont-de-Marsan. J’en lis une vingtaine avec intérêt car, conçue par une historienne et illustrée par une aquarelliste, ce récit sert de prétexte pour évoquer la vie de ce temps là. Cela me fait penser au livre Les Marrons de Houat dont le texte est reproduit sur un mur longeant le boulevard Sud à Saint-Denis. Le principe est le même, mais ici les chapitres successifs sont à lire de stations en stations, tous les kilomètres.

Côté repas, à midi, je me paye par erreur au Relais Gascon, restaurant de Labastide-d’Armagnac, un menu complet de fête des pères : salade landaise, confit de canard, tiramisu au citron. Et, comme le quart de vin IGP des Landes n’est pas à la hauteur, je termine par un Armagnac. On me signalera plus tard que j’avais une semaine d’avance, mais ce qui est fait est fait, et dire que je regrette serait mentir !

Côté rencontres, j’aborde, par l’intermédiaire de son chien, une dame en promenade dominicale. Elle me confirme que les orages de la nuit ont été violents et que certaines routes sont barrées par des coulées de boue. Mais elle est soulagée d’avoir échappé à la grêle qui avait occasionné il y a deux ans de gros dégâts sur sa voiture.

Plus loin, un jeune cycliste roulant dans l’autre sens s’arrête pour me signaler qu’un gros arbre est tombé sur la piste et qu’il a eu bien du mal à porter son vélo pour franchir l’obstacle. Il me conseille de terminer mon parcours par la route, ce que je ferai sagement. Et il m’explique que, parti de chez lui dans le Cantal, il se rend à Bayonne pour commencer le 15 juin un emploi saisonnier. Il dort dans un hamac dans les bois et cela n’a pas été évident pour lui la nuit dernière sous l’orage !

Je suis installé ce soir à Gabarret dans une maison avec jardin louée à un particulier via Booking pour un prix bien inférieur à celui d’une chambre d’hôtel. Mon angoisse est d’éparpiller mes affaires et d’en oublier demain à mon départ ! J’ai pu regarder à la télé la fin de la finale de Roland Garros, et ensuite les estimations concernant les résultats des élections européennes, en écrivant cet article. Et, dans un moment, je vais me réchauffer les lasagnes que le Relais Gascon m’a conditionnées dans une barquette. Tout va encore bien…


La trace du jour 


Ça passe de justesse !


La partie goudronnée 


Obstacle à éviter en douceur 


Partie non goudronnée 


À Labastide-d’Armagnac


Salade landaise 


Ancienne maison de garde-barrière 


Moutons en pâture sous panneaux photovoltaïques 


Commentaires

Françoise

Quand j'ai entendu vigilance orange orages sur tout le bassin de la Garonne, je me suis demandée quelles seraient les mésaventures que tu nous relaterais ce soir. Apparemment tu t'en es bien sorti. Chez Perrine dans le Genevois, tu n'aurais pas pu rouler... Bonne nuit dans ta petite maison.

Chantal L.C.

Je n'ai pas pris ton aventure dés le début mais je me régale toujours autant de te suivre dans ce nouveau périple. Je connais très peu cette région mais tu donnes envie d'aller y faire un tour.
Espérant que tu passeras un de ces jours à Bagatelle prendre un café lors d'une de tes sorties matinales, tu me donneras plus de détail.
Bonne fin de périple... La flamme olympique passe demain au stade en eaux vives de Ste-Suzanne, donc on est assez speed.


Etape 12 - Lundi 10 juin - de Gabarret à Damazan - 67 km

Hier soir, lassé des commentaires sur les résultats (prévisibles) des élections européennes et sur la décision (surprenante) de Macron de dissoudre l’Assemblée, je zappe sans conviction sur le foot avec le match amical entre la France et le Canada, tout en travaillant (mais oui !) sur mes prochaines étapes. Il faut étudier la difficulté du parcours, envisager des variantes possibles, prévoir les points de pauses et de chutes (sans chuter). Au final, pour le match, quelques jolies actions, mais un zéro à zéro un peu inquiétant en vue de l’euro, et pour moi une réservation effectuée pour demain soir.

Ce matin, départ à 7 heures le ventre vide pour une journée ensoleillée, mais un peu fraîche sur la matinée, m’obligeant à rouler de nouveau avec ma polaire sans manches. Elle va se dérouler en plusieurs tronçons bien différents et être ponctuée de quelques rencontres. Les paysages resteront très agréables, avec toujours beaucoup de zones boisées entrecoupées de champs et de prés, et l’apparition de la vigne et du blé avec ses coquelicots.

