La Normandie à vélo - Étape 6

Lundi 26 mai - de Vire à Domfront - 76 km

Hier soir, dîner en solitaire en chambre : une pizza reine (bonne, mais je n’en viendrai pas à bout), une pression et un gâteau au chocolat. Pas très diététique, surtout après la tartine du midi. Je parviens ensuite à faire passer quelques photos sur mon blog, procédure qui avait échoué auparavant. Mon blog bogue ! Ensuite, assez mauvais début de nuit comme souvent et réveil tardif ce matin à 6h30. Petit-déjeuner rapide à l’hôtel et départ pour une plutôt longue étape, mais qui sera belle et facile, et accomplie sous le soleil le matin, sous les nuages l’après-midi mais sans pluie.

Je n’entre pas dans la ville de Vire que la véloroute permet de contourner en restant sur des pistes cyclables bien sécurisées. Je traverse la banlieue pavillonnaire. Les maisons sont assez cossues, les cours arborées, les gazons bien tondues. Et, en une trentaine de minutes, je rejoins la voie verte qui est le prolongement de celle suivie hier après-midi en fin d’étape. Pour la suite de la journée, mon parcours va s’effectuer à 95% sur voies vertes. Après les difficultés d’hier,  ça me convient très bien, d’autant que c’est tout à fait agréable, avec une alternance entre passages bordés d’arbres et d’autres ouverts sur la campagne environnante. 

Les arbres sont des feuillus de toutes espèces, chênes, hêtres, érables, frênes, etc. Et aussi des acacias. Je me méfie de leurs épines qui pourraient être tombées sur la voie et entraîner une crevaison. Mais ils sont en fleurs, ce qui me procure un  double plaisir sensoriel, pour la vue et pour le goût ! Je parviens en effet à cueillir quelques grappes et me délecte de leurs fleurs mangées une à une. Comme je l’avais déjà ressenti, je trouve que je goût est proche de celui de nos longanis réunionnais.

Avec ces grappes, maman nous faisait des beignets. Ce souvenir d’enfance me plonge dans le passé et immanquablement mon esprit se tourne vers mes chers disparus, pour certains partis trop tôt. Je sollicite ma mémoire pour retrouver, pour chacun d’eux, quelques moments heureux partagés. Jusqu’à ce que me vienne cette malhonnête pensée que je pédalerais pour eux. Là je déraille, ce qu’il vaut mieux éviter de faire à vélo !

Sur ce type de parcours, je roule en général cool, les bras tendus, le tronc droit pour profiter du paysage, en m’inspirant d’un adage revisité selon lequel qui veut voyager loin modère son allure ! Mais, par moment, dans les parties rectilignes un peu monotones, j’éprouve le besoin de foncer : je passe sur un plus grand développement, prend la posture d’un coureur et pédale en allant presque jusqu’au maximum de mes possibilités. C’est le pur plaisir de l’effort, ça réchauffe un peu car il fait frais et ça permet d’avancer car l’heure tourne.

Au niveau de Sourdeval, je fais un petit écart vers le village pour m’acheter un pique-nique à manger plus loin. Au sortir de la boulangerie, alors que je m’apprête à faire une photo de l’imposante église, un monsieur d’une soixantaine d’années m’interpelle : ah, enfin un vrai cycliste ! C’est que, comme moi, il est réfractaire à l’assistance électrique. On discutera un bon moment : j’apprendrai qu’il fait lui même du vélo, qu’il est membre d’un club qui organise des sorties de plusieurs jours, qu’il est allé plusieurs fois à La Réunion où son fils a travaillé. Et j’en passe beaucoup ! Il finira par proposer de me photographier. Impossible de refuser, même avec l’église en arrière-plan !

Autre rencontre plus loin, mais c’est cette fois moi qui engage la conversation. Avec un monsieur, d’une soixantaine d’années lui-aussi, qui travaille dans son potager à l’arrière de l’ancienne maison de garde-barrière restaurée et agrandie dont il est propriétaire. Je le complimente sur son jardin qui comporte salades, oignons verts, fraises, pommes de terre, artichauts, etc. On causera un bon quart d’heure et il me donnera surtout beaucoup d’informations sur l’histoire de l’ancienne voie ferrée, sa mère ayant été garde-barrière.

Aujourd’hui, il n’y a plus de garde ni de barrières et les cyclistes, qui remplacent les trains, n’ont pas la priorité à ces passages à niveau. Ce sont les seuls endroits où il faut être vigilants car les voitures arrivent parfois à vive allure et la visibilité est souvent mauvaise avec la maison en bord de rue. Comme j’ai promis d’être prudent, je marque bien les stops et fais très attention !