De Gabarret à Sos, je commence par un parcours sur route très vallonné, la région étant striée par de nombreux ruisseaux. Pour aborder chaque montée il faut faire preuve de stratégies différentes selon qu’elle se présente juste dans la foulée d’une descente ou après une partie plate. Dans la premier cas, il convient de foncer dans la descente pour espérer prendre un élan suffisant pour faire sans trop d’efforts une bonne partie de la montée. Dans le second, il faut bien évaluer la pente qui se présente pour choisir le bon développement qui permettra de monter à un rythme régulier. Dans les deux cas, il faut éviter de caler au milieu car un redémarrage serait impossible !

À Saint-Pé-Saint-Simon (quel nom !), je m’arrête pour photographier cet ancien bâtiment typique avec école des garçons d’un côté, école des filles de l’autre, et la mairie entre les deux. Une dame âgée balayant son devant de porte s’approche et c’est elle qui engage la conversation. Elle est très bavarde et m’en apprendra beaucoup sur l’histoire de ce petit village qu’elle connaît très bien en tant qu’ancienne secrétaire de mairie. Il ne reste aujourd’hui que 200 habitants dans cette commune, l’école est fermée depuis longtemps, il n’y a plus aucuns commerces, et elle s’ennuie un peu depuis qu’elle a renoncé à conduire.

De Sos à Mézin, l’itinéraire longe la vallée d’une habituellement petite rivière tranquille, la Gélise. Mais, après les orages de dimanche, elle coule aujourd’hui à flots en débordant de son lit. Un passage sur route inondée m’obligera à pédaler dans 30 centimètres d’eau boueuse, en mouillant et salissant mes éternelles sandales et le bas des sacoches. Ensuite on reste dans la vallée, un peu à distance de la rivière mais en empruntant une mauvaise piste forestière comportant quelques passages boueux délicats à négocier.

C’est là que je rencontre un pauvre cycliste dont la roue avant vient de crever. Il a heureusement tout ce qu’il faut pour réparer et je reste à discuter avec lui le temps qu’il s’exécute. Il est parti comme moi de Bordeaux, où il habite, pour faire une boucle d’une semaine plus courte que la mienne, sans descendre jusqu’à Bayonne et sans remonter plus haut que le bassin d’Arcachon. Mais il en a un peu marre et ne pensait pas que c’était comme ça (sic) !

À Mézin, qui est un joli petit village, je fais enfin une pause pour une formule petit-déjeuner : un pain au chocolat, un jus de pomme et un café. Cela repose un peu car j’étais arrivé là avec les bras tremblotants et les fesses endolories suite au passage sur la piste défoncée. En repartant, je fais une nouvelle rencontre, celle d’un marcheur tirant derrière lui un chariot de randonnée. Parti d’Angers il y a deux semaines, il veut atteindre Lourdes dans le cadre d’un pèlerinage personnel (re-sic). Mais, suite aux mauvaises conditions météorologiques, il a déjà songé plusieurs fois à abandonner.

Entre Mézin et Baraste, je commets une erreur de parcours dont je prendrai conscience trop tard pour faire demi-tour. Je ne saurai jamais s’il faut l’attribuer à une inattention de ma part ou à un défaut de la signalétique, mais ce n’est pas bien grave : je me retrouve sur une départementale toute droite sur laquelle je vais prendre plaisir à pédaler à bonne allure pendant une dizaine de kilomètres, avec une circulation qui n’est pas trop dense et des voitures qui font de larges écarts pour me doubler.

À Baraste, je fais ma pause-déjeuner au bar du village qui propose à toute heure des planches de charcuterie/fromage. Accompagné d’une bière, cela me conviendra fort bien. En déjeunant, je m’étonne du nombre important de gros camions qui traversent ce petit village. Le patron m’explique qu’ils passent par ici parce que les chauffeurs trouvent que l’autoroute est trop chère. Il est évident que ses passages incessants constituent nuisances et dangers pour la population.

Après Baraste, il ne me reste plus qu’une dizaine de kilomètres pour rejoindre le canal de la Garonne. Je traverse de part en part la bastide de Vianne dont les remparts, les tours d’angles et les quatre portes sont étonnamment bien conservés. La Gélise a rejoint la Baïse et leurs eaux rassemblées donnent à voir des flots tumultueux totalement incompatibles avec une navigation habituellement possible sur ce dernier tronçon avant la confluence avec la Garonne.

Les derniers kilomètres le long du canal, en passant par le port de Buzet-sur-Baïse, me donne un avant-goût de mon parcours de demain et je suis ce soir en demi-pension dans un hôtel à Damazan. Deux amis, Christine et Michel, vont venir en voiture depuis Toulouse pour passer avec moi une soirée qui sera bien différente de mon ordinaire. Tout va encore bien…


La trace du jour




Mairie et écoles de filles et de garçons à Saint-Pé-Saint-Simon



Au sortir de la zone inondée


Dans la boue


À Mézin


L’église de Mézin



La Gélise




La Baïse



Porte d’entrée dans la bastide de Vianne


Église Saint-Christophe de Vianne


Port de Damazan 


Commentaire

Françoise

Toi qui aime bien te baigner, tu as le choix des bains de boue pour soigner tes articulations !


Etape 13 - Mardi 11 juin - de Damazan à Fontet - 51 km

Très agréable soirée hier avec mes amis Christine et Michel. On échange des nouvelles des uns et des autres, et de nos amis communs. Et le dîner de la formule demi-pension de l’hôtel est tout à fait correct avec suffisamment de choix. En plat principal, on commande tous les trois la bavette, saignante pour Christine, bleue pour Michel et moi. Comme d’habitude, elles seront servies respectivement à point et saignantes ! Mais c’est de la bonne viande, même si elle provient d’Angleterre ! Je parviens à payer la bouteille de Buzet, mais Michel arrivera sournoisement à prendre à son compte mon verre d’Armagnac XO, catégorie supérieure au VSOP, offrant un parfum et au goût sublimes. Merci à lui. Et à eux deux pour ce beau moment de partage.

Ce matin, après le petit-déjeuner pris à l’hôtel, mes amis me suivent en voiture jusqu’au départ de la voie verte. Dernières photos et embrassades. On se dit au revoir, mais on ne sait pas quand on se reverra… Et me voilà reparti pour une étape courte et facile, entièrement le long du canal sur l’ancien chemin de halage. Le revêtement est ancien et un peu dégradé, ce qui oblige à rouler à une allure modérée. Après mon pédalage un peu rude de la veille, cela me convient fort bien !

Les platanes restent une valeur sûre en matière d’esthétique. Ici, ils n’ont pas été atteints par la maladie, contrairement à d’autres secteurs où il a fallu les élaguer sévèrement, voire les supprimer. Une taille ancienne, pratiquée à environ 6 mètres, fait que leur tronc se ramifie à cette hauteur en plusieurs branches. Les plus grosses se dressent vers le ciel, mais les plus frêles retombent en direction du canal en abritant joliment la voie verte.

Il n’y a pas que les platanes. La rive opposée à celle du halage est souvent plus sauvage, avec de beaux arbres aussi : des aulnes en grand nombre, mais aussi des ormes et des chênes. Certains dominent majestueusement tandis que le feuillage des plus petits vient caresser les eaux du canal. Bel effet, vraiment ! Et puis, dans la zone humide plus ou moins vaste entre le canal et la Garonne, on voit des plantations de peupliers à différents stades de leurs développements.

Autre attrait visuel : les graminées et petites fleurs qui colonisent la bande herbeuse entre le chemin et le canal. Je ne les connais pas bien, mais certains noms vulgaires, lus sur un panneau dressant l’inventaire floristique de ce milieu, me ravissent : herbes aux anges, aux teigneux, aux verrues ! Plus naïvement, je trouve que chacune a son charme et j’essaie de les photographier au mieux.

En milieu de matinée, une chose finit par m’intriguer : je ne vois aucune circulation de plaisanciers sur le canal et les haltes nautiques sont désertiques ! Cela me fait un sujet de conversation pour aborder un promeneur qui va tout m’expliquer. En février, pendant une tempête, un platane s’est abattu sur un de ces ponts en béton tous identiques qui enjambent le canal. Un des arceaux a été endommagé et la structure ébranlée au point de menacer le pont d’effondrement. Du coup, les bateaux, qu’ils viennent de Toulouse ou de Bordeaux, doivent faire demi-tour à cet endroit.

Quelques kilomètres plus loin, je vais constater le chose de visu. Le pont ne me paraît pas prêt de s’effondrer, du moins pas plus que tous les autres qui semblent en mauvais état ! Mais les autorités ont ouvert leur parapluie et traînent à trouver une solution. Ce "Canal des deux mers" ne permet donc pas en ce moment de les relier et perd ainsi une grande partie de son intérêt. Plus gênant pour moi, toutes les guinguettes, que l’on trouve habituellement aux écluses ou aux haltes nautiques, sont fermées !