Aux abords de Mortain, le bocage se fait plus vallonné et il faut négocier quelques faux-plats, les montants semblant toujours plus raides et plus nombreux que les descendants ! Je ne monte pas vers le centre-ville et me dispense aussi d’un détour vers la Grande Cascade, car ces deux lieux me sont déjà connus. J’avais même dormi à Mortain lors de mon périple « Entre Loire et Manche à vélo » (article toujours présent sur mon blog).

Et j’en termine au sud de Mortain et à midi avec la Vélomaritime, que je suivais depuis mon départ de Caen. J’effectue un virage à 90 degrés à gauche en rejoignant la Véloscénie que je vais emprunter pendant plusieurs jours jusqu’à Chartres. Mais cela ne change rien pour cet après-midi car le tronçon de cette nouvelle véloroute jusqu’à Domfront est de nouveau une voie verte, ancienne voie ferrée, tout à fait semblable à celle du matin.

Je fais ma pause-déjeuner sur une aire de pique-nique : un sandwich, un sablé, et à l’eau ! Au redémarrage, je me fais doubler par un couple de cyclistes. Piqué au vif, je les prends comme lièvres. Je les ai en ligne de mire, parviens un temps à maintenir l’écart, mais je ne les rejoindrai qu’à la faveur de leur arrêt pour charger les vélos sur les porte-vélos de leur voiture. C’est que ce sont des jeunes, avec seulement de petits sacs à dos pour poche à eau, et une assistance électrique pour madame ! Ils m’apprendront qu’ils s’entraînent pour se lancer en juillet dans une itinérance de plusieurs

Je suis ce soir à Domfront dans un hôtel dont le restaurant est fermé le lundi soir, après celui d’hier dont le restaurant était fermé le dimanche soir ! Mais la réceptionniste m’a indiqué un restaurant tout proche où je vais me rendre à pieds pour me payer enfin un vrai repas.

La trace du jour 

La voie bordée d’acacias fleuris

Grappes de fleurs d’acacias 


L’église de Sourdeval




Ancienne maison de garde-barrière 


Des vaches…

Des cabris

Ancienne gare

Très maigre pique-nique !

Invitation à Élise

Voie bordée de bouleaux 


Commentaires

  1. Les km augmentent et le texte aussi! Mais les repas ne semblent pas à la hauteur de ces prouesses physiques et littéraires. Bon pédalage demain pour qui tu voudras ...bises Christine
    .

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  2. Privé d’images (une seule) sur l’ordi, mais pas sur le smartphone, tout va pour le mieux. Toujours a l’affût de rencontres pour enrichir le vécu de sorte à aller au-delà du pédalage même si ce dernier reste un liethmotive puisque trouver le moyen d’aller plus vite, c’est se prouver que l’on a de beaux restes.
    Moi, je me suis intéressé à l’acacia
    Je le connaissais sous un angle rébarbatif avec ses épines et ses feuilles qui m’envahissaient à l’automne. J’ai galeré pour m’en débarrasser, des repousses après un tronçonnage sévère, un bois très dur, et seul un foyer entretenu sur plusieurs jour m’à permis en venir à bout. J’ai donc découvert que ses fleurs sont comestibles, avec un goût de là-bas . C’est avec plaisir que j’ai parcouru attentivement et emotionnellement tes souvenirs familiaux.
    Ravi que temps est semble-t-il bien meilleur que ne laisse présager la météo nationale, sauf la fraîcheur qui m’etonne guère .
    Attention quand même aux jours prochains.
    Pour l’heure, les jours s’égrennent agréablement, c’est l’essentiel.
    Gustativement cela pourrait être mieux, te connaissant davantage.
    Rien n’est perdu, le parcours est encore long.
    Jacques

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  3. Aurais tu coucher à l'hôtel de France à Domfront ? C'est là que nous avions fait étape avec Michèle lors de notre tour du Cotentin. Nous lisons tous les soirs avec grand intérêt tes prouesses journalières, surtout au niveau des pique-niques. Nous ne sommes pas habitués à te voir déjeuner si peu. Où est la bouteille de vin qui nous accompagnait lors de nos pique-niques d'antan. Très bonne continuation.
    François et Michèle

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  4. Rares sont tes moments de confidences intimes. Ils m'ont beaucoup émue, peut-être à cause de la période que je viens de passer.Ton récit et le paysage que tu côtoies sont très romantiques, serait-ce que l'esprit de George Sand s'étend jusque sur ton chemin? J'espère que tu te seras régalé au restaurant. A très vite avec impatience Grosses bises

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