Je continuerai donc à rouler jusqu’au niveau de Meilhan-sur-Garonne où j’accède au village par un raidillon casse-pattes, accomplissant ainsi mon seul effort de la journée. Le seul restaurant du bourg est lui aussi fermé, mais l’épicerie est ouverte. Je vais m’y acheter une barquette de pâtes au surimi et deux mini sandwichs au poulet, avec une Leffe blonde et des couverts en bois. Et l’épicier sympa me laissera m’installer sur une table sous le store de sa boutique pour une bonne dégustation !

Ayant accompli l’essentiel de mon parcours, je fais pour terminer deux petits détours. Le premier pour aller voir de près la Garonne : comme attendu, ses eaux boueuses coulent de bord en bord et même en débordant un peu. Le second pour me rendre au gros port fluvial de Fontet : il y a beaucoup de bateaux mais aucuns plaisanciers et le bar n’ouvrira qu’à 18 heures.

Je suis ce soir pour la première fois (il était temps !) dans une chambre d’hôtes faisant table d’hôtes. L’accueil a été très sympathique. Tout va encore bien…


La trace du jour 


À table hier soir avec Christine et Michel


Au départ ce matin 






Plantation de peupliers 






Ça drague !


Le pont abimé 


Vue sur la vallée depuis le belvédère de Meilhan-sur-Garonne




Le port de Fontet


Commentaires

Françoise

Cette année, tu n'auras pas souffert de la chaleur et la nature t'aura offert ses plus belles parures puisque, pour le moment, l'eau ne manque pas. Et dire que dans 10 jours, les nuits rallongent et je n'ai pas encore profité de ma terrasse ! Bonne nuit.

Huguette B.

Hello Marcavelo ! Toujours un plaisir de suivre ton épopée cycliste. Merci de nous faire découvrir cette belle région by proxy et de nous faire saliver... Tiembo le rythme ! Ou koné in vélo i tien pas tou seul é goni vid i tien pas deboute. Ek sa in ti kognac pou redress le corps ! Ni artrouv ! A plus. Take care.


Etape 14 - Mercredi 12 juin - de Fontet à Créon - 58 km

J’ai passé hier une deuxième soirée avec Christine et Michel, puisque c’est ainsi que se prénomment les propriétaires de ma maison d’hôtes ! Et avec aussi Anne-Marie et Alain, un couple de vrais cyclistes super bien équipés roulant sur VAE ultra légers et portant cuissardes. Rien à voir avec moi ! Alain est un fana du vélo qui a fait dans sa jeunesse tous les grands cols de France. Aujourd’hui, vieillissant et un peu bedonnant, il fait du cyclotourisme assisté ek son madam.

Le dîner, de même que le petit-déjeuner ce matin, ont été très conviviaux, tout en simplicité, sans chichi, à l’image de la maison à la décoration un peu vieillotte et aux chambres dans leur jus. C’est Christine qui se charge de tout, Alain restant absorbé par la télé ou par des lectures. Christine, de même qu’Anne-Marie, sont des profs d’histoire-géographie à la retraite et des conversations intéressantes peuvent s’engager avec elles, bien plus qu’avec Alain.

Ce matin, je rejoins rapidement La Réole et accède à la ville haute, à partir des quais de la Garonne, par un ascenseur ! On y trouve de vieilles maisons à colombages et encorbellement du plus bel effet. J’y rencontre un marchand ambulant qui a obtenu l’autorisation d’installer en bord de rue son petit étal. Il essaie de me vendre un chargeur solaire pour smartphone. Je décline son offre, mais c’est un truc auquel je réfléchirai pour l’avenir.

Ensuite, comme je le savais, je vais en baver jusqu’à Sauveterre-de-Guyenne. J’ai maintenant rejoins l’itinéraire du Tour de Gironde qui, pour éviter la départementale reliant directement les deux villes en 14 kilomètres, emprunte de petites routes en augmentant la distance de 5 bons kilomètres. Et surtout le vallonnement est ici très marqué. J’use à nouveau de mes stratégies éprouvées pour affronter les montées, mais, cette fois, je devrai terminer plusieurs côtes en rétrogradant jusqu’au plus petit développement, en tirant des bords et en faisant appel à ma fierté pour ne pas mettre pieds à terre.

Mais, foin de la difficulté ! La récompense est dans les panoramas qui se présentent au sommet de ces côtes où une pause s’impose. On domine un paysage composé de forêts, de vignes et de prés. Ces derniers sont occupés par des chevaux ou des moutons, parfois curieusement rassemblés dans le même enclos. Et je rencontre deux vignerons qui parcourent leur parcelle avec une magnifique carriole restaurée et tirée par un cheval.

Sauveterre est une bastide, traditionnellement construite en orthogonal autour de sa place centrale avec ses quatre portes bien préservées, les remparts ayant été en revanche démantelés. Je parcours quelques petites rues avant de m’installer au restaurant des Arcades pour déguster une dernière salade landaise très copieuse accompagnée d’une bonne bière blonde.

Cet après-midi, je m’attendais à un parcours tranquille sur la piste Roger Lapébie du nom d’un grand coureur cycliste girondin très populaire et notamment vainqueur du Tour de France en 1937. Mais, si cette voie cyclable aménagée sur une ancienne ligne de chemin de fer, est de très bonne qualité, avec un revêtement bien lisse, elle est constituée d’une succession de longs faux-plats dont les montants (incontestablement plus longs que les descendants !) demandent un pédalage continu et soutenu.

Cependant, comme ce matin, le plaisir est bien là avec une alternance de passages en sous-bois et de traversées du plateau de l’Entre-deux-Mers occupé par le vignoble du même nom. Et puis j’aime bien aussi retrouver les traces du patrimoine ferroviaire, les ponts, tunnels, anciennes gares et maisons de garde-barrière. Et, à La Sauve, j’apprécie une intéressante exposition de vieux wagons de voyageurs ou de marchandises.

En résumé, ce fut aujourd’hui une belle étape, accomplie sous le soleil, mais un peu éprouvante physiquement. Je suis ce soir en hôtel à Créon avec un bistrot-restaurant juste à côté où j’irai dîner dans un instant. Et il ne me reste plus que 25 kilomètres pour atteindre Bordeaux demain. Tout va encore bien…


La trace du jour


La Garonne à La Réole


Le pont de La Réole sur la Garonne


L’ascenseur 


L’église de La Réole


À La Réole


Maison à colombages et encorbellement 




Une des portes de Sauveterre 


L’église de Sauveterre



Sur la voie Roger Lapébie


Vignoble de l’Entre-deux-Mers







Ancienne gare de La Sauve


Commentaires

Jacques

A priori avec le smartphone, j’ai réussi à accéder à nouveau au blog, alors je quitte la solution mail.
Bonsoir Marc,
L’étape paraît bien sympathique et son dénivelé confirme tes commentaires avec ce brin d'orgueil qui se termine en fierté de n’avoir pas mis le pied à terre. Les images témoignent de la variété du parcours. Le soleil, au rendez-vous, est la cerise sur le gâteau. Malgré les efforts le genoux à tenu, juste récompense pour celui qui a cru à son étoile. Sans crier victoire je suis ravi d’avoir pu t’accompagner et te remercie pour les découvertes que tu m’as permis de réaliser. 
Pourtant je suis souvent venu dans la région et, en regardant la carte routière chaque jour, j’ai maintes fois retrouvé des noms de villes ou villages que j’ai traversé ou côtoyé. Reste ma petite frustration, n’avoir pas pu venir te voir avec Hélène comme l'année dernière à Sedan et relever le challenge d’un lieu de restauration plus sympathique.
Bonne dernière mini-étape, sachant que Bordeaux, si tu ne la connais pas, reste une ville agréable à découvrir.

Françoise

Ma petite récréation du soir semble arriver bientôt à son terme. Aujourd'hui, tu as dû apprécier d'avoir quelques jours d'entrainement derrière toi pour ce relief plus "tourmenté". Ça me rappelle le seul circuit à mon palmarès entre Dreux et Saint-Malo où on m'avait "gentiment" dit "Tu verras, c'est plat", sauf qu'il y avait le Perche à traverser ! Bonne nuit réparatrice.


Etape 15 - Jeudi 13 juin - de Créon à Bordeaux - 28 km

Hier soir, au « Bistro Régent, le restaurant tout simplement », pour ne pas avoir de problème de cuisson, je choisis un steak tartare. Il est servi cru : aucune déception ! La part de vacherin sera également correcte. En revanche, ni les 15 cl de Pessac-Léognan, ni les 4 cl réglementaires d’Armagnac ne me donneront pleine satisfaction au regard de mes dégustations antérieures.

Ce matin, petit-déjeuner basique et vite expédié à l’hôtel. Il n’y a que des hommes dans la salles, deux ouvriers en tenue de chantier, les autres étant sans doute des commerciaux. Chacun regarde la télé, en ne comprenant sans doute plus rien à la politique, quel que soit son bord. Aucun échange, sauf un « bonne journée » lancé à tous en quittant les lieux.

Et me voilà parti pour ma dernière mini étape, sous le soleil. Sur les premiers 15 kilomètres, j’emprunte comme hier après-midi la piste Lapébie. Ce tronçon est plutôt descendant et presque en totalité immergé dans une forêt de feuillus très variée. Les frênes et les chênes s’élancent vers le ciel tandis que, dans les zones humides, les aulnes et les saules gardent des tailles plus modestes. C’est très plaisant avec en plus le chant permanent des oiseaux et l’observation furtive d’un écureuil.

La piste Lapébie prend brutalement fin 10 kilomètres avant Bordeaux et l’itinéraire du Tour de Gironde me conduit à rejoindre la Garonne, abandonnée hier matin, pour la longer jusqu’à la ville. On ne se trouve pas sur un quai, mais sur une petite route sans circulation automobile et séparée du fleuve par une petite bande boisée. Des pontons conduisent à des cahuttes de pêcheurs, mais ils sont privés et bien barricadés. Heureusement, je finirai par trouver une passerelle métallique qui me conduira à un joli point d’observation.

La toute fin du parcours devient nettement moins agréable avec à ma droite, de même que sur l’autre rive de la Garonne, des zones d’entrepôts sans intérêt visuel ! Un court passage est cependant aménagé sous une voûte fleurie avec de belles glycines. Pour rejoindre le centre-ville, je traverse le large fleuve sur le Pont de Pierre à l’architecture très esthétique et maintenant réservé au trams, bus, vélos et piétons.

Je me pose à la terrasse d’un café pour écrire le début de cet article avant de déambuler un peu dans la ville et de rendre mon vélo. Et pour finir je me rends dans le même petit restaurant, au fond de son passage secret, où tout avait commencé il y a exactement deux semaines. Je me contente d’un tartare de saumon et donne une seconde chance au pâtissier pour la tarte au citron meringuée : aucun progrès ! Et voilà, la boucle est vraiment bouclée !

Cet après-midi, un ami, Philippe, habitant en banlieue bordelaise, viendra me chercher en voiture. Je me laisserai guider pour visiter un peu Bordeaux, passerai chez lui la soirée et la nuit et il me déposera demain à la gare Saint-Jean où je prendrai un TGV, puis un TER, puis un bus pour aller rendre visite pour quelques jours à ma famille sarthoise. Fini le vélo !

Mais pas tout à fait fini ce journal : il me restera à écrire un dernier article pour dresser le bilan de mon périple…


La mini trace du jour



Le lavoir de Lignan






Les cahuttes de pêcheurs 



Sous les glycines 



Le Pont de Pierre pour le tram, les bus, les vélos et les piétons 



Le petit train pour visiter le centre-ville de Bordeaux 


La cathédrale de Bordeaux 



Le tram dans Bordeaux 



Commentaires

Colette

Te voilà au bout de ton périple, tant de kms parcourus, en "sandales", sur ton fier et fidèle vélo qui ne t'a pas lâché... Et toi tu as tenu bon ! OUF !
Ton journal, toujours aussi captivant, teinté d'humour, nourri d'expériences, de réflexions...
Un beau partage et de magnifiques photos tout au long d'une région qui m'était totalement inconnue. Un vrai plaisir, de belles découvertes. Merci pour tout.
Belle soirée bordelaise avec Philippe. Bonne semaine avec ta famille de La Flèche et à bientôt, "nu artrouve".
Bises de l'Etang Salé. Ton "ennemi" a fait rage dans le sud aujourd'hui.

Jacques

Tout à une fin.
Merci Marc de nous avoir permis de parcourir une nouvelle région, avec cette particularité de la vivre différemment car les chemins parcourus ne sont pas communs. De belles images souvent et ce sentiment d’avoir vécu ce périple à côté de toi, comme assis sur la selle, en partageant tes émotions. Les efforts, mine de rien, on les ressent tout en partageant les rencontres et la vie quotidienne.
Une inquiétude aussi, vite oubliée en ce qui me concerne, connaissant ta force de caractère. Alors oui, parfois la chance sourit aussi.
Sur l’étape je retiendrais le petit écureuil, dommage que ton observation furtive de cette charmante bestiole ne t’ait pas permis de la ramener en image à ta petite fille à défaut de lièvre, tu lui aurais fait un sacré cadeau. J’imaginais au début de ton périple que tu aurais cette chance.
Alors à la prochaine, non pas étape mais escapade avec la permission de Marie-Claude qui devait être bien plus inquiète de te voir partir avec ce qui t'était arrivé quelques journées avant.

Françoise

Et voilà, ton périple vélocipédique se termine au moment où je boucle ma valise pour, à nouveau, frôler le cercle polaire. Je me sentirai moins triste de ne plus te suivre chaque soir puisque pas chez moi. C'est un vrai bonheur de te lire, de revivre des souvenirs à travers tes photos, et surtout de te savoir toujours suffisamment en forme pour t'offrir ce périple annuel. Bon séjour avec ta famille avant ton retour auprès de ta et de notre chère Marie-Claude. Peut-être l'an prochain, choisiras-tu le canal du midi pour que j'aille te soutenir le temps d'une soirée. Très grosses bises.

Marie-Claude

BRAVO Marc ! Tu l'as fait. Tu as pédalé tes kilomètres jusqu'au bout. Tu as déroulé les Vélodycée, pistes, routes et paysages des Landes et de la Gironde. Deux belles semaines. Libre comme ton vélo. Heureux comme au pied de ton arbre (photo) à méditer le chemin parcouru et penser la suite. Penser le monde aussi. Et nous aussi, ici, dans notre lointain Océan Indien.
Je suis contente pour toi. Pour tout. Pour ce périple annuel et solitaire qui te fait découvrir la France des régions, celle que tu n'as pu connaître pendant ta jeunesse à Varennes-Jarcy, pour moi, l'un des plus jolis lieux de France.
Chaque jour j'ai attendu mon Journal avec ses photos du jour. Avec la même curiosité car la piste n'est jamais la même, ni les villages, rencontres, feuillages et remous des eaux et des nuages. Ni les tables garnies…
Merci pour ce voyage, pour moi, à travers les mots et les images qui m'ont fait partager ton quotidien de cycliste mesuré et audacieux à la fois.
Voilà ton périple achevé. Après le temps des grands espaces, vient le retour au nid pour l'oiseau migrateur entre deux mondes toujours.
Not kaz lé la. Toujours là. 
PS. Merci aussi à vous tous qui, par votre présence et messages, avez accompagné Marc dans son périple. Et moi aussi.


Le bilan - Dimanche 16 juin 2024

J’ai un peu procrastiné pour écrire cet article. C’est que, après mon arrivée à Bordeaux, l’influx nerveux, qui m’avait propulsé pendant deux semaines, est brutalement retombé : je me suis senti vidé de corps et d’esprit ! Et puis j’ai enchaîné avec un bon moment passé en compagnie de Philippe (merci à lui), une éprouvante journée dans les transports pendant laquelle la vitesse du TGV et le tintamarre dans les gares m’ont étourdi, et maintenant des retrouvailles familiales.

En cherchant un mot pour qualifier mon aventure, j’ai trouvé « régal » !

Régal de l’effort physique pour lui-même, presque bestial, consistant à simplement pédaler. En totalisant les distances parcourues lors des 15 étapes, j’obtiens 985 kilomètres, ce qui fait une moyenne quotidienne d’environ 70 kilomètres, en comptant 14 jours de pédalage car la première et la dernière étapes se sont déroulées sur des demi-journées. C’est plus que pour mes précédents périples et j’en déduis que l’amaigrissement a fait plus que compenser le vieillissement !

Régal particulier des espaces forestiers qui occupent une si grande part des territoires traversés, avec une grande diversité. L’immense forêt de pins maritimes du littoral océanique ne m’a pas semblé si monotone et surtout j’ai adoré les parties couvertes de feuillus, spécialement dans les zones humides, où on ressent une atmosphère particulière, et aux bords des routes ou canaux avec les rangées de chênes ou de platanes. Et ces forêts m’ont aussi charmé avec le chant de leurs oiseaux et l’apparition furtive de quelques animaux : trois écureuils, deux faons et le lapin pour Élise !

Mais régal également des autres paysages, eux aussi très variés : les champs de blé, de maïs ou de colza, les prés à vaches, chevaux ou moutons, les vignes du Médoc, des Côtes de Blaye ou de l’Entre-deux-Mers, les marais des bords de l’estuaire de la Gironde, les lacs plus ou moins grands enclavés dans la forêt landaise. J’ajouterai plus précisément quelques coups de cœur : les carrelets, les falaises de Meschers, les abords du bassin d’Arcachon, la dune du Pilat, les rives de l’Adour, le canal de la Garonne.

Régal des fleurs, les champêtres des bordures de chemins comme les cultivées dans les jardins, sans oublier mes préférées : les coquelicots parsemant les champs de blé et les roses aux extrémités des rangs de vigne.

Régal des marchés, à Montalivet, Audenge et Dax, où j’ai pris plaisir à déambuler à l’extérieur d’étal en étal de fruits et légumes, en dégustant mon traditionnel euro de cerises, puis sous la halle où tellement de beaux produits font envie. Et me ravit aussi l’ambiance de ces marchés avec la gouaille des commerçants.

Régal des constructions des plus grandes cathédrales ou églises jusqu’aux plus petites cabanes de pêcheurs, en passant par les halles de marchés, les fermes barthaises transformées et les anciennes gares ou maisons de garde-barrière. Et je n’oublie pas les bastides avec les arcades de leur  place centrale, leurs caractéristiques quatre portes et leurs maisons à colombages. Ni deux belles villes visitées, Bayonne la colorée et Bordeaux la bourgeoise.

Régal des rencontres, même si elles furent relativement peu nombreuses cette fois, notamment avec les cyclistes trop pressés. En mettant à part la soirée à Damazan avec Christine et Michel, de même que celle avec Philippe à Bordeaux, je retiendrai l’accueil et les échanges à l’hôtel Cabareté de Capbreton ainsi qu’à la maison d’hôtes de Fontet, et les conversations avec le jeune couple de randonneurs bretons, le vieux monsieur du port de Biganos habitant dans une cabane de pêcheur, le cycliste bordelais crevé et mal engagé dans sa propre boucle, le pèlerin angevin tirant péniblement son chariot et surtout avec la secrétaire de mairie retraitée de Saint-Pé-Saint-Simon qui m’a tant fait penser à ma grand-mère.

Régal bien sûr des repas hors de mon ordinaire. Côté terre avec pluma de porc, ris de veau, joue de bœuf, confit de canard, andouillette et salade landaise. Côté mer avec huîtres, plateau de fruits de mer, moules, encornets (ou chiperons), anguilles et poissons (alose et lotte). Côté boissons avec vins rouges ou blancs des vignobles traversés en accompagnement des repas, verres de Cognac ou d’Armagnac en digestif et médicament, et bières blondes, Leffes ou Grimm, pour la soif.

Bref, une grande régalade ce nouveau périple, accompli sans pépins mécaniques pour le vélo, qui m’aura donné toute satisfaction à l’exception de son poids, ni physiques pour moi qui n’aurai pas ressenti plus de douleurs qu’à la case. Et la météo s’est finalement montrée favorable : on ne peut pas espérer mieux sur une quinzaine de jours avec seulement une demi-journée de pluie fine, des fraîcheurs matinales inattendues en ce début juin, et quelques apparitions de mon ennemi se présentant méchamment de face.

Merci à tous, famille et amis qui m’ont suivi, plus ou moins discrètement, et encouragé. Merci à Marie-Claude pour ce nouveau congé matrimonial. C’est bien fini et tout va bien.


Les traces assemblées des 15 étapes : 985 kilomètres


Commentaires

Françoise

Un régal tous les soirs pour moi aussi. Mille mercis pour tous ces partages Grosses bises et bon retour sur ton île dans quelques jours.

Jacques

Bonsoir Marc, 
Après ce riche périple et ce long parcours pour retrouver les tiens, et vivre la retrouvaille, normal d’avoir besoin d’un temps, en l'occurrence assez court pour synthétiser ton ressenti.
Moi, je dirais que tu t’es régalé dans la variété et je ne m'en étonne pas, connaissant assez bien cette grande région. Tu as parfaitement résumé et cité tout ce qui a fait la richesse de ton périple et, ayant été un fidèle accompagnateur, je ne doutais pas que tu puisses te réjouir de l’avoir réalisé, encombré pourtant des multiples incertitudes précédant le départ, et globalement épargné par la météo.
La chance accompagne les audacieux, et comme qui n’avance pas recule, te voilà doté d’une nouvelle expérience qui t’enrichit personnellement, avec ce savoir faire de la partager qui doit te convaincre que cela a été aussi un régal pour ceux qui t’accompagnent.
Alors à la prochaine, et merci Marie-Claude de savoir "partager" ton homme pour vivre à distance ce plaisir d’être "ensemble" grâce à Marcavelo.


Commentaires

  1. Bravo Marc pour ton récit- feuilleton qui fait voyager et donne envie .merci pour le partage de cet aventure originale qui donne à découvrir des régions françaises mal connues.

